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DE LÉON X ET DE FRANÇOIS Ior.

EN 1515, première année du règne de François Ier, ce prince, quoique vainqueur à Marignan (les 13 et 14 septembre), et possesseur du Milanais par suite de cette victoire, sentit la nécessité de faire sa paix avec le Pape Léon X, qui le désirait également. Ces deux souverains eurent, au mois de décembre, une conférence à Bologne, où furent jetés les fondemens du Concordat en question. Laurent de Médicis avait indiqué, comme de lui-même, la ville de Bologne appartenante au Pape pour le lieu du rendez-vous. Je vais laisser raconter à Velly les détails de cette

entrevue.

<< Léon X arriva le premier à Bologne. Le magnifique Julien son frère, Jean Jourdain des Ursins, et un grand nombre de barons romains, s'avancèrent au-devant du monarque jusque sur les terres du duché de Milan, et se mêlèrent dans la foule des seigneurs français: les sénateurs de Bologne, les officiers domestiques du Saint-Père, vingt-deux cardinaux, vêtus pontificalement, le

reçurent aux portes de la ville, et le conduisirent, parmi les acclamations, dans le palais où logeait le Pontife. Après un magnifique repas, François Ier, vêtu d'une longue robe de drap d'or, fourrée de martes zibelines, accompagné du connétable, des ducs de Vendôme et de Lorraine, du comte de Saint-Pol, du prince de La Rochesur-Yon, du chancelier, du vieux La Trémouille, du maréchal de Lautrec et de Gouffier-Boisi, grand-maître de France, tous vêtus de drap d'or, entra dans une salle où Léon se tenait assis, en habits pontificaux, la tiare sur la tête, et entouré des ambassadeurs de toutes les puissances de l'Europe. François, conduit par le maître des cérémonies, se mit en devoir de lui baiser les pieds; mais Léon ne lui en donna pas le temps: il le serra dans ses bras, le baisa sur la bouche, et entendit la longue harangue du chancelier Duprat, qui roulait toute entière sur les louanges du Souverain Pontife et de la maison de Médicis. Après avoir embrassé une seconde fois le monarqué et tous les princes qui l'accompagnaient, Léon, le prenant par la main, le fit passer dans une chambre voisine où ils pussent s'entretenir sans un si grand nombre de témoins. Très-SaintPère, dit le Roi, ma première demande intéresse toute l'Eglise Gallicane. Je vous prie de

lui conserver la Pragmatique-Sanction, et de faire cesser les poursuites et appellations formées au Concile de Latran. - Mon Fils, répondit Léon, je ne pourrais, sans prévariquer, vous accorder une pareille demande : la Constitution dont vous parlez scandalise depuis longtemps l'Europe entière; et les Pères du Concile assemblés pour réformer l'Eglise, ne consentiraient jamais que je leur ótasse la connaissance d'une matière qui leur a été déférée par mon prédécesseur. Mais n'ayez à cet égard aucune inquiétude : j'ai à vous proposer un dédommagement qui vous prouvera à quel point vos intérêts me sont chers. Le Roi n'insista pas, car déjà l'on était convenu dans les négociations secrètes de remplacer la Pragmatique par le Concordat. Les principaux articles en étaient dressés. On nomma, pour y mettre la dernière main, les cardinaux d'Ancône et Santiquatro. >>

Voici l'analyse de ce Concordat, qui est en vingt-et-un titres; les dix-huit premiers furent arrêtés en 1516; le dix-neuvième, en 1517, et les vingtième et vingt-et-unième en 1518. Nous ne citerons que ce qu'il renferme de plus essentiel.

« Le premier article, entièrement contraire à << la Pragmatique, porte que les chapitres des << églises cathédrales de France ne feront plus à

« l'avenir l'élection de leurs prélats, lorsque le « siége sera vacant ; mais le Roi nommera

que

va

au Pape, dans l'espace de six mois, à compter << du jour de la vacance du siége, un docteur ou << licencié en théologie, âgé au moins de vingt-sept << ans, et que le Pape le pourvoira de l'Eglise <<< cante. Si le Roi ne nomme pas une personne «< capable, il en nommera une autre, trois mois « après en avoir été averti, à compter du jour du « refus; à défaut de quoi le Pape y pourvoira. « Ce même article réserve au Pape la nomination « des évêchés vacans in curia, c'est-à-dire, des «< bénéficiers qui meurent en cour de Romé, sans << attendre la nomination du Roi, déclarant nulles <<< toutes les élections qui se feraient au préjudice << de son droit, excepté toutefois les parens du Roi, <«<les personnes de qualité et les religieux men« dians d'une grande érudition, qui ne sont point « compris dans ce décret. Le même ordre est éta<< bli pour les abbayes et prieurés conventuels << vraiment électifs, à l'exception de l'âge, que l'on « réduit à vingt-trois ans. Que, si le Roi y nom<< mait un séculier ou un religieux qui ne fût pas « profès du même ordre, ou qui fût moins âgé, «<le Pape pourra lui refuser son approbation; et << il en usera de même qu'à l'égard des évêchés, « sans prétendre déroger aux permissions et pri

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«viléges particuliers accordés à quelques chapi<< tres ou couvens d'élire leurs évêques ou abbés.

« Le second article abroge toutes les grâces « expectatives, spéciales ou générales, et les ré<< serves pour les bénéfices qui vaqueront. «Nous « voulons et ordonnons, dit le Pape, que quant, « aux bénéfices qui viendront à vaquer dans le << royaume de France, dans le Dauphiné et dans « le comté de Bourgogne, on n'accorde aucune « grâce expectative, ni réserve spéciale ou géné-, << rale. Et s'il s'en accordait à l'avenir, et que nous «< ou nos successeurs fussions obligés de céder à <«<l'importunité, et d'accorder quelques-unes de «< ces grâces, nous les déclarons nulles et absolu«ment inutiles. » Le Pape, néanmoins, se ré<< serve le pouvoir de créer une prébende (1) théo<«<logale dans chaque église cathédrale ou collé«giale, que le collateur ordinaire sera obligé de << donner à un docteur, licencié ou bachelier « formé en théologie, qui ait étudié dix ans dans « une université, et qu'il y ait enseigné ou prêché; « que ce théologal fera des leçons au moins deux <«< fois la semaine, et sera censé présent à l'office,

(1) On appelle prébende une place dans un chapitre, par laquelle on a droit de jouir d'un certain revenu en argent ou en fruits.

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