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glaise. Cette circonstance est un trait de lumière qui justifie toutes les mesures prohibitives qui peuvent être prises à l'égard de la Suisse. Cette contrée n'est autre chose en ce moment que l'entrepôt des fabriques anglaises. Lorsqu'elle sera encombrée de ces denrées, il y aura peut-être aussi quelque moyen de faire subir un nouvel échec à nos ennemis. Comment le landamman n'est-il pas frappé des dangers auxquels il expose sa patrie? Qui défendrait Bâle d'une visite de l'armée française? Ce magistrat qui voit la contrebande s'orga niser en grand sous ses yeux, pense-t-il donc n'être pas responsable, si les Français considèrent des dépôts de marchandises prohibées faits avec une telle publicité et dans une si énorme quantité, comme un véritable acte d'hostilité? Si l'administration française multiplie les prohibitions entre la Suisse, la France et l'Italie, le landamman actuel n'en sera-t-il pas la cause, et toutes les plaintes que pourront faire les Suisses, ne seront-elles pas injustes et mal fondées ?

La Dalmatie est occupée par l'armée française. Elle est séparée des bouches du Cattaro par le territoire de la république de Raguse. Le pays est montagneux et les chemins sont difficiles. Les troupes françaises étaient déjà arrivées à Raguse lorsque le fort de Castel-Nuovo fut remis à trois cents Russes par le général Brady, qui commandait à deux mille Autrichiens. Ce général, anglais d'origine, a manqué à la France et a trahi son maître. A cette nouvelle, le maréchal Berthier a ordonné que la ville de Brannau, qui défend la frontière de 'Inn, et qui devait être remise le 1er. Avril, ne fût pas rendue et fût réarmée. Les corps de la grande armée, qui étaient en marche pour revenir en France, se sont arrêtés. Les prisonpier de guerre qui devaient être renvoyés en Allemagne ont été retenus jusqu'à nouvel ordre dans les lieux où ils se trouvaient. Cet outrage fait par la Russie aux armes et au pavillon de l'Autriche est d'autant plus inconcevable, que les Russes qui sont à Corfou ne s'approvisionnent que par les ports de Trieste et de Fiume, avec lesquels la libre communication n'a pas cessé de leur être permise. La cour de Vienne a ordonné que le général Brady soit arrêté et traduit à une commission militaire. Elle a témoigné son mécontentement à la Russie. Elle obtiendra que Castel-Nuovo et les bouches du Cataro soient remis à la France, sans avoir besoin de répondre par les armes à cette hostilité.

Les Russes ont évacué le Hanovre et sont retournés dans leur pays. L'armée que commandait l'empereur Alexandre est aussi rentrée en Russie. Après toutes les pertes qu'elle a éprouvées, il est très-naturel qu'elle recrute pour les réparer. Une partie des troops qui étaient à Corfou a repassé le Bosphore avec le général Lascy; une partie considérable de celles qui étaient en Pologne s'est dirigée sur Choczim et la Crimée. Le prestige favorable aux armées russes est dé

truit. L'armée française qui, en deux mois, a dissipé une troisième coalition, n'était alors que sur le pied de paix; après les trois mois qui se sont écoulés depuis, elle se trouve sur le pied de guerre. Elle n'aurait rien à craindre de toutes les forces de l'Europe; mais personne ne fera plus une quatrième coalition. L'Angleterre sait bien que ce serait de l'argent perdu; elle calcule avec effroi que la première coalition, qui a duré cinq ans, a donné la Hollande, la Belgique, le Rhin et la Cisalpine à la France; que la seconde, qui n'a duré que deux ans, a donné à la France le Piémont et la Suisse; que la troisième, qui a duré trois mois, lui a donné Venise, Naples et Gènes; que la moindre chose qu'elle pût obtenir d'une quatrième coalition, serait Trieste et Fiume, et l'exclusion à perpétuité des Anglais de tous les ports de l'Europe. La Russie revenue des vaines illusions qui l'avaient abusée, sait très-bien ce que peuvent trente millions d'homines répandus sur un ter ritoire immense, et ayant à s'opposer aux Persans, aux Turcs, aux Tartares, contre quarante millions de Français réunis sur un seul plateau, braves, actifs, intelligens, et plus capables de conquérir la Russie, que les Russes de conquérir la France. · Des ministres anglais, russes et sardes, et une poignée de mécontens de tous les pays avaient choisi Rome pour le centre de leurs intrigues; l'empereur a demandé qu'ils fussent chassés, et qu'un souverain situé dans son empire ne fît rien de contraire à la sûreté des armées de Naples et d'Italie. Le premier soin d'une armée doit toujours être de ne souffrir autour d'elle ni embauchage ni espionnage. Cette demande avait donné lieu à plusieurs consistoires, lorsque les hommes qui en étaient l'objet, se sont eux-mêmes reudu justice, et ont tous évacué Rome.

Les

Le royaume du Naples est entièrement conquis. troupes Françaises sont à Reggio, à Otrante, à Tarente, et il n'y a qu'un très-petit nombre de troupes napolitaines qui aient pu s'embarquer et parvenir dans la Sicile. Cette ile est aujourd'hui défendue par 4500 Anglais; la présence de tels ennemis n'est qu'un motif de plus pour y attirer les Français. Gaëte, petite place qui contient 1500 hommes de garnison, est assiégée.

Le victoire d'Austerlitz a produit autant d'effet à Constantinople qu'à Paris; la joie y a été sincère et générale. Le gouvernement de la Porte n'est ni ignorant ni vendu. Il peut y avoir, à Constantinople, quelques traitres, mais ils ne sont pas nombreux; tandis que les démarches multipliées de la Russie, pour saper les fondemens de ce vaste empire, n'ont point échappé aux véritables Ottomans, ils n'ignorent point que la protection de la France est seule efficace pour la Porte, que la France est seule intéressée à la protéger. Le voisinage des Français occupant la Dalmatie, a inspiré une vivé allégresse. L'empereur Napoléon a été reconnu comme empe FEBR2

reur. La Porte sait bien que son traité avec la Russie a été commandé par la force, et qu'il est bien plus un traité de suzerain à vassal, que de souverain à souverain; que ce ne sont pas les Français qui excitent les Grecs et les Serviens, qui tiennent des vaisseaux de guerre mouillés devant Constantinople, et qui trament sans cesse des soulèvemens dans la Morée. Cette nouvelle attitude de la Porte ne laisse pas que d'inspirer des inquiétudes à Saint Pétersbourg; et si la Porte prend de l'énergie contre la Russie, il n'y a pas entre ces deux empires la disposition qu'on peut supposer. Le Mussulman est brave, et pour peu qu'il fut dirigé et aidé, il triompherait des milices moscovites. Il n'est pas probable que la Porte veuille faire la guerre; mais elle a le droit de conserver son indépendance et de vouloir être à l'abri des insultes de M. Italinsky, dont toutes les démarches, quand il communique avec le divan, ne sont propres qu'à exciter l'indignation et la haine.

PARIS, le 21 April, 1806.

La gazette de Manheim, et les autres gazettes du Nord, toujours prêtes à accueillir toute espèce de faux bruits, fort aises surtout de trouver des occasions de communiquer à l'Europe leurs opinions fausses et ridicules sur la gigantesque puissance des Russes, représentent la Dalmatie comme envahie et une armée russe considérable comme réunie aux bouches du Cattaro; on fera probablement de meilleurs plans de campagne à Saint Pétersbourg. Si ce n'était que la France reat l'exécution des traités et tenir de l'Autriche les bouches da Cattaro, les Russes seraient déjà chassés, les Monténégriss mis à la raison, et la tranquillité rétablie; mais cette province doit être remise aux Français par les Autrichiens, et les Français ne la recevront que d'eux. Au reste, les bouches du Cattaro sont séparées de la Dalmatie par les états de Raguse, c'est-à-dire de plus de 30 lieues de pays, de manière que la possession de Cattaro n'a rien de commun avec celle de la Dalmatie. Les Français sont maîtres, de toute la Dalmatie et de l'Istrie où ils ont plus de 30,000 hommes. Les Russes ont en ce moment, aux bouches du Cattaro trois ba taillons formant 1500 hommes, et pas un soldat de plus. Lorsque, comme on va le voir dans le précis (No. I.) le géné ral Brady, par une insigue trahison, remit la forteresse aus Russes, le régiment de Thurn, fort de 1600 homines, s'y trouvait, et livra les forts à 300 Russes, débarqués de deux frégates. L'indignation d'une partie des officiers de ce régi ment était à son comble, et M. Ghisilieri porta l'infamie ju qu'à écrire la lettre ci-jointe (No. 2.) à ces officiers pour calmer l'indignation qu'ils éprouvaient d'avoir été obligés de céder le poste qu'ils occupaient. Ces officiers, tenant beaucoup à

T'estime des militaires français, ont publié cette lettre pour leur justification et ont dit partout que les places avaient été vendues par M M. de Ghisilieri et Brady.

Le même jour que M. Ghisilieri écrivait cette lettre aux officiers du régiment de Thurn, voici celle qu'il écrivait au général Molitor (No. 3.) M. de Ghisilieri et ceux qui lui ont donné ces ordres, vendaient leur maître et leur patrie, comme ils la vendirent déjà à la seconde coalition. Il serait tems cependant d'exécuter les traités, de vivre en paix, et de ne pas chercher dans de misérables subtilités, des motifs de querelle. Nous ne doutons pas que si ces lettres parviennent à la connaissance du ministère de la guerre à Vienne, il ne fasse punir les hommes qui ont agi avec une aussi insigue mauvaise foi,

(No. I.)

Précis de ce qui s'est passé pour la remise des bouches du
Cattaro, aux Russes et Monténégrins.

Le 19 Février 1806, les généraux Molitor, Dumas et M. le marquis de Ghisilieri, commissaire général de S. M. l'empereur d'Allemagne et d'Autriche, pour la remise de la Dalmatie et des bouches du Cattaro sont arrivés à Zara.

M. le marquis de Ghisilieri y ayant appris la sommation faite par le commandant de l'escadre russe au commandant des troupes autrichiennes, a manifesté qu'il regardait cette sommation comme outrageante pour son souverain, et a proposé de se rendre de suite à Cattaro, ce qui a été accepté par les généraux. Il s'y est rendu en effet le 25 ou 26 Février.

Pendant ce tems, le général Molitor a fait mettre en marche ses troups pour les bouches du Cattaro, et avait pris à cet effet les moyens les plus expéditifs. Ce général était le 7 Mars sur les confins de la république de Raguse, à deux journées de marche de Castelnovo, la première place du territoire, lorsqu'ila appris que les places des bouches de Cattaro avaient été cédées aux Russes et Monténégrins le 4 Mars. Il est de notoriété que le commandant autrichien et M. le marquis de Ghisilieri n'ont fait au commandant rasse aucune protestation de l'entrée de l'escadre russe dans un port qui leur appartenait, et où ils attendaient les François, qu'ils exposaient sans aucun avis, à tomber dans les mains de l'ennemi, lorsqu'ils auraient cru entrer dans un port ami.

Il est encore notoire que le cominandant autrichien et M. le marquis de Ghisilieri n'ont pris aucune mesure pour repousser l'aggression des Monténégrins, à moins qu'ils ne les aient regardés aussi comme leurs alliés.

Les officiers autrichiens composant les garnisons des places

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du Cattaro, ont fait des protestations contre la conduite da commandant autrichien, pour remettre les places aux Russes: des officiers out même été mis aux arrêts, et réclamés par leurs camarades, pour avoir parlé fortement contre une telle détermination, et cela avant l'arrivée de M. le marquis de Ghisilieri. Lorsque ce commissaire est arrivé et qu'il a vu les officiers persister à ne pas remettre le places et à se défendre contre toute agression, il a donné l'ordre, en vertu, a-t-il dit, d'ordres supérieurs, de remettre aux Russes toutes les places et territoires des bouches du Cattaro. Le général Brady, gouverneur en Dalmatie, en Albanie, avait envoyé, dès le moment de la connaissance du traité de paix, l'ordre de s'en tenir à des protestations, et de remettre les places au détachement de troupes russes, débarqué de leurs frégates, en cas de sommation. Il a réitéré son ordre pour que les agens russes ne l'ignorassent pas; le commandant autrichien à Cattaro, leur a fait savoir les ordres qu'il a ait reçus.

Ceux-ci ne pouvant déterminer le commandant russe à Corfon, à agir sans ordre de sa cour, ont réussi à faire venir dans les bouches du Cattaro, l'escadre russe aux ordres de M. Henry Bayle (Anglais),

Enfin, les places du Cattaro ont été occupées par un petit nombre de Russes, tirés des bâtimens de l'escadre, et par 1500 Monténégrins, environ. La garnison autrichienne était de deux bataillons du régiment de Thurn, formant un total de * 1500 hommes.

Les babitans gémissent sous les vexations qu'ils éprouvent. Des voies de fait ont déjà eu lieu entre eux et les Monténégrins. Les maisons à Cattaro ont été saccagées et pillées.

Voilà l'état florissant dans lequel M. le marquis de Ghisilieri voulait laisser les bouches du Cattaro à S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie d'après le traité de Presbourg. A Zara, le 26 Mars, 1806.

(No. II.)

Copie d'une lettre de M. le marquis de Ghisilieri, à M. de Zanino, officier du régiment de Thurn, et communiquée par cet officier à ses camarades d'après l'invitation de M. le mar quis de Ghisilieri.

Monsieur,

CASTELNOVO, ce 6 Mars, 1806.

Comme dans les circonstances difficiles dans lesquelles je me suis trouvé, rien ne me serait si à cœur que de ne rien décider qui pût déplaire à une garnison aussi brave et aussi estimable que celle de Cattaro, et comme d'ailleurs, d'après ce que M. le lieutenant d'Esemberg vient de me dire, j'ai lieu de

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