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Le ministre de l'intérieur de l'empire français aux habitans des départemens de Gènes, Montenotte et des Apennins. Gènes, 20 Prairial, an 13.

Peuple de la Ligurie! vous avez ouvert les yeux sur le danger de votre position. Vous avez connu combien votre issólément anéantissait vos forces et votre richesse, et comment reserré entre des barrières que vous ne pouviez franchir, vos montagnes et la mer, votre indépendance vous mettait dans la double dépendance, pour vos besoins, de vos voisins du Continent; pour vos besoins et votre commerce, de cette nation orgueilleuse qui se dit la souveraine des mers et qui prétend faire à elle seule le commerce du monde. C'est pour ne pas renoncer à cette indépendance par vous si glorieusement défendue, que vous avez voulu l'associer à celle d'un grand peuple, le plus indépendant de la terre. Vous avez appelé un protecteur, un père. Vous lui avez demandé de vous défendre au-dehors, de faire régner au-dedans la sécurité et la liberté civile, de vous rendre votre antique prospérité; c'est pour remplir vos vœux que l'empereur des Français a accepté vos offres et cette assurance que je vous donne en son nom est la partie la plus douce de la mission dont il m'a honoré.

Vous futes les amis généreux de la France dans des tems difficiles partagez aujourd'hui ses glorieuses destinées. Conservez, mais réalisez cette franchise de votre port, maintenant comme anéantie par l'absurde et despotique loi d'un blocus imaginaire qui en écarte tous les neutres. Qu'une activité nouvelle en fasse sortir de nouveaux élémens de prospérité. Que vos vaisseaux, volent sous le pavillon français, partageant ses prérogatives et son indépendance, et, dès ce moment, ga rantis des attaques des barbaresques. Que les produits de votre industrie franchissent les Appennins et les Alpes; qu'ils pénètrent jusqu'aux extremités de la France, sans rencontrer une seule barrière; que ces montagnes qui vous séparent des plus riches plaines de l'Europe,, applanies par une puissance accoutumée à vaincre tous les obstacles, s'ouvrent de toutes parts, pour laisser arriver jusqu'à vous, et ces approvisionne mens qui vous manquent, et ces matières premières, aliment de votre industrie, et ces productions de tous genres que votre commerce portera aux extrémités du monde. Voilà ce qui vous est promis, ce qui vous est assuré.

Gènes se relevera avec son commerce et sa marine, et recouvrera sa gloire et son ancienne richesse. Son culte qui est celui de l'immense majorité des Français, sera respecté, protégé; le sort de ceux qui en sont les ministres sera assuré d'une maniére conforme, à l'importance de leurs fonctions. Un ordre invariable s'établira dans ses murs; ses frontières et ses campagnes ne seront plus infestées par des brigands. Son territoire est aggrandi; sa domination s'étend de la mer jus

qu'au Po. Tous les genres d'établissemens publics y sont accumulés; aucune ville, de la France n'offre une pareille réunion. Le restaurateur du premier empire du monde ar rivera bientôt dans vos murs: sa présence sera le gage de votre prospérité future; il en posera les bases. Continuez cependant d'obéir à vos lois, en vous confiant à sa sagesse. Celui qui a tout affermi, ne touchera à cet édifice que pour le consolider.

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Du Camp de Castiglione, le 13 Juin.

Au moment où nous arrivons, 48 bataillons d'infanterie, 45 escadrons de cavalrie, et 60 pièces de canon attelées, manœuvrent dans l'immense plaine de Montechiaro.

Sur un tertre qui s'élève au milieu de la plaine, est placée la tente de l'empereur, qui de là voit les positions de Sonato, de Castiglione, de Montebello, de Tivoli. Le regard se perd dans l'horison dont les bornes sont Mantoue et les champs de la Romagne.

Jamais la France n'a eu des troupes plus belles, manœuvrant avec plus de promptitude, et animées d'un meilleur esprit. Lorsqu'on voit ce camp, après celui de Marengo, et qu'on sait qu'indépendamment des corps qui les composent, nous avons une division à Gènes, une autre à Florence, une troisième à Naples, on remarque que nous avons actuellement en Italie plus de troupes que nous n'en avons jamais eu, indépendamment du corps de troupes Italiennes qui se forment aussi sous ses maîtres, et paraît animé du désir de se rendre digne de son souverain.

Lorsqu'avec tant de puissance on ne demande, on ne veut que la paix, et une paix à conditions égales, peut-on concevoir l'aveuglement d'une puissance qui la repousse, d'une puissance qui n'a pas le pouvoir de porter atteinte à la pros périté et au repos de celle qu'elle combat.

La chaleur est très-forte; mais le corps de l'empereur est aussi infatigable que son génie. Il est d'ailleurs dans cet Age où l'homme acquiert chaque jour des forces nouvelles, et où il peut toujours, et dans peu de mois, se trouver partout où sa présence devient utile à la gloire de ses armes.

Le maréchal Bessières a fait exécuter les manoeuvres que l'empereur a commandées. Il l'a fait avec une activité et une tactique parfaite. Le maréchal Jourdan a commandé luimême l'infanterie. Tous les mouvemens que l'empereur a voulus ont été exécutés par les 48 bataillons comme ils l'au

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raient été par un régiment, et S. M. qui en fait des manœnvres, n'est pas facile à contenter, a paru fort satisfaite.

On croit que l'empereur restera encore demain au camp, et qu'il ira ensuite visiter les places de Peschera, Véronne, Legnago et Mautoue, dans lesquelles on a fait de grands travaux depuis cinq ans.

4 Juillet 1805.

Bologne, le 24 Juin.

Hier à midi, S. E. M. le marquis de Gallo, ambassadeur de 3. M. le roi des Deux-Siciles, a été conduit au palais de l'empereur et roi, et admis à une audience particulière, suivant les formes d'usage. Dans cette audience, il a présenté les lettres de créance, qni l'accréditent en qualité d'ambassadeur auprès de S. M. le roi d'Italie.

A deux heures, le gonfalonier et une députation de la république de Lucques ont été introduits à l'audience de S. M. l'empereur et roi, qui les a reçus environné de ses ministres et ses grands officiers.

M. Belluomini, gonfalonier, a porté la parole en ces termes :

"Sire,

"L'expérience de quelques années, si fécondes, dans une grande partie de l'Europe, en évenémens extraordinaires et mémorables, a produit, au milieu de ces tristes leçons, de grands avantages pour la société, en éclairant les peuples sur feurs intérêts et sur les formes de gouvernement les plus convenables à leur position.

"Le peuple lucquois, après avoir été agité, dans les siècles passés, par toutes les factions, par toutes les ambitions qui se disputaient l'autorité; après avoir eu alternativement à gémir, des excès du pouvoir arbitraire d'un tyran ou du malheur de voir tous les talens, toutes les émulations comprimés par l'établissement d'une aristocratie, contraire au vou du peuple comme à ses intérêts, avait eu, dans ces derniers tems, one constitution plus populaire, mais trop faible, trop incertaine pour rallier tous les citoyens, pour consolider le gouverne ment, pour lui donner quelque garantie de l'avenir.

"Dans la vue d'échapper aux malheurs d'un gouvernement arbitraire, ceux d'une aristocratie, concentrée dans quelques familles; aux inconvéniens d'une démocratie, incertaine dans ces opérations et dans toutes ces vues, nous avons, d'un commun accord, gouvernement, corps législatif, citoyens, anciens nobles, artisans, le peuple entier, reconnu la nécessité d'un gouvernement constitutionnel et libre, remis entre les mains d'un prince qui, par ses alliances et sa position, nous arrache aux dangers de notre isolement et de notre faiblesse, puisse nous assurer le respect de nos voisins, et nous donner la garantie et la conviction de notre indépendance.

“Un prince allié de V. M. peut seul assurer à notre patric tous ces avantages: c'est là que nous trouvons la puissance qui Rous environne, et qui ne voudra que nous protéger. C'est la garantie des principes qui, même au milieu des agitations politiques, ont toujours guidé nos pères; qui sont nécessaires à notre position et pour la conservation desquels nous avons, d'un consentement unanime, résolu de profiter du moment où V. M. I. était près de nos contrées pour la prier de fixer notre

sort,

"J'ai l'honneur de présenter à V. M. les actes constitutionnels qui expriment les vœux des Lucquois et les registres de leurs signatures. Le gouvernement qui voit de plus près les besoins de l'état a le premier émis son vou; le corps légis latif non-seulement s'est empressé de l'adopter, mais chacun de ses menibres a voulu le souscrire personnellement. V. M. verra, dans la multitude des signatures des citoyens de toutes les classes avec quel empressement ils se sont portés à exprimer individuellement les sentimens de leur cœur, sentimens qui ne pouvaient se manifester d'une manière plus libre, plus dégagée de toute influence étrangère.

"Si jamais commission publique m'a paru honorable et flatteuse: c'est sans doute plus que toute autre celle où il un'est permis d'offrir à V. M. impériale et royal l'hommage de la vive et respectueuse reconnaissance du peuple lucquois, et je ne puis qu'envisager comme le plus heureux moment de ma vie, celui où, appelé par le vœu public à remettre à des mains qui nous sont si chères, les destinées de ma patrie, je vois s'ouvrir devant elle un avenir plus brillant et plus fortuné: l'indépendance de Lucques sera protégée, sire, par votre bienveillance envers elle, par le voisinage de vos états, par la sécurité que lui donnent votre appui et votre gloire. Son bonheur va se trouver associé à celui d'une partie de votre auguste famille, s'il fallait à mon pays une nouvelle garantie de son existence, il la trouverait, sire, dans les affections personnelles de V. M."

Après quoi, S. M. a répondu en ces termes:

"Monsieur le gonfalonier, messieurs les députés des anciens et du peuple de Lucques, mon ministre près votre république, m'a prévenu de la démarche que vous faites. Il 'en a fait connaître toute la sincérité. La république de Lucques sans force et sans armée, a trouvé sa garantie, pen dant les siècles passés, dans la loi générale de l'empire dont elle dépendait. Je considère aujourd'hui comme une charge attachée à ma couronne, l'obligation de concilier les différens partis qui peuvent diviser l'intérieur de votre patrie.

"Les républiques de Florence, de Pise, de Sienne, de Bo logne, et toutes les autres petites républiques qui, au 14e siècle, partageaient l'Italie, ont eu à éprouver les mêmes inconvéniens: toutes ont été agitées par la faction populaire et par

celle des nobles. Cependant, ce n'est que de la conciliation de ces différens intérêts que peuvent naître la tranquillité et le bon ordre. La constitution que vous avez depuis trois ans est faible; je ne me suis point dissimulé qu'elle ne pouvait atteindre son but. Si je n'ai jamais répondu aux plaintes qui m'out eté portées souvent par les différentes classes de vos citoyens, c'est que j'ai senti qu'il est des inconvéniens qui naissent de la nature des choses, et auxquels ils n'est de re mède que lorsque les différentes classes de l'état éclairées, sont toutes réunies dans une même pensée, celle de trouver une garantie dans l'établissement d'un gouvernement fort et constitutionnel. J'accomplirai donc votre væu, je confierai le gouvernement de vos peuples à une personne qui m'est chère par les liens du sang. Je lui imposerai l'obligation de respecter constamment vos constitutions. Elle ne sera animée que du désir de remplir ce premier devoir des princes, l'impartiale distribution de la justice. Elle protégera également tous les citoyens qui, s'ils sont inégaux par la fortune, seront tour égaux à ses yeux. Elle ne reconnaîtra d'autre différence entre eux que celle provenant de leur mérite, de leurs services et de leurs vertus.

"De votre côté, le peuple de Lucques sentira toute la confiance que je lui donne, et aura pour son nouveau prince les sentimens que des enfans doivent à leur père, des citoyens à leur magistrat suprême, et des sujets à leur prince. Dans le mouvement général des affaires, ce sera pour moi un sentiment doux et consolant de savoir que le peuple de Lucques est heureux, content et sans inquiétude sur son avenir: je continuerai d'être pour votre patrie un protecteur qui ne sera jamais indifférent à son sort."

Paris, 23 Juillet 1805.

La Russie avait fait demander, par l'intermédiaire de la Prusse, des passeports pour un chambellan qu'elle désirait envoyer à Paris auprès de S. M. l'empereur. Les passeports ont été comme ils devaient être, accordés sans aucune explication. Depuis, les papiers anglais nous ont appris quelque chose de l'objet de lá mission de M. Novosilzof. Après beaucoup d'ordres et de contr'ordres, ce chambellan est arrivé à Berlin, puis retourné à Saint Pétersbourg, et sa mission paraît terminée. Si c'était M. Nevosilzof, qui devait apporter les propositions d'Angleterre, elle verra ce qu'elle a maintenant à faire. Doit-on considérer comme répondues, les ouvertures que l'empereur des Français fit, il y a six mois à cette puis sance, ou l'Angleterre se réserve-t-elle de répondre? Cette question, on le sent fort bien, c'est le cabinet de Londres qui peat la résoudre...

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