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Qu'il n'avait pas parlé cette fois du Premier Consul ni du gouvernement; qu'il lui avait fait beaucoup de questions sur ce qui se passait à Rouen, et sur la manière dont les affaires allaient en France.

Que Lebourgeois avait continué de le voir de tems en tems; qu'un jour il lui avait demandé ce qu'on faisait du petit Bonaparte; qu'il lui avait répondu qu'il n'en savait rien; qu'alors Lebourgeois avait ajouté. Sacré nom d'un Dieu, sous deux mois il sautera, nous devons aller à Paris; nous le foutons à bas, lui et son gouvernement.

Qu'un tel propos l'avait frémir, qu'il lui avait observé qu'il avait tort de bâtir de tels cháteaux en Espagne; qu'il fera mieux de rester tranquille; que Lebourgeois lui avait répondu: tu es une foutue bête.

Que dès lors, il avait résolu de s'assurer quels étaient les projets et les complices de Lebourgeois.

Qu'environ quinze jours après Lebourgeois était revenu chez lui avec Picot qu'il ne connoissait point, et avec un nommé Chevalier, beau-frère de Picot; qu'il lui avait présenté ces deux individus comme des pratiques; et qu'en effet, il lui avaient commandé chacun un habit complet et un habit de plus pour Picot; qu'il avait oui dire que Picot était l'aide-de-camp ou l'adjutant-général de Georges, et avait, cinq à six schellings par jour du gouvernement Anglais tandis que Lebourgeois n'avait que deux ou trois schellins de

secours.

Que dans ce même-tems, Lebourgeois lui avait confié, en présence de Chevalier, qu'ils allaient partir pour la France dans le dessein d'attenter aux jours du Premier Consul, qu'ils étaient assurés de réussir, et qu'ils reviendraient avec le panache blanc; quil lui avait dit qu'ils avaient besoin d'armes, et lui avait demandé s'il connoissait quelques marchands français ou allemands où ils pourraient en acheter; et qu'il les avait adressés chez un fourbisseur allemand, où ils avaient acheté véritablement des pistolets, et chacun un gros bâton avec un poignard dedans.

Que les propos qu'il venait de repéter avaient été entendus par sa femme, qu'ils étaient tous, ainsi que les projets de Picot et Lebourgeois, à la connoissance du nommé Dujardin, qui était resté deux ou trois mois à Londres avec Lebourgeois.

Que le dit Dujardin lui en avait parlé très-souvent et lui avait répété plusieurs fois que Lebourgeois, Chevalier et Picot partaient dans le dessein d'assassiner le Premier Consul; qu'un nommé Roger qui avait fait la machine infernale du trois Nivose, était encore aux trousses du Premier Consul, qu'il travaillait de nouveau et qu'il devait passer en France quelques jours avant ou quelques jours après Lebourgeois, Picot et

Chevalier, que chacun d'eux parlait de ce complot devant lui sans aucune méfiance.

Que Dujardin avait ajouté qu'il était persuadé que ces hommes étaient gagnés et mis en avant par les Anglais, et que lui avait regarde cette réflexion d'autant plus fondée qu'il avait remarqué que Lebourgeois, Picot et Chevalier étaient sans argent quelques jours auparavant, et que tout-à-coup et lorsqu'ils avaient été au moment de partir ils avaient des gui nées par centaines.

Qu'ayant réfléchi aux malheurs que ces hommes pourraient causer à la France, il s'était empressé d'aller prévenir de cet horrible complot l'ambassadeur Andreossi, qui après avoir pris des renseignemens sur cette affaire, l'avait engagé à passer en France, atin de faire sa déclaration devant une autorité compétente; qu'il y était venu avec plaisir pour s'acquitter de ce devoir de bon citoyen, ajoutant que le nommé Dujardin qu'il avait engagé à venir en France, était instruit de toutes les circonstances de ce complot; que le nommé Marchand, garçon tailleur, qui était à Paris pourrait aussi donner des reneignemens, de même que la femme de lui déclarant, qui ar rivait de Londres, et qu'il attendait d'un moment à l'autre." François Etienne Marchand, a déclaré qu'il y avait cinq mois qu'il était à Londres, lorsque le citoyen Roulier était venu demander dans une maison d'appel (c'est-à-dire dans une maison où les garçons tailleurs vont se faire inserire lorsqu'ils oat besoin d'une boutique), un garçon tailleur français.

Qu'ayant été désigné, le citoyen Roulier le prit.

Qu'il voyait venir chez le citoyen Roulier, entre autres pera sonnes, deux Français, qu'il ne connoissait point, dont l'un s'appelait Lebourgeois, l'autre Picot, ainsi qu'un autre jeune homme nommé Dujardin, aussi Français, lequel venait pres que tous les soirs.

Que le 27 ou le 28 Décembre, comme il était à son travail, il avait entendu Lebourgeois et Picot dans la chambre du citoyen Roulier, et que Lebourgeois avait dit: Sacré nom d'un Dien, ce f.... Bonaparte a plus vécu qu'il ne vivra; nous verrons aussitôt que nous serons arrivés en France, ce que nous pourrons en faire; qu'il avait-entendu en même tems le citoyea Roulier répondre; cependant le gouvernement français est stable, on peut compter sur lui. Qu'il ne pouvait donner d'autres détails, si ce n'était que ces deux hommes étarent très-pressés de partir pour la France, et qu'ils se tourmentaient beaucoup afin qu'il finit les habits, pantalons et gilets qu'ils firent faire chez le citoyen Roulier; que les propos qu'il avait entendu tenir par Lebourgeois lui ayant inspiré de grands soupçons,il avait demandé á Roulier ce qu'il pouvait savoir.

Que Roulier lui avait répondu qu'il y avait deux nuits qu'il n'avait pas dormi, et qu'alors il lui avait confié sous le plus grand secret que les deux hommes qu'il avait vus chez lui c'est-à-dire

H

Lebourgeois et Picot, avaient formé le complot de passer en France pour attenter aux jours du Premier Consul et qu'ils ve naient de partir pour l'assassiner; qu'il en était sûr, et qu'il pen sait même qu'ils étaient payés par le gouvernement anglais; qu'avant de partir il les savait sans argent, puisqu'il avait été obligé de prêter une demie guinée à Lebourgeois, et qu'un ou deux jours avant leur départ, non-seulement ils avaient fait beaucoup de dépenses, mais qu'il leur avait vu plus de cent guinées à la fois.

Que Roulier lui avait dit encore qu'ils lui avaient demandé un marchand chez lequel ils pourraient acheter des armes, et qu'ils avaient acheté de pistolets et des gros bâtons dans lesquels il y avait des poignards.

Qu'en rapprochant ce qu'il avait entendu lui-même de ce que Roulier lui avait dit il avait vu qu'il n'y avait pas de tems à perdre; qu'en conséquence il avait proposé au citoyen Roulier d'aller déclarer tout cela à l'ambassadeur français; que Roulier y ayant consenti, il s'était rendu chez le citoyen Portalis, premier secrétaire de l'ambassadeur, qui après l'avoir eutendu, lui avait dit que la chose était bien délicate, et l'avait conduit devant l'ambassadeur auquel il avait répété ce qu'il avait déclaré au secrétaire Portalis.

Que le général Andréossi lui avait demandé à voir le citoyen Roulier; qu'il avait été le chercher, que celui-ci avait raconté ce qu'il savait, et qu'après leur avoir fait beaucoup de questions l'un et l'autre, il leur avait dit qu'il allait envoyer un courier en France, et que ces individus seraient arrêtés.

Aussitôt que Roulier et lui eurent parlé à l'ambassadeur, et que la femine du dit Roulier s'en fût aperçue, elle lui avait dit qu'elle avait aussi entendu ces deux individus dire que Bonaparte avait plus vécu qu'il ne vivrait et qu'aussitôt qu'ils seraient arrivés en France, ils verraient ce qu'ils en feraient et bien d'autres propos qui ne laissaient pas douter que Picot et Lebourgeois ne fussent bien décidés à attenter à la vie du Premier Consul, et qu'ils ne se cachaient point d'elle pour tenir leurs horribles propos.

Françoise Victoire Guerin, femme Roulier, a déclaré que Lebourgeois avait dit un jour, qu'aussitôt qu'ils auraient porté leur coup sur la personne du Premier Consul, ils reviendraient à Londres avec le pauache blanc: qu'un autre jour, le même avait dit en juraut: le petit Bonaparte a plus vécu qu'il ne vivra.

Quand nous serons à Paris, nous verrons, je ne lui dis pas adieu; qu'ils l'appelaient une fois le petit Bonaparte; une autre fois le petit caporal.

Qu'il semblait à les entendre qu'aussitôt qu'ils seraient venus à Paris et qu'ils auraient fait leur coup, ils nageraient dans l'or et l'argent.

Que Picot dit une fois, que s'il était possible que le coup mauquât, il faudrait inculquer tant de haine, même dans l'es

prit de leurs enfans, qu'il se trouverait bientôt quelqu'un qu¡ ferait la même entreprise.

Qu'il avait ajouté que celui qui avait fait la machine du s Nivose, travaillait encore le premier Consul; qu'il en ferait une autre, qui, au besoin, ne manquerait pas; qu'il l'appelait Roger, et disait qu'il devait se trouver avec sa nouvelle machine à Paris.

Qu'ils s'entretenaient des armes dont ils auraient besoin, et qu'elle les avait entendus dire, qu'il leur fallait des pistolets, des poignards et des espingoles; qu'elle avait su ensuite qu'ils en araient acheté.

Que tout le monde savait à Londres qu'ils étaient payés par le gouvernement anglais.

Que Picot recevait, non-seulement pour lui, mais encore pour sa femme et ses enfans, et que Lebourgeois lui avait dit qu'il avait trois louis par mois.

Qu'ils avaient fait faire des habits à son mari, que sur la fio, c'est-à-dire, les derniers jours qu'ils étaient resté à Londres avant leur départ pour la France, elle s'était aperçue qu'ils avaient beaucoup d'argent, ce qui l'avait étonnée étrangement. Qu'elle était toute étourdie des propos infâmes qu'ils tenaient, qu'elle ne savait que faire ni que dire, et qu'elle avait eté bien contente, lors qu'elle avait su que son mari et Marchand avaient été trouver l'ambassadeur Andreossi.

Francois Dujardin a declaré " que pendant le séjour qu'il avait fait à Londres, il y avait connu le nommé Tamerlan, an cien chef des Chouans, qu'il avait gardé trente-cinq jours et trent-cinq nuits, pendant une maladie qu'il avait eue, sur l'invitation qui lui avait été faite par un nommé Lebourgeois, qu'il avait vu chez le dit Tamerlan, un nommé Brigand, Aide-deCamp de Georges, le Moyne, Pierre ville dit Chandelier, Lamartelliére, Roger de la marre, Lebourgeois et Picot.

Qu'ils ne parlaient que de rétablir Louis XVIII sur le trône de France, et que le moyen qu'ils disaient le plus propre à ar river à ce but, était de détruire le petit caporal; qu'ils avaient vo plusieurs fois l'aide-de-camp de Georges porter des lettres à Tamerlan, de la part de Georges; qu'on lisait les lettres, mais que comine Tamerlan ne pouvait pas écrire, il répondait de bouche à I aide-de-camp, et qu'atin qu'il n'entendit pas on le faisait sortir.

Qu'ils mangeaient tous ensemble dans la même rue où demearait Tamerlan chez le nommé Felix, qu'ils se réunissaient presque tous les jours ; qu'ils entraient dans de grandes colères, que Picot surtout semblait un enragé, lorsqu'il avait su que le Premier Consul avait été à Rouen; qu'il frappait des pieds en disant que s'il avait été alors à Rouen, il n'aurait pas manqué son coup; qui'ls s'entretenaient du départ de Lebourgeois et Picot pour la France, mais qu'ils parlaient à mots couverts et le faisaient souvent sortir.

Que Lebourgeois et Picot ne cachaient point chez Roulier leur haine pour le gouvernement français ni le motif de leur voyage en France, qu'ils en parlaient toutes les fois qu'ils y yenaient, qu'ils disaient que le Premier Consul était un usur pateur, que sa place ne lui appartenait pas, mais à Louis XVIII; qu'ils venaient à Paris dans le dessein de le mettre à bas, et que pour cette fois il n'échapperait pas, qu'ils disaient qu'aussitôt qu'ils seraient à Paris, ce serait Picot que chercherait à donner un coup de poignard au Premier Consul, et que celui-ci ajoutait que, dût-il périr de cette action, il mourrait content, pourvu qu'il eût tué le Premier Consul; qu'ils avaient deux moyens, le poignard et une autre machine infernale faite ou dessinée par Roger, le même qui avait fait celle du 3 Nivose,

En ajoutant que si on avait un tel homme en France, il y aurait long-tems qu'il serait guillotiné ou que le Consul n'exis terait plus.

Qu'enfin ils disaient qu'ils ne reviendraient en Angleterre qu'avec les panaches blancs.

Qu'il était assuré que Picot recevait pour lui et pour sa maison douze à quinze schellins par jour, du gouvernement anglais qu'il l'avait entendu lui-même dire chez Tamerlan, que Lebourgeois n'en avait que deux; qu'il avait compris que Picot, qui avait la croix de Saint Louis, était très-lié avec Georges; qu'il allait très-souvent manger chez lui, et qu'il était le plus accrédité de son parti auprès du gouvernement anglais: qu'il lùi avait proposé de lui faire donner un traitement qu'il avait refusé et qu'il n'ignorait pas qu'il en avait également offert un à Roulier, mais qu'il avait conseillé à sa femme de ne rien accepter.

Qu'il était sûr que non-seulement le gouvernement anglais était instruit du voyage et du motif, mais qu'il avait fourni tout l'argent pour l'exécution; que c'était M. le comte de la Chaussée qui donnait l'argent à M.Lamartellière et que celuici le distribuait.

Que pour s'en convaincre, il ne fallait que voir leur impa tience sur le dernier tems, et les entendre dire qu'on tardait bien à leur donner leur argent; que s'ils en avaient, ils partiraient tout de suite.

Qu'ils n'avaient pas été payés les trois derniers mois, et qu'on leur paya tout à la fois; qu'ils payèrent toutes leurs dettes, et qu'on leur voyait des pleines mains de guinées :

Qu'il savait qu'ils avaient acheté des armes à Londres; qu'il les avait entendu dire chez Ronlier qu'il leur fallait des poignards et des pistolets, et que le jour de leur départ, il les avait vus chez Roulier, sur les 3 heures de l'après midi ; qu'ils avaient des pistolets à leur ceinture, et chacun un gros baton, dans le bout duquel il y avait un poignard;

Qu'aussitôt qu'il avait su leur arrestation, il avait été chez Tamerlan, qui lui avait dit lui avait dit que c'était leur faute s'ils avaient

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