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Le secrétaire d'état, à M. le duc de Looz-Corswarem. S.M. l'empereura pris connaissance, Monsieur le Duc,de votre lettre du 10 de ce mois, et du parré dans lequel, en exposant les motifs qui ont déterminé le feu duc Guillaume de Looz à la vente de ses biens en France, vous faites connaître les dé tails de l'intrigue dont vous avez été la victime.

Sa majesté a ordonné aussitôt que les auteurs de cette au dacieuse escroquerie fussent arrêtés et livrés aux tribunaux, pour être poursuivis selon toute la rigueur des lois.

Elle a vu avec plaisir, Monsieur, la franchise qui a dicté votre démarche; et elle désire que toute autre personne, s'il en est qui ait été l'objet de semblables manoeuvres, imite votre exemple. C'est un moyen certain d'obtenir justice, et d'assurer le châtiment des coupables.

J'ai l'honneur de vous offrir l'assurance de ma haute con sidération.

(Signé)

H. B. MARET,

Paris, 2 Février, 1805.

L'empereur d'Allemagne, informé des ravages de la fièvre jaune en Espagne et à Livourne et de ceux que faisait la peste à Raguse, a pris le parti d'ordonner l'établissement d'un cordon, pour mettre les états de sa domination à l'abri de ces fléaux. Il a en conséquence jugé à propos d'envoyer un nou veau régiment d'infanterie en Tyrol, trois régimens d'infante rie et un de cavalerie sur les frontières d'Italie.

Ces dispositions étaient naturelles, et la France ne pouvait en concevoir aucune inquiétude; cependant les nouvellistes d'Allemagne, les journalistes d'Augsbourg, ceux d'Italie et cette nuée d'agens que l'Angleterre entretient dans toutes les parties de l'Europe pour semer de faux bruits, s'efforçaient de jeter l'alarme.

Ce n'était plus cinq régimens qu'on avait mis en marche, c'était un armée de 80,000 hommes. Les lettres de Gratz apprenaient avec détail le nom de tous les corps de cette armée, la composition des trains d'artillerie, etc. etc. et don naient des motifs particuliers au voyage du général Mack et des autres généraux que la cour de Vienne avait chargés de l'inspection ordinaire des troupes.

L'empereur des Français se proposant de profiter de la saison favorable pour visiter la partie de ses états qui se trouve au-delà des Alpes, et pour aller arranger définitivement à Milan les affaires de la république italienne, faisait partir des équipages et quelques détachemens de sa garde, nécessaires à la pompe d'usage dans de pareilles circonstances.

A peu près dans le même tems, cinq régimens ayant quitté le Piémont pour s'embarquer sur l'escadre de Toulon, il avait été nécessaire de pouvoir à leur remplacement.

Il n'en a pas fallu davantage pour donner carrière aux fausses nouvelles, On a dit que cent mille hommes avaient marché vers l'Italie, et bientôt on a montré des armées en présence et la guerre prête à se déclarer.

Quoique l'empereur d'Allemagne fût certain des dispositions pacifiques de la cour des Thuilleries, et que l'empereur Napoléou fût plein de confiance dans la parole et dans les intentions de la cour de Vienne, la puissance des faux bruits est devenue telle, que les deux cabinets ont été dans le cas d'en, trer en explication.

Ils se sont trouvés parfaitement d'accord pour laisser l'Europe jouir du repos de la paix et pour consacrer tous leurs soins à l'amélioration de leurs finances et à la prospérité de l'agri culture et du commerce,

Nous croyons devoir entrer dans ces détails, ainsi que nous l'avons fait toutes les fois que de faux bruits semés par les pamphletaires anglais avaient pour but de favoriser à Londres la faction de la guerre, et parvenaient à tromper le commerce, à changer la direction de ses spéculations et à les diriger sur de fausses hypothèses.

C'est avec le même but qu'il y a deux mois on avait accrédité les fables les plus absurdes sur la situation de nos finances et sur la création d'un nouveau papier-monnaie; et ces bruits ridicules avaient pris une telle consistance que le change avec l'étranger en avait souffert, et que les négocians de la capitale furent obligés d'écrire sérieusement à leurs correspondans pour faire sentir l'absurdité de ces rumeurs,

Puisque nous en sommes à parler des faux bruits, c'est le moment de dire un mot sur tout ce qu'on a débité au sujet des dépenses du sacre. Il ne s'agissait rien moins que de sa voir si elles s'étaient élevées à 50 ou à 60 millions. Voici à cet égard des détails parfaitement exacts. Ces dépenses ont coûté au ministère de l'intérieur, pour les frais de voyage des fonctionnaires publics appelés au couronnement, et des députations de gardes nationales, 700,000 fr.; au ministère de la justice pour les frais de voyage des fonctionnaires de ce département, 300,000 francs; au ministère des cultes pour dépenses de même nature, 100,000 fr.; en indemnité d'étape pour les députations militaires, 400,000 francs; enfin 3 mil lions acquittés par le trésorier-général de la couronne sur les fonds de la liste civile pour l'arrange.nent de la métropole pour la fête du Champ-de-Mars, pour celle des Thuilleries, pour la distribution des médailles, pour les ornemens impé riaux, les habillemens, les équipages de toute nature de LL. MM. On peut ajouter la fête du sénat payée sur les fonds de ce corps, et dont la dépense ne s'est pas élevée au-delà de 150,000 francs; et celle de la ville dont les frais ont été plus que compensés par l'augmentation que l'affluence des étrans gers a occasionnée dans les produits de l'octroi.

Nous terminerons là l'examen des faux bruits qui circulent. Il y en a de toutes les espèces; mais le Français est d'un caractère un peu causeur, et nous ne considérons comme digne d'être contredit que ce qui est propre à porter atteinte, soit à la sécurité du commerce, soit à la tranquillité des citoyens.

SENAT CONSErvateur.

Message de S. M. l'empereur au sénat conservateur.

Sénateurs,

Nous avons nommé notre beau-fils Eugène Beauharnois archichancelier d'état de l'empire. De tous les actes de notre pouvoir, il n'en est aucun qui soit plus doux à notre cœur.

Elevé par nos soins et sous nos yeux, depuis son enfance, il s'est rendu digne d'imiter, et, avec l'aide de Dieu, de sur passer un jour les exemples et les leçons que nous lui avons

donnés.

.

Quoique jeune encore, nous le considérons dès aujourd'hui, par l'expérience que nous en avons faite dans les plus grandes circonstances, comme un des soutiens de notre trône, et un des plus habiles défenseurs de la patrie.

Au milieu des sollicitudes et des amertumes inséparables du haut rang où nous sommes placé, notre cœur a eu besoin de trouver des affections douces dans la tendresse et la constante amitié de cet enfant de notre adoption; consolation né cessaire sans doute à tous les hommes, mais plus éminemment à nous, dont tous les instans sont dévoués aux affaires des peuples.

Notre bénédiction paternelle accompagnera ce jeune prince dans toute sa carrière, et, secondé par la Providence, il sera un jour digne de l'approbation de la postérité. Au palais des Thuilleries, le 12 Pluviose, an 18.

Par l'empereur,

(Signé)

Le secrétaire d'état, (signé)

NAPOLÉON.

H. B. MARET.

Extrait des registres da sénat-conservateur, du Vendredi 12, Pluviose, an 13.

Lecture faite de deux messages de l'empereur, en date de ce jour, adressés au sénat sous la présidence de S. A. S. l'archichancelier de l'empire, par lesquels S. M. impériale notifie au sénat, 1. la nomination qu'elle a faite de son beau-frère M. le maréchal Murat, à la dignité de grand-amiral de l'empire. 2. La nomination que S. M. impériale a pareillement faite de son beau-fils M. Eugène Beauharnois, à la dignité d'archi chancelier d'état de l'empire.

Le sénat arrête:

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1°. Que les messages de S. M. impériale seront insérés au procès-verbal de ce jour et imprimés, ainsi que le discours prononcé par S. A. S. l'archi-chancelier de l'empire à l'ouverture de la séance qu'il a présidée.

2o. Qu'il sera indiqué une séance extraordinaire du sénat pour la réception du serment de sénateur des deux nouveaux grands dignitaires ;

3o. Qu'il sera fait à LL. AA. SS. le grand-amiral et l'archichancelier d'état de l'empire, une députation de onze membres du sénat pour les féliciter sur leur nomination;

4°. Qu'en réponse au message de l'empereur, il sera fait à sa majesté le message dont la teneur suit:

Sire,

"Deux noms manquaient à la liste des grands dignitaires de l'empire. Votre majesté impériale vient de placer sur cette liste deux hommes, que leur vertu appelait au rang des princes, comme elle les rendait dignes des titres déjà si respectables, l'un de votre beau-frère, l'autre de votre beau-fils.

"Rien de plus touchant et de plus auguste que les motifs de ces deux nominations, consignés dans vos messages, dont le sénat vient d'entendre la lecture.

"Il en a été pénétré, et il a résolu de transmettre sur-lechamp à V. M. le récit de l'impression qu'il a éprouvée. Le talent de ceux qui gouvernent est surtout dans l'art de choisir pour toutes les places les hommes les plus faits pour elles; et ce discernement devient plus difficile à mesure que les emplois sont plus considérables et les dignités plus sublimes, Votre majesté donne une nouvelle preuve de ce tact du génie, par la nomination de LL. AA. SS. le grand-amiral de l'empire ét l'archi-chancelier-d'état.

Quelle magnifique récompense, pour les services rendus à la patrie quel titre, que celui de votre enfant d'adoption, donné à l'un des nouveaux princes nommés par votre majesté! tout s'empresse d'applaudir à votre justice. Tout le sénat se félicite de voir arriver dans son sein des membres aussi distingués, et il est bien sûr que ses acclamations vont être répétées par la France entière.

Le président et secrétaires, (Signé,) François (de Neufchâteau), président; Colaud et Porcher, secrétaires.

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Paris, (5 Février 1805.)
INTÉRIEUR.

Sénat Conservateur.

Le sénat s'est réuni, aujourd'hui, en grand costume, sous la présidence de S. A. S. l'archi-chancelier de l'empire.

S. A. S. M. le grand-amiral a prêté son serment de sénateur, après un discours auquel a répondu S. A. S. l'archi-chancelier. Son éminence M. le cardinal Cambacérès et plusieurs autres sénateurs récemment nommés, out aussi prêté leur serment. S. E. M. Talleyrand, ministre des relations extérieures a été introduit et a présenté le rapport suivant.

M. Talleyrand. La solennité nationale du couronnement, ce noble et nécessaire complément de nos institutions sociales, tenait à des sentimens trop profonds et trop universels pour ne pas occuper l'attention entière de toutes les classes de l'état aux approches, à la suite de ce grand événement inté rieur, qui vient d'assurer à jamais les destins de la France, en consacrant, par la voix des hommes et par celle du ciel, tout ce que nous avons acquis de gloire, de grandeur et d'indépendance, on a généralement et comme par une commune impression, senti diminuer et s'affaiblir l'intérêt de tous les autres événemens; la pensée même de la guerre, au sein d'une nation qui doit tant à ses victoires, a semblé disparaître.

Tout est accompli, l'empire est fondé; et en reprenant les soins extérieurs, et en rappelant les esprit aux intérêts de la guerre, le premier sentiment de l'empereur a été de s'élever au-dessus de toutes les passions, et de justifier la grande destinée que la providence lui réserve, en se montrant inaccessible à la haine, à l'ambition, à la vengeance.

S'il existe des hommes qui ont conçu le projet de nous combattre avec les armes du crime, qui ont autant qu'il a été en eux, réalisé cette cruelle pensée, qui ont soudoyé des assassins, et qui, dans ce moment encore, salarient nos ennemis, c'est de ces passions mêmes que l'empereur a voulu triompher. Plus il est naturel et commun de ressentir une vive irritation contre des attaques personnelles, plus il a senti qu'il était d'une âme supérieure de s'y montrer inaccessible.

Cette détermination est grande; mais elle s'éloigne des règles ordinaires; et dans une aussi rare circonstance je dois oublier un instant le principe de bienséance qui, dans d'autres tems, me défendrait d'offenser par des louanges le souverain dont j'ai l'honneur d'être ministre. Ici, je ne puis expliquer des démarches dont la générosité suppose l'oubli des lois communes de la prudence, sans les justifier; et, sans qu'il y ait de mon intention, mes-justifications sont des éloges.

L'empereur a fait les premières avances vers un gouverne ment qui a eu le tort de l'agression, qui a manifesté sans motif

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