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temporains, de leur aven, par leurs souffrages, sans contradic tion ni des siens ni des étrangers. Dans l'état où se trouvent les sociétés actuelles, on sent, comme autrefois, le besoin d'être gouverné; mais les moyens sont devenus plus difficiles, parce que leur objet est plus vaste et plus compliqué. Labrayère a bien dit, qu'il ne faut ni art ni science pour exercer la tyrannie: cela fut vrai dans tous les tems. Mais fonder un empire modéré et durable sur trente-deux millions d'hommes, braves, sensibles, éclairés; mais savoir s'arrêter soi-même, et ne faire servir la gloire éclatante des armes qu'au maintien paisoles des lois; mais tenir en suspens d'une main ferme et juste les deux bassins de la balance où sont en équilibre d'un côté les devoirs du prince, et de l'autre les droits du peuple; mais faire ce prodige au dix-neuvième siècle, ce ne peut être partage que d'un esprit supérieur. Nous n'avons rien dans nos annales qu'on puisse mettre en parallèle. Nous pouvons du moins les citer: c'est encore un de vos bienfaits; car votre majesté impériale restitue aussi aux Français l'usage de leur propre histoire, qui sans vous leur serait devenue étrangère.

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Dans un siècle moins avancé, nous lisons que Philippe Au guste, avant le combat de Bouvines, mit sa couronne sur l'autel, et la faisant voir à ses troupes, leur dit à haute voix: Français, si vous croyez qu'un autre mérite mieux que moi de porter la couronne, la voilà; nommez le plus digne; je "suis prêt à lui obéir. Mais si vous me croyez capable de vous commander, il vous faut défendre aujourd'hui votre "chef et vos biens, vos familles et votre honneur." A ces mots, les so dats tombèrent à ses pieds, et demandèrent à genoux sa bénédiction, qui fut suivie de la victoire.

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Que cet exemple, Sire, s'applique heureusement à votre majesté impériale! non pas qu'elle ait besoin de nous adresser Ces paroles! C'est le sénat-conservateur et le peuple français qui vous assurent par ma voix qu'ils sont fiers de leur empereur. S'ils vous ont offert la couronne, s'ils la rendent héréditaire dans votre descendance et dans celle de vos deux frères, c'est parce qu'il n'existe dans le nionde aucun homme plus digne de porter le sceptre de la France, ni aucune famille plus chérie de Français. Commandés par Napoléon, ou par ses fils on ses neveux, imbu- de son esprit, formés à son exemple, liés enfin par sou serment, nous, Sire, et les fils de nos tils, nous défendrons jus à la mort ce gouvernement tutélaire, objet de notre orgueil comme de notre amour, parce qu'en lui nous. défendrons notre chef et nos biens, nos familles et notre hon

neur.

Sie, vous avez pris pour devise de nos monnaies ces mots que vous justidez: Dieu protège la France. Oh! oui, Dieu protége la France, puisqu'il vous a créé pour elle. Père de lapte, au nom de ce Dieu protecteur, bénissez vos enfans, et sûr de leur fidélité, comptez que rien ne peut ni effacer de

leurs esprits, ni déraciner de leurs coeurs les engagemens résultant du contrat matuel qui vient d'intervenir entre la nation française et la famille impériale. Mais il faut compléter tout ce qui a rapport à ce contrat auguste, et pour y parvenir le sénat m'a chargé de prier votre majesté de faire promulguer d'une manière solenneile le sénatus-consulte du 15 Brumaire dernier, qui proclame le vœu du peuple pour l'hérédité de l'empire. Ce grand acte national est lié naturellement à l'auguste cérémonie du sacre et du serment de votre majesté impériale. L'etablissement de l'empire est un phénomène éclatant; mais nous désirons qu'il soit stable, et il ne peut le devenir que par l'ordre établi pour la succession au trône. La sécurité du grand peuple et la vôtre, Sire, en dépendent. On ne saurait done prendre trop de précaution ni déployer trop d'appareil pour graver cette idée, et pour l'enfoncer plus avant dans les imaginations. Ce fat jadis un sentiment: la révolution eut pour objet de l'étouffer, Nous ranimons ce feu sacré sur les autels de la patrie; la politique le rallume, la religion le consacre, la liberté luy applaudit: il ne doit plus s'éteindre.

Souffrez que le sénat insiste sur ce point capital. C'est par là surtout qu'il mérite son titre de conservateur; n'eût-il rendu' que ce service, il aurait bien justifié, et le rang qu'il tient dans l'état, et la perspective qu'il offre à l'émulation des meilleurs citoyens.

Dans l'absence du trône, Sire, tous les grands caractères se livrent à des factions. Un peuple est d'autant plus à plaindre, qu'il a des enfans plus illustres; tout ce qui pourrait faire l'orgueil des nations en devient alors le fléau. Dès qu'il y a un trône dignement occupé, les sublimes vertus ont une récompense; c'est d'en approcher de plus près; et la distinction est d'autant plus flatteuse, que les dignités plus réelles portent des noms plus imposans. Le titre d'empereur a toujours rappelé, nou cette royauté devant laquelle s'humilient et se prosternent des sujets, mais l'idée grande et libérale d'un premier magistrat commandant au nom de la loi, à laquelle des citoyens s'bonorent d'obéir. Li titre du sénat indique aussi une assemblée de magistrats choisis, éprouvés par de longs travaux et vénérables par leur âge. Plus l'empereur est grand, plus le sénat doit être auguste.

Heureux à cet égard, les membres du sénat français! 11 n'y a pas d'ambition, militaire ou civile, qui ne puisse être satisfaite de l'espoir d'arriver au rang de ces pères conscrits, appelés les premiers à se trouver présens, lors du serment que l'empereur doit prêter au peuple français. Oui, Sire, nous regarderons comme le plus beau de nos jours, celui où nous aurons été les premiers témoins nécessaires de votre engagement envers la nation; et nous demanderons au ciel, que la pompe d'un si grand jour ne se repète en France que dans les tems les plus lointains et pour nos arrières-neveux. Ah! puisse-t-il

en être des fêtes du couronnement, comme des fêtes séculaires, que nul individu romain, dans le cours de sa vie, ne put jamais voir qu'une fois!

Enfin, Sire, la conséquence de l'hérédité proclamée, c'est le dépôt dans nos archives des actes qui constatent l'état civil des princes du sang impérial. Nous réclamons ce grand dépôt, et le sénat-conservateur prie Votre Majesté de donner promptement les ordres nécessaires pour que ces actes importans, confiés à sa garde par l'article 13 du titre 3 de l'acte des constitutions du 28 Floréal dernier, lui soient apportés dans les formes et avec la solenuité qui peuvent garantir au people l'authenticité de ces actes, auxquels doit s'attacher l'éternelle durée de l'empire français.

S. M. l'Empereur a répondu en ces termes :

"Je monte au trône où m'out appelé le vœu unanime du "sénat, du peuple et de l'armée; le cœur plein du sentiment "des grandes destinées de ce peuple, que du milieu des "camps, j'ai le premier salué du nom de grand.

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Depuis mon adolescence, mes pensées toutes entières lui "sont dévolues; et je dois le dire ici, mes plaisirs et mes "peines ne se composent plus aujourd'hui que du bonheur ou du malheur de mon peuple. Mes descendans conser"veront long-tems ce trône. Dans les camps, ils seront les premier soldats de l'armée, sacrifiant leur vie pour la défense de leur pays.

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"Magistrats, ils ne perdront jamais de vue que le mépris "des lois et l'ébranlement de l'ordre social, ne sont que le "résultat de la faiblesse et de l'incertitude des princes.

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"Vous, sénateurs, dont les conseils et l'appui ne m'ont jamais manqué dans les circonstances les plus difficiles, "votre esprit se transmettra à vos successeurs.

"Soyez toujours les soutiens et les premiers conseillers dè "ce trône si nécessaire au bonheur de ce vaste empire.

Le même jour, à 2 heures après-midi, le tribunat s'est renda en corps au palais des Tuileries; il a été introduit dans la salle du trône et M. Fabre (de l'Aude) président, a porté la parole

en ces termes:

Sire,

"Le tribunat vient présenter à Votre Majesté ses respectueuses félicitations, sur le nouveau témoignage de confiance et de gratitude que vient de lui donner le peuple Français, en assurant dans sa famille la successibilité et la perpétuité de la dignité impériale.

"L'immense quantité de votes que cette mesures a réunis, ne laisse aucun doute sur la volonté nationale; elle constitue réellement la totalité des citoyens formant le corps de l'état.

“En votant l'hérédité du pouvoir suprême dans votre auguste famille, le peuple Français n'a pas été uni uniquement par un sentiment de générosité et de recon paissance pour les

services éminens que Votre Majesté lui a rendus, il a été aussi entraîné par un intérêt bien plus puissant, celui de sa conservation, de sa gloire, et de son bonheur.

Après ane expérience funeste des diverses natures de gouvernement, il a voulu reprendre son ancienne constitution, en l'alliant à un systême représentatif, sagement combiné, et tel que l'unité de pensée et d'action, ne pût jamais en être altérée dans son essence.

"Sire, nous nous féliciterons sans cesse d'avoir provoqué les premiers un vœu, qui dès l'an 8, était dans nos cœurs, et qui s'est manifesté dans tous les départemens avec un euthousiasme dont les annales d'aucun peuple n'offrent point d'exemple.

"Puisse la dynastie nouvelle régner aussi long-tems que les trois qui l'ont précédée, et avec autant de gloire et de sagesse que votre Majesté l'a fait depuis que les rênes de l'état lui ont été confiées! ·

"Puissent les jours de Votre Majesté se prolonger au-delà des termes de la vie humaine; ce dernier vœu est commandé au tribunat par son attachement à votre personne sacrée, à son auguste famille, et à l'intérêt du peuple Français, dont le bonheur a été l'unique objet de vos nobles travaux, et de votre constante sollicitude!

Le 9 Frimaire, une députation de vingt-cinq membres du sénat a été présentée à sa sainteté.

S. E. M. Français (de Neufchâteau) président, a adressé au Saint-Père le discours suivant:

Très-Saint Père,

Le tribunat vous regarde depuis long-tems comme l'un des alliés les plus fidèles de la France; il se rappelle avec les sentiments de la plus vive reconnaissance, les services que vous avez rendus à ce pays, avant même d'être élevé sur le trône pontifical; il n'oubliera jamais que dans votre dernier épiscopat d'Imola, vous sûtes appaiser par une conduite sage, éclairée et paternelle, les insurrections organisées contre l'ar-mée Française, et prévenir celles qui la menaçaient.

"Mais ce n'est point sous ce seul rapport que Votre Sainteté a acquis des droits à la vénération et à l'amour des Français.

"Ils étaient agités par des troubles religieux, le concordat les à éteints: nous nous félicitons d'avoir concouru de tous nos moyens à seconder à cet égard votre sollicitude paternelle, et celle du chef suprême de cet empire.

"Si nous examinons la conduite de Votre Sainteté dans le gouvernement intérieur de ses états, quels nouveaux sujets d'éloges et d'admiration !

Votre Sainteté a réduit les dépenses de tous les palais

apostoliques; sa table, son entretien, ses dépenses personelles, ont été réglés comme ceux du plus simple particulier: elle a pensé avec raison que sa véritable grandeur consiste moins dans le faste et la pompe de sa cour, que dans l'éclat de ses vertus et dans une administration économique et sage.

"L'agriculture, le commerce et les beaux arts, reprennent dans l'état romain leur ancienne splendeur.

"Les contributions qu'on y prélevait, étaient arbitraires, multipliées, mal réparties; votre Sainteté les a remplacées par un systême uniforme et modéré de contributions foncières et personelles, toujours suffisant dans un pays, auquel sa situation n'impose point la nécessité d'un grand état militaire, et où une sévère économie règne dans les dépenses.

"Les priviléges et les exemptions ont été abolis, depuis le prince jusqu'au dernier sujet, chacun paie en proportion de

son revenu.

"Le cadastre des provinces ecclésiastiques, commencé en 1775 et celui de l'Agro Romano, entrepris par Pie VI, votre auguste prédécesseur, sont terminés, et ont reçu la perfection dont ils étaient susceptibles.

"Un bureau des hypothèques a été organisé et la bourse des capitalistes est ouverte aux propriétaires mal aisés.

"Des primes ont été accordées à ceux qui formeront des établissemens d'agriculture et des plantations; la campagne de Rome, depuis long-tems inculte et stérile, sera bientôt cou verte de bois, comme dans le tems de la splendeur romaine, une loi oblige les grands propriétaires à mettre leurs terres en culture ou à abandonner, pour une modique redevance, celles qu'ils ne pourront faire travailler; enfin le desséchement des Marais Pontins, en rendant à l'agriculture de vastes terreins, contribuera à la salubrité de l'air et à l'accroissement de la po pulation de cette partie de l'état romain.

"Le commerce a besoin pour prospérer d'être dégagé de toutes les entraves, de la fiscalité et de ce systême destructeur de gênes et de prohibitions; il veut être libre comme l'air; Votre Sainteté a proclamé hautement la liberté du commerce. Les mounaies de faux et de bas aloy, sources de discrédit et d'immoralité, ont été remplacées par une monnaie réelle.

"Des manufactures de laine, des filatures de coton sont établies à Rome et à Civita-Vecchia pour les indigens des hospices caméraux.

"En poussant jusqu'à l'excès sa charité envers les pauvres, en ne réservant rien pour elle ui pour sa famille, Votre Sainteté veille cependant avec un soin particulier à ce que ces libéralités ayent un emploi toujours utile.

"La ville de Rome, malgré ses pertes, continuera à être la patrie des beaux arts.

"Votre Sainteté a ordonné des fouilles à Ostie et sur le lac Trajan.

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