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M. Clermont-Ganneau lit, en communication, la Notice suivante :

I.

Le premier des trois monuments sur lesquels j'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie est un morceau de brique ou un fragment de tuile dont voici l'original. Il a été trouvé à Jérusalem même, vers la partie méridionale du mur d'enceinte, sur les pentes de ce que les archéologues sont convenus d'appeler la colline d'Ophel et qu'il serait plus sage peut-être, jusqu'à plus ample informé, de nommer tout simplement, avec les fellahins, la D'hora, g.

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La terre cuite est d'une pâte dure et compacte et présente toutes les qualités de la bonne brique romaine. Ce fragment porte une estampille contenant cinq caractères latins légère

ment endommagés, pas assez cependant pour qu'on n'y reconnaisse avec une certitude absolue les lettres :

LE X FR

La lecture est non moins sûre :

LE est un sigle, peut-être moins régulier que LEG (mais parfaitement compréhensible sur un monument aussi peu important), du mot Legio. L'X est le signe numérique dix: Legio decima ou Legionis decima, et FR est l'abréviation bien connue de Fretensis, le surnom de cette X légion, qu'il ne faut pas confondre avec la X légion Gemina qui était en Europe1.

Cette inscription, toute brève et insignifiante qu'elle est, est cependant pour l'histoire un document d'une grande importance, qui nous reporte à l'une des époques les plus émouvantes de la vie du peuple juif et évoque le souvenir d'un des événements les plus tragiques dont la Palestine ait été le théâtre la prise et la destruction de Jérusalem par Titus, en fournissant, s'il en était besoin, une confirmation positive des récits des auteurs anciens.

:

Mais avant d'aller plus loin, je demanderai la permission de rapprocher de cette brique un fragment analogue, qui est déjà connu, mais qui n'avait pas encore été expliqué d'une manière complétement satisfaisante. Cet autre morceau de brique, conservé dans une petite collection appartenant au consulat anglais de Jérusalem, a été publié en fac-simile par M. de Saulcy dans son second voyage en Terre Sainte 2.

Il porte, également estampillés, des caractères assez confus, pour lesquels M. de Sauley a proposé, sans s'arrêter définiti

1 Comme le fait judicieusement remarquer M. le Président de l'Académie, l'état de la brique, fort endommagée en cet endroit, ne permet pas de savoir au juste si l'abréviation finale se composait seulement des caractères FR ou compre nait d'autres lettres du mot FRETENSIS.

2 Voyage en Terre Sainte, II, 199.

vement à l'une d'elles, les lectures: EX OF[ficina] REgia ou Legionis decima Opus Figulinum Hierosolymitanum.

La comparaison de ce petit texte assez embarrassant avec celui que je possède dissipe toute obscurité et prouve qu'il se compose indubitablement des lettres

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Les traits parasites qu'on remarque dans l'L et l'X, l'atrophie de l'F, les éléments manquants dans la partie supérieure de l'R et de l'E, s'expliquent sans peine par les imperfections d'un moule d'ailleurs usé et la négligence apportée au moulage. L'abréviation de L pour legio est encore plus cursive que celle de LE, mais n'est pas plus étrange.

J'ajouterai que des renseignements puisés à bonne source me permettent d'indiquer en toute assurance la provenance de cette seconde brique; elle a été trouvée, il y a quelques années, en creusant les fondations du patriarcat latin de Jérusalem, dans la région nord-ouest de la ville, c'est-à-dire non loin de l'emplacement de la fameuse tour Psephina.

Ainsi nous possédons désormais deux textes se rapportant incontestablement à cette légion, qui joue un grand rôle dans le siége et l'occupation de Jérusalem par les Romains. Je n'ai pas besoin de raconter ici en détail l'histoire de la X légion

et la part prise par elle à cette mémorable affaire. On peut trouver tous les éclaircissements désirables sur ce point dans le travail magistral de M. Léon Renier concernant le conseil de guerre tenu par Titus avant de donner l'assaut au Temple.

Il me suffira de rappeler que cette légion, que les historiens nous montrent constamment résidant en Orient, amenée de l'Euphrate par Titus à son père au début de la guerre juive, coopéra, sous le commandement supérieur de Vespasien, à la prise de Jotopata, Joppé, Tibériade, Tarichée, Gamala. Après le départ de Vespasien, elle continua la campagne dirigée par Titus et fit partie de l'armée d'investissement qui vint mettre le siége devant Jérusalem. Campée sur le mont des Oliviers, à six stades de la ville, et n'ayant plus à ce moment, comme l'a si ingénieusement démontré M. Renier, son légat à sa tête, elle faillit à deux reprises être anéantie dans des sorties faites par les Juifs. Après la prise du premier mur, elle fut chargée de battre en brèche la branche septentrionale du vieux mur, non loin de la piscine Amygdalon, le Birket Hammâm el-Batrag de nos jours.

Jérusalem prise et ruinée, la X légion fut remplacée sur l'Euphrate, d'où elle venait, par la XII, pour qui le séjour de la Syrie n'était plus possible depuis sa défaite sous Cestius, et ce fut elle (la X légion) qui fut choisie pour tenir garnison dans la ville conquise, avec quelques ailes de cavalerie et quelques cohortes d'infanterie. Elle n'y resta pas oisive, car elle prit part au siége difficile de Macheronte avec Lucilius Bassus et, probablement, à celui non moins rude de Masada.

A partir de ce moment, elle disparaît à peu près complétement de l'histoire. On peut seulement inférer d'une inscription de Grüter (367, 6) qu'elle participa sous Trajan à l'expédition parthe.

Quelques rares inscriptions trouvées en Syrie mentionnent

des soldats de la Xe légion qui, dans un cas, douteux du reste, porte peut-être le surnom de Felix'.

M. de Sauley m'a signalé deux médailles de sa collection provenant de Judée, dont l'une a été publiée par lui dans la Revue archéologique et qui sont toutes deux contre-marquées au nom de la X légion fretensis. J'en possède moi-même une troisième qui porte la même contre-marque.

Il est possible que la X légion continua, à part peut-être quelques déplacements momentanés, à tenir garnison en Palestine ou à Jérusalem même jusqu'à la révolte de Barcocheba et que, se trouvant sur les lieux, elle fut employée à écraser cette dernière insurrection. Rien ne s'oppose non plus à ce que l'on admette qu'elle resta à Jérusalem, transformée par Hadrien en colonie romaine; c'est peut-être à elle qu'incomba le soin d'interdire aux Juifs l'accès de la ville sainte cohortem custodias in perpetuum agitare jussit, quæ Judæos omnes Hierosolyma aditus arceret, dit Sulpice Sévère dans son Histoire sacrée (II, 45).

Militum

En tout cas, la Notitia dignitatum imperii Romani nous montre le préfet de la X légion résidant encore en Palestine, à Aila:

Præfectus Legionis decimæ Fretensis Aila.

S'agit-il bien réellement d'Elath sur la mer Rouge, comme on l'a généralement admis jusqu'ici? Ne faudrait-il pas lire AELIAE au lieu de AILAE, auquel cas il s'agirait d'Elia Capitolina, c'est-à-dire de Jérusalem. Cela est d'autant moins invraisemblable que, quelques lignes plus haut, la Notitia mentionne les Equites Mauri Illyrianici comme tenant garnison à Jérusalem (Ælia) et qu'il a pu se produire, sous la plume

1

Waddington, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, «Semproni[us].. leg(ionis) X F[retensis]? (n° 1837, Séleucie de Pierie). Et Vex[illationis leg(ionis X [Fret. Flelic(is) (n° 2717, id.). "

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