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Sans remonter aux récits fabuleux des Chinois et des Indiens, c'est de ces contrées peu connues qu'on voit apparaître, 600 ans avant J.-C., les Perses et les Mèdes qui inondent le midi de l'Asie, le nord de l'Afrique et qui pénètrent en Europe, en envahissant la Grèce. Après avoir été refoulés par Alexandre, qui s'empara de tout leur empire, ils sont remplacés, 255 ans avant J.-C., par les Parthes qui descendent des mêmes montagnes, renversent les successeurs d'Alexandre, et finissent par établir une vaste puissance capable de se mesurer avec l'empire romain, au faîte de sa grandeur.

Cette puissance s'éteint, en 226 après J.-C., par l'irruption des Sassanides que les Kalifes d'Orient détrônent eux-mêmes en 652. Au Xe siècle, les Turks, de la même origine scythique ou tatare, fondent sur la Perse et l'Asie occidentale, où ils dominent; et ils s'avancent sur l'Europe, en 1355, et prennent Constantinople en 1453.

D'autres habitants de cette vaste contrée avaient aussi surgi, en 1206, sous la conduite de Tschinnghis ou Ghengis-Khan; ils forment l'immense empire Mongol ou Mogol, pénètrent dans la Chine, et établissent la dynastie qui règne encore. Ils soumettent toute l'Asie méridionale et une partie de l'Europe, comme on le verra quand on sera arrivé à l'époque où l'empire russe naissant fut lui-même ébranlé par un lieutenant de ce chef de Tatars.

Tamerlan, à la tête d'autres peuplades de la Tatarie, se jette, en 1400, sur l'empire Mogol, s'empare

de la plus riche partie, en forme l'Hindoustan, dont les Anglais possèdent aujourd'hui les provinces les plus fertiles. Vers le même temps, les Turkomans s'avançant des mêmes contrées vers l'Asie occidentale, dépossèdent les successeurs de Ghengis-Khan, et deviennent, sauf quelques modifications dans la succession des familles régnantes, les souverains de la Perse moderne.

Mais pendant que ces irruptions de la Scythie asiatique ou grande Tatarie inondaient les riches contrées de l'est et du midi du monde connu, celles de l'ouest n'étaient point épargnées par le flot dévastateur qui rejetait les premiers envahisseurs sur les dernières limites de l'Europe.

Les Romains, dont l'empire s'étendait peu au nord, désignaient aussi par le nom de Scythes, toutes les peuplades des régions septentrionales, ils ne se mesurèrent qu'avec quelques-unes d'entre elles, qu'ils trouvèrent sous d'autres noms, au nord de la Grèce et dans l'Asie occidentale, à l'époque des guerres contre les Parthes et contre Mithridate le Grand, Les Romains paraissaient mépriser ces ennemis sur lesquels la supériorité de leur tactique et de leurs armes leur assurait la victoire; mais souvent les succès qu'ils obtinrent furent chèrement disputés, et les premiers triomphes de Crassus ne purent empêcher la défaite de Carrhes, 53 avant J.-C., où trente mille romains, restés sur le champ de bataille, attestèrent la puissance de ces barbares.

Pour fondre sur l'Europe, il leur fallut tourner

la mer Kaspienne et la mer Noire. Celle-ci, par sa jonction avec la Méditerranée, avait été surtout un obstacle, à ce que, dans les premiers âges du monde, et par l'ignorance des sciences nautiques, les irruptions des peuples asiatiques pussent avoir lieu sur l'Europe. Elles se firent par l'ithsme de Suez, sur l'Afrique, et ce fut accidentellement que des vaisseaux de Tyr et de Sidon jetèrent quelques-unes des races kaukasiennes sur les côtes du nord de l'Afrique et sur l'Espagne, où elles formèrent les Carthaginois et les Ibériens.

L'envahissement ne pouvait avoir lieu que par les Palus-Méotides, depuis mer d'Azoff, au nord du Pont-Euxin, depuis mer Noire, et par cette contrée qui a encore conservé le nom de Tauride ou Khersonèse.

C'est là qu'on voit paraître les Sarmates, dans le commencement de l'ère chrétienne, qui refoulent les Scythes établis précédemment dans le nord de la mer Kaspienne, lesquels sont rejetés à leur tour sur les Goths qui les avaient devancés plus à l'ouest, et qui des bords de la Skandinavie et des côtes de la Baltique, émigraient vers le midi. Il y eut entre eux un choc des plus terribles, dans lequel les Goths furent rejetés plus au midi, où ils rencontrèrent les Romains avec lesquels ils se mesurèrent dans le IIIe siècle.

Plus tard, les Scythes prenant la place des Goths, ou mieux Ost-Goths (les Goths occidentaux), ceuxci se détachent en deux grandes hordes, dont l'une,

sous le nom d'Ostrogoths, s'avance sur Constantinople en 378, et l'autre, sous le nom de Wisigoths, ou mieux West-Goths (les Goths orientaux), se jette sur Rome en 410. L'une et l'autre de ces hordes s'incorporèrent avec les peuples de l'Italie, de l'Espagne et de la plus grande partie de la Gaule.

Pendant ce temps, les Tatars, qui déjà avaient attaqué la Chine, 210 avant J.-C., et qui l'avaient occupée pendant plus de trois siècles, émigrent vers l'Occident. Les hordes innombrables qui s'échappent alors de la haute Asie, et que nos histoires désignent sous le nom de Huns, Avars ou Abars, se heurtent contre les Scythes, les Alains, les Goths, les suivent dans les contrées que les premiers envahisseurs avaient usurpées, les forcent de les abandonner; et Attila, leur chef ou Khan le plus connu, ayant passé le Danube en 446, vient, avec ses nombreux compagnons, achever de détruire la civilisation romaine, et éteindre le flambeau de l'esprit humain.

Ce flambeau ne put se rallumer que plus tard, lorsque les croisades furent pour les nations occidentales l'occasion de retrouver les vestiges des splendeurs conservées dans l'empire d'Orient, malgré l'envahissement des Turks, dont le mélange avec les Persans et les Arabes avait été moins pernicieux que celui des Huns farouches avec les Alains et les Goths, qui avaient commencé le ravage de l'Europe.

Depuis, l'humanité a fait des progrès rapides, et

on peut convenir qu'elle a dépassé, par sa perfection en tous genres, tout ce que les siècles brillants des Assyriens, des Égyptiens, des Grecs et des Romains, ont laissé de débris; riches débris qui attestent la magnificence de ces peuples, tour à tour vaincus et dispersés par la race dont nous venons de décrire succinctement les irruptions sauvages et dévastatrices.

Une seule et grande puissance domine aujourd'hui ces contrées si fécondes, où la nature enfanta jusqu'ici des instruments de tyrannie et de destruction, et semble s'être attachée à préparer une nouvelle sève pour les populations qui s'énerveraient, ou qui ne tenteraient pas, en étendant les bienfaits civilisateurs, de disposer ces enfants arriérés de la nature à suivre l'exemple de la grande famille européenne, et surtout de les empêcher de renouveler des actes que l'humanité déplore avec tant de raison.

La renaissance d'une partie du genre humain est opérée depuis à peine quatre siècles, et les découvertes se sont multipliées à l'infini dans les sciences, dans les arts; un monde nouveau a accru les richesses, les jouissances et le pouvoir des hommes. Une invention immense a permis la diffusion des lumières. Plus puissante que le pinceau des grands peintres de l'antiquité, que le marteau de ses architectes, de ses statuaires, elle a buriné profondément les traces de la civilisation, et laissé des monuments impérissables du génie des hommes.

Les flammes de l'incendie de la bibliothèque

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