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conquis, qu'on appela bien plus tard Petite-Russie (1).

Dès cette époque, les Russes firent des incursions dans l'empire grec. En 864, l'empereur Léon

(1) « Le nom de Russes et de Russie, ou Rasséïa, comme les Russes d'aujourd'hui le prononcent, est étranger à tous les pays slaves, et n'a point été connu dans ces contrées avant l'année 862. C'est alors seulement qu'un prince skandinave, Varéguo-Ross ou Russe, Rurik, en arrivant d'au-delà de la mer Baltique, imposa ce nom qui lui est resté jusqu'à présent. Il résulte donc que le nom de l'empire de Russie actuel est, non-seulement une importation étrangère dans la Slavonie, mais que toutes ses dynasties souveraines ellesmêmes proviennent tantôt des Varégues-skandinavo-normands, tantôt des Allemands de Holstein Gottorp, dont le tzar Nicolas ler est issu en ligne directe. C'est pour cela que toute l'histoire de Russie ne présente qu'un tableau de lutte, de carnage et d'extermination des éléments slaves par les princes étrangers. Ce sont eux qui ont détruit les principes libéraux et démocratiques des Slaves primitifs, en établissant les principes tataro-moskovites, l'image incarnée de l'auto et théo-cratie tzarienne, c'est-à-dire d'une domination absolue, politique et religieuse, sans aucun contrôle. Les libertés de tous les Slaves ne se retrouveront que lorsqu'il y aura des dynasties purement slaves, et dont les germes se conservent toujours chez les Serbo-Illyriens, chez les Bohêmes et surtout chez les Polonais qui, moralement et géographiquement, forment le cœur de tous les pays slaves. »

Nous devons à l'un des savants historiens de l'un des pays envahis par la Russie, M. Léonard Chodzko, la note qui précède et qui se rapporte à ce qui va suivre dans le précis de l'histoire moskovite. (Note de l'Auteur.)

acheta la paix et le départ des Russes à prix d'or. Déjà leurs prétentions étaient de s'établir à Constantinople sur les ruines de l'empire d'Orient. Les Grecs ont laissé d'affreux détails sur la férocité des Russes. Ce peuple, dès qu'il paraît sur la scène du monde, a un caractère tout particulier.

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L'expédition qu'Ygor fit, en 913, était (dit Leclere, auteur de la Russie ancienne, t. I, p. 109), de quatre cent mille hommes. Ils ne rencontraient « aucun obstacle. Il semble que la fureur s'excite du « peu de résistance qu'ils éprouvent. Ils n'épargnent aucun des malheureux qui tombent entre leurs mains les uns sont mis en croix, d'autres « sont empalés, mutilés, enterrés vivants, percés à « coups de flèche; les prêtres ont la tête clouée à << des poteaux, les enfants sont arrachés aux entrailles de leurs mères; enfin les flammes et de longues traces de sang marquent le passage des « soldats d'Ygor dans le pays même où sa rage n'a a pas trouvé d'ennemis. »

Il semblait que la religion chrétienne, qui avait adouci les mœurs des autres peuples barbares, devait produire le même effet sur les Russes. Ils rapportèrent le culte de la Grèce, mais ils conservèrent leur férocité. La reine Olga s'était fait baptiser à Constantinople en 953; et elle avait cherché à éclairer son pays des lumières de l'Évangile; mais son exemple fut perdu pour son peuple et même pour son fils, Sviatoslaf. Vivant à la manière des Kalmouks, il fut toujours en guerre. Vaincu par

les Petschénègues, il fut puni de sa férocité, et son crâne servit au chef de ses ennemis de coupe où il buvait dans les festins, en souvenir de sa vengeance.

Wladimir I tenta d'achever l'ouvrage de son aïeule, mais il ne porta pas moins la terreur chez les Boulgares et dans le fond de la Khersonèse ; et, s'il alla demander le baptême à Constantinople, il força aussi l'empereur de lui donner sa sœur en mariage. Il rendit ses conquêtes en 950, et il ramena, en échange, des vases sacrés, des reliques, des popes et des archimandrites. L'ancienne religion slave fut abolie, les idoles furent renversés, mais il resta des débris impurs du culte skandinave qui, mêlés aux pratiques superstitieuses des chrétiens d'Orient, font encore de la religion russe une espèce d'idolâtrie.

D'ailleurs les changements de croyance ne changèrent ni les mœurs des Russes ni celles de Wladimir. Ce prince poursuivit le cours de ses cruautés et de ses débauches. Il avait égorgé son frère, et fait couler des torrents de sang; mais on lui attribue des règlements ecclésiastiques et l'établissement des dîmes: il a été mis au nombre des saints. C'est le 15 juillet que l'Église russe célèbre

sa fête.

Les enfants de Wladimir s'arment les uns contre les autres. Boris et Gleb sont assassinés par leur frère Sviatopolk. Les Polonais, qui, en 1018, avaient pris sa cause et auxquels il devait la vic

toire, furent massacrés par ses ordres. Boleslas le Grand, alors roi de Pologne, vengea ses sujets par la soumission de tout le duché de Kiiovie, qu'il ne garda que dix ans (1).

Yaroslaf porta, de 1036 à 1054, ses armes jusqu'au pied des monts Ourals. Il fonda des villes et établit la première puissance appelée depuis la Grande-Russie. Ses successeurs en arrêtèrent le développement par leurs discordes; cependant, André Ier, Youriévitsch, fit la conquête de la principauté de Kiiow en 1157; mais, se trouvant environné de nombreux ennemis, Boulgares, Polovtzes, Hongrois et Polonais, il préféra quitter le séjour dangereux de Kiiow et il alla fonder la ville de Moskou.

Jusqu'en 1213, ce ne furent que temps d'anarchie, de mauvaise foi, de cruautés, de vengeance entre les successeurs de André Ier; et la puissance russe déjà ébranlée allait recevoir un coup plus terrible de l'invasion des Tatars-Mongols.

Comme nous l'avons dit, la grande Tatarie, que les modernes n'ont guère mieux connue jusqu'au XVIe siècle que les Grecs et les Romains, comprenait dans son espace immense cent peuples nomades, inépuisable réservoir d'où ils furent vomis,

(1) Voyez l'histoire de ce règne mémorable dans la Pologne pittoresque, par Léonard Chodzko, t. Ier, p. 33 et sui

vantes.

en torrents destructeurs de la civilisation antique. Les Huns avaient ébranlé le pouvoir naissant de la petite Russie; des hordes, ayant la même origine, devaient mettre à deux doigts de sa perte l'empire plus étendu des descendants de Rurik, sous le nom de Mogols ou Mongols, conduits par Tschinguiss.

Ce grand khan, dont le nom signifie le plus grand de tous, en moins de vingt ans soumit l'Hindoustan, la Perse, une grande partie de la Chine et la Tatarie. L'une de ses armées se dirigea à l'occident, vers la mer Kaspienne. Les Polowtzes, qui n'avaient pas secouru à temps les Daghestans, comme eux provenant des Huns, furent soumis malgré une vive résistance. Dans une bataille des plus sanglantes à Kalka, en 1223, ils furent écrasés et poursuivis en désordre jusqu'au Dnieper. Kiiow, Wlodzimierz, Halicz (depuis la Galicie) furent attaquées à leur

tour.

Les Tatars, las de carnage et de butin, retournèrent à Kaptschak, où s'établit la grande horde de laquelle proviennent les Kalmouks. Tschinghiss-Khan étant mort, ses quatre fils continuèrent son ouvrage. Baati-Khan resta le maître des contrées situées au nord de la mer Kaspienne.

Youry, George II, se croyait délivré de l'attaque des Tatars lorsqu'ils tombèrent tout à coup sur Souzdal, Vladimir sur la Klazma et Moskou, les inondèrent de sang et brûlèrent dans un mois plus de vingt villes de la Russie. George fut enseveli sous les débris de son trône et sous les ruines de sa

ORIGINE DE LA PUISSANCE RUSSE.

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