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river, par les mêmes moyens, à la domination qu'elle convoite.

Mais suivons la marche progressive de cette dangereuse nation.

Par un oukase du 8 février 1793, le commerce français est sacrifié à l'ayidité du cabinet de SaintJames. Dès ce moment, le commerce anglais retrouve en Russie la faveur et les priviléges qu'une politique plus éclairée avait jugé nuisibles aux intérêts de l'empire. Alors l'impératrice, sacrifiant le droit des neutres à ses haines passagères, et renversant le seul monument honorable qu'elle eût élevé, jeta le premier brandon d'une guerre qui ne devait finir que par l'oppression de la France. Secondant la cause des intérêts britanniques, ainsi que cela avait été arrêté par une convention signée à Londres le 25 mars 1793, et avec l'orgueil qu'elle affectait pour sa propre cause, Catherine youlut commander au Danemark et à la Suède de cesser tout commerce avec la République française; et elle fit des démonstrations hostiles contre ces deux États.

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A la faveur des graves intérêts que la révolution française mettait en mouvement, Catherine poursuivait avec ardeur son système d'agrandissement. Débarrassée de toute crainte du côté de la France; intimidant la Prusse; encourageant l'Autriche; en accord parfait avec l'Angleterre, elle marchait presque sans obstacle à son but.

Ce fut à la même époque que le général russe,

comte Pahlen, fut chargé par Catherine de disposer les états de Kourlande à se soumettre à sa protection. La crainte et la corruption, ses armes ordinaires, surent si bien triompher, que le duc Pierre, fils de Biren, apprit à Saint-Pétersbourg où il avait été attiré, qu'il perdait ses droits sur la Kourlande et le Sémigalle, sans avoir été consulté ni indemnisé. C'était une addition au démembrement de la Pologne, dont le monde politique s'occupa à peine, au milieu des événements qui s'agitaient pour la révolution française.

Le génie actif de Catherine ne se contentait pas de ces usurpations si faciles; elle songea à reprendre sur la Perse ce que l'impératrice Anne avait abandonné. On trouva un prétexte pour déposséder Mahmet de Derbent.

Tout avait réussi à Catherine II. Elle avait réuni à son immense empire, par la force des armes et par sa politique adroite, la Krimée, le Kouban, plusieurs provinces de la Perse, la Kourlande, et presque la moitié de la Pologne. Le major Oppermann, dans une évaluation publiée en 1796, porte les envahissements du règne de Catherine à 526,012 verstes (ou kilomètres carrés), et 6,982,271 habi

tants.

Catherine II avait un pied dans la tombe qu'elle se croyait prête à soumettre la France, avec le secours de l'Angleterre et de l'Autriche, et à punir la Prusse de la paix de Bâle, conclue contre son gré. Catherine avait signé le premier traité de coa

lition au mois de février 1795; elle promettait une armée de 80,000 hommes, et l'Angleterre s'engageait à payer un subside de 100,000 livres sterling, outre l'entretien des troupes.

Son ambition était surtout de chasser les Turks au-delà du Bosphore. Elle portait, dit-on, ses vues sur le Japon et sur la Chine. Une mort subite trompa ses espérances; elle mourut d'une attaque d'apoplexie le 6/17 novembre 1796, et n'eut pas la satisfaction d'embrasser ses enfants et la faculté d'écrire ses dernières volontés.

Nous nous abstiendrons de rapporter ce que tant d'historiens ont raconté de sa vie privée. Sa conduite politique appartient seule à un travail de la nature de celui que nous poursuivons, et nous avons glissé sur les crimes qu'on lui impute, comme sur les mauvais traitements qu'on assure qu'elle fit souffrir à Paul Ier, en raison de la haine qu'elle porta à Pierre III, son époux. Bien qu'elle ne fit des nombreux amants, auxquels elle prodigua ses faveurs, que des instruments de sa passion; on ne peut disconvenir que le choix qu'elle en fit constamment parmi les moskovites, et surtout le caractère altier et ambitieux de Potemkine, qui sut se maintenir dans les bonnes grâces de la tzarine, pûrent être pour beaucoup dans ses apirations si étranges d'orgueil et de domination, et si contraires au flegme de la famille allemande, dont elle était issue.

A la mort de Catherine II, les revenus de la Russie

s'élevaient à 46 millions de roubles (185,000,000 f.). Son armée s'élevait à plus de 400 mille hommes, sans compter les Kosaks.

La marine se composait de 50 vaisseaux de ligne, 27 frégates, 25 vaisseaux bombardiers et autres, et environ 200 galères.

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CHAPITRE VII

De 1786 à 1801. Paul I".

Paul Ier succéda à sa mère à l'âge de 42 ans. Il avait été mis à l'écart par l'ambition jalouse de Catherine; et, dans le temps qu'elle dépensait la somme fabuleuse de près de 100 millions de roubles pour ses amants, elle laissait à peine à son fils et à ses petits-fils les moyens de pourvoir convenablement à leurs dépenses. Né avec un tempérament fougueux et des idées de justice naturelles, Paul Ier, qui avait été le témoin de la conduite de sa mère, et qui avait éprouvé les suites de sa désaffection, ne pouvait que se montrer contraire à sa mémoire et disposé à suivre un système de gouvernement tout opposé. Au luxe de la cour licencieuse de Catherine II, il substitua l'aspect d'une vie toute militaire. Les sévères uniformes remplacèrent les

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