Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small]
[merged small][merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]

France venait de reconquérir ses droits naturels, et Louis XVI n'était plus roi que de nom. L'esprit de liberté dominait partout. Le peuple, cette masse vénérable de la nation, commençait à sentir sa dignité. Désespérés du sort dont ils étaient menacés, les patriciens désertaient le territoire de la patrie pour porter sur de lointains rivages leur orgueil et leur nullité.

Comme ils tenaient de leur naissance les premiers rangs dans les armes, ces rangs restèrent par leur fuite dépourvus de titulaires. Ce fut sur cette entrefaite que l'on vit tous les souverains se liguer contre la république naissante. Alors tout ce qu'une grande nation peut montrer d'enthousiasme et d'énergie fut déployé par la nation française.

La France avait à combattre l'Autriche et la Prusse, qui s'étaient déclarées contre son nouveau gouvernement. D'abord elle les vit s'approcher sans crainte : elle les attendait même encore, lorsqu'un manifeste, publié de Coblentz par le duc de Brunswick, la fit courir aux armes et bientôt à l'ennemi. Ce manifeste portait, à la honte de la politique et de l'humanité, que Brunswick venait punir comme traîtres et rebelles tous les Français qui oseraient résister aux armées étrangères.

:

[ocr errors]

Il fallait dans cette grande conjoncture des généraux qui possédassent et méritassent à-lafois l'aveugle confiance des légions. On les trouva: Luckner, Lafayette et Rochambeau furent mis à leur tête, et chacun d'eux courut avec son armée sur les divers points où la gloire nationale appelait son ardeur. C'était l'Alsace, la Champagne et la Flandre.

? - Trois hommes immédiatement appelés à sau-ver la patrie méritent qu'on les rende l'objet 'de quelques détails. Marchant d'abord sous les drapeaux de la Hongrie, Luckner avait en vingt

endroits foudroyé nos étendars; et, pleins d'admiration pour son génie et son courage, les ré

présentans de la nation disaient de lui à la tri

"

bune: S'il a vaincu les Français lorsqu'il commandait les Allemands, que ne vaincra-t-il point lorsqu'il sera à la tête des Français (1)? Lafayette qu'enflammait un patriotisme héréditaire, avait teint de son sang les champs américains, et partageait avec Wasinghton l'auréole de gloire qui éternise le souvenir des libérateurs de cetté belle contrée. Non moins justement fameux que ses rivaux, Rochambeau avait puissamment contribué, sous le maréchal de Richelieu, à la prise de Mahon; et, placé depuis à la tête des grenadiers de l'armée, il avait su forcer le redoutable Luckner à chercher un refuge dans les gorges de Salmunster (2).

Nous avons dit que la Prusse et l'Autriche s'étaient déclarées contre la France. Leurs lé

3

(1) CHATEAUNEUF, Histoire des grands capitaines.

(2) C'est Rochambaut qui avait envoyé le chevalier d'Assas en découverte, lorsque ce dernier trouva près de Clostercamp la mort qui l'immortalisa.

gions s'avançèrent, et la guerre éclata. Nos soldats manquaient de tout, excepté de courage. Le 28 avril 1792, ils enlevèrent de vive force les places. de Quiévrain et de Porentruy. C'était débuter brislamment; mais e second jour détruisit les illusions que le premier avait enfantées: c'était en Flandre, près de Marquain. Comme les deux partis allaient en venir aux mains, des cris de sauve qui peut se firent entendre, et soudain l'épouvante passa dans nos rangs. L'armée de Rochambeau ne se rallia que sous les murs de Lille. Alors trente inille Autrichiens se consumaient en d'inutilés efforts contre les murs de Landau; Luckner en écrasait vingt-deux mille dans les retranchemens de Fontoy, et la place de Longwy tombait au pouvoir du roi de Prusse qui l'assiégeait en personne.

Cette dernière opération fut regardée par les alliés comme un triomphe éclatant. Fiers de n'avoir pas été battus partout, les Prussiens eurent la présomption de marcher directement sur Paris. Kellermann les attendait, campé dans les plaines de la Champagne. A peine aperçut-il

« ZurückWeiter »