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vous nous ne voulons pas nous mêler des affaires des nations étrangères; mais malheur à qui se mêlerait des nôtres.

Voilà les braves du bataillon qui m'a accom pagné dans mon malheur; ils sont tous mes amis. Ils étaient chers à mon cœur : toutes les fois que je les voyais, ils me représentaient les différens régimens de l'armée; car dans ces six cents braves, ils y a des hommes de tous les régimens. (1) Tous me rappelaient ces grandes

(1) Tant que Napoléon n'avait eu d'autre trône que son rocher, ils s'étaient montrés aussi désintéressés * que fidèles; lorsqu'il eut recouvré sa couronne, ils se flattèrent que leur dévouement serait généreusement « récompensé. Les uns, que l'honneur seul avait atta• chés au sort de Napoléon, jouissaient d'avance des louanges, des titres et des cordons qui leur seraient prodigués; les autres, animés de sentimens moins élevés, aspiraient à des biens plus réels. La garde et «ses dignes chefs n'ambitionnaient que la seule faveur de conserver le glorieux titre de Grenadiers de l'île d'Elbe. Vaines illusions! La pensée de l'Empereur, • absorbée tout entière par d'autres soins, ne se repor,

journées, dont le souvenir m'est si cher, car tous sont couverts d'honorables cicatrices reçues à ces batailles mémorables. En les aimant, c'est vous tous, soldats de toute l'armée française, que j'aimais. Ils vous rapportent ces aigles; qu'elles vous servent de ralliment! en les donnant à la garde, je les donne à toute l'armée.

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La trahison et des circonstances malheureuses les avaient couvertes d'un voile funèbre; mais grâce au peuple français et à vous, elles reparaissent resplendissantes de toute leur gloire. Jurez qu'elles se trouveront toujours partout où l'intérêt de la patrie les appelera; que les traîtres, et ceux qui voudraient envahir notre territoire, n'en pourront jamais soutenir les regards.

tait plus vers les braves qui avaient partagé son exil ⚫et ses malheurs. Cependant ce moment d'oubli n'eut ⚫ point le temps de dégénérer en ingratitude: il fut réparé. Des grades, des dotations, des indemnités leur • furent accordés; et, s'ils n'eurent point à se louer complétement de Napoléon, ils cessèrent du moins ■ d'avoir à s'en plaindre. »

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FRANÇAIS! la défection du duc de Castiglione livra Lyon sans défense à nos ennemis. L'armée dont je lui avais confié le commandement était, par le nombre de ses bataillons, la bravoure et le patriotisme des troupes qui la composaient en état de battre le corps d'armée autrichien qui lui était opposé, et d'arriver sur les derrières du flanc gauche de l'armée ennemie, qui menaçait Paris. (1)

(1) Il est mille fois certain que le maréchal Augereau flétrit tous ses lauriers dans la campagne de France. Napoléon lui avait pourtant écrit par l'organe du maréchal Berthier, d'oublier ses cinquante-cinq ans, pour ne se rappeler que des beaux jours de Castiglione. Il n'en tint aucun compte et se laissa complaisamment rejeter derrière l'Isère avec une armée qui aurait sauvé la patrie s'il eût exécuté avec zèle et courage les instructions qu'il avait reçues.

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Les victoires de Champ-Aubert, de Montmirail, de Château-Thierry, de Vauchamp, de Mormans, de Montereau, de Craone, de Rheims, d'Arcy-sur-Aube et de Saint-Dizier ; l'insurrection des braves paysans de la Lorraine, de la Champagne, de l'Alsace, de la Franche-Comté et de la Bourgogne, et la position que j'avais prise sur les derrières de l'armée ennemie, en la séparant de ses magasins, de ses parcs de réserve, de ses convois et de tous ses équipages, l'avaient placée dans une situation désespérée. Les Français ne furent jamais sur le point d'être plus puissans, et l'élite de l'armée ennemie était perdue sans ressource; elle eut trouvé son tombeau dans ces vastes contrées qu'elle avait si impitoyablement saccagées, lorsque la trahison du duc de Raguse livra la capitale et désorganisa l'armée. (1) La conduite inattendue de ces deux généraux, qui trahirent à la fois leur patrie,

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(1)On vantait il y a quelques jours en ma présence l'intrépide manière dont le jeune capitaine Marmont se montra jadis sur le Rhin devant toutes les masses du

leur prince et leur bienfaiteur, changea le destin de la guerre; la situation de l'ennemi était telle qu'à la fin de l'affaire qui eut lieu devant Paris, il était sans munitions par la séparation de ses parcs de réserve.

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Dans ces nouvelles et grandes circonstances, mon cœur fut déchiré, mais mon âme resta inébranlable; je ne consultai que l'intérêt de la patrie, je m'exilai sur un rocher au milieu des mers: ma vie vous était et devait encore vous être utile. Je ne permis pas que le grand nom→ bre de citoyens qui voulaient m'accompagner, partageassent mon sort; je crus leur présence utile à la France, et je n'emmenai avec moi

général Clairfait. C'est alors, ajouta quelqu'un, que la patrie pouvait lui dire. :

Tu n'as point démenti ma gloire et mon estime,
Va, conserve à jamais cet esprit magnanime:
Que Rome admire en toi son éternel soutien.
Grands Dieux ! que ce héros soit toujours citoyen!
Dieux! ne corrompez pas cette âme généreuse,
Et que tant de vertu ne soit pas dangereuse!

VOLTAIRE.

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