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« constante pour le génie de l'empereur, cette idolâtrie, « ne m'aveuglèrent jamais sur le despotisme toujours «< croissant de l'Empire. » Paul-Louis Courier, parlant de l'avènement de Napoléon au trône, dit : « Que signifie, dis-moi. . . . ., un homme comme lui, Bonaparte, soldat, chef d'armée, le premier capitaine du monde, vouloir qu'on l'appelle majesté! être Bonaparte <«<et se faire sire! Il aspire à descendre: mais non, il croit « monter en s'égalant aux rois. Il aime mieux un titre qu'un nom. Pauvre homme, ses idées sont au-dessous « de sa fortune. Ce César l'entendait bien mieux, et aussi « c'était un autre homme : il ne prit point de titres usés; «< mais il fit de son nom un titre supérieur à celui des « rois. » Les talents vivants ont pris la route de la même indépendance, M. de Lamartine à la tribune, M. de Latouche dans la retraite : dans deux ou trois de ses plus belles odes, M. Victor Hugo a prolongé ces nobles accents:

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Dans la nuit des forfaits, dans l'éclat des victoires,
Cet homme ignorant Dieu, qui l'avait envoyé, etc.

Enfin, à l'extérieur, le jugement européen était tout aussi sévère. Je ne citerai parmi les Anglais que le sentiment des hommes de l'opposition, lesquels s'accommodaient de tout dans notre Révolution et la justifiaient de tout lisez Mackintosh dans sa plaidoirie pour Pelletier. Sheridan, à l'occasion de la paix d'Amiens, disait au parlement : « Quiconque arrive en Angleterre, en sortant « de France, croit s'échapper d'un donjon pour respirer « l'air et la vie de l'indépendance. »

Lord Byron, dans son Ode à Napoléon, le traite de la plus indigne manière :

'T is done-but yesterday a king!
And arm'd with kings to strive,
And now thou art a namless thing
So abject-yet alive.

« C'en est fait! hier encore un roi! et armé pour « combattre les rois! Et aujourd'hui tu es une chose sans « nom, si abjecte! vivant néanmoins. >>

L'ode entière est de ce train; chaque strophe enchérit sur l'autre, ce qui n'a pas empêché lord Byron de célébrer le tombeau de Sainte-Hélène. Les poëtes sont des oiseaux tout bruit les fait chanter.

:

Lorsque l'élite des esprits les plus divers se trouve d'accord dans un jugement, aucune admiration factice ou sincère, aucun arrangement de faits, aucun système imaginé après coup, ne sauraient infirmer la sentence. Quoi! on pourrait, comme le fit Napoléon, substituer sa volonté aux lois, persécuter toute vie indépendante, se faire une joie de déshonorer les caractères, de troubler les existences, de violenter les mœurs particulières autant que les libertés publiques; et les oppositions généreuses qui s'élèveraient contre ces énormités seraient déclarées calomnieuses et blasphématrices! Qui voudrait défendre la cause du faible contre le fort, si le courage, exposé à la vengeance des viletés du présent, devait encore attendre le blâme des lâchetés de l'avenir!

Cette illustre minorité, formée en partie des enfants des Muses, devint graduellement la majorité nationale vers la fin de l'Empire tout le monde détestait

le despotisme impérial. Un reproche grave s'attachera à la mémoire de Bonaparte : il rendit son joug si pesant que le sentiment hostile contre l'étranger s'en affaiblit, et qu'une invasion, déplorable aujourd'hui en souvenir, prit, au moment de son accomplissement, quelque chose d'une délivrance: c'est l'opinion républicaine même, énoncée par mon infortuné et brave ami Carrel. « Le « retour des Bourbons, avait dit à son tour Carnot, « produisit en France un enthousiasme universel; ils furent accueillis avec une effusion de cœur inexprimable, les anciens républicains partagèrent sincère«ment les transports de la joie commune. Napoléon les « avait particulièrement tant opprimés, toutes les classes « de la société avaient tellement souffert, qu'il ne se « trouvait personne qui ne fût réellement dans l'ivresse.»

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Il ne manque à la sanction de ces opinions qu'une autorité qui les confirme: Bonaparte s'est chargé d'en certifier la vérité. En prenant congé de ses soldats dans la cour de Fontainebleau, il confesse hautement que la France le rejette : « La France elle-même, dit-il, a « voulu d'autres destinées. » Aveu inattendu et mémorable, dont rien ne peut diminuer le poids ni amoindrir la valeur.

Dieu, en sa patiente éternité, amène tôt ou tard la justice dans les moments du sommeil apparent du ciel, il sera toujours beau que la désapprobation d'un honnête homme veille, et qu'elle demeure comme un frein à l'absolu pouvoir. La France ne reniera point les nobles âmes qui réclamèrent contre sa servitude, lorsque tout était prosterné, lorsqu'il y avait tant d'avantages à l'être, tant de grâces à recevoir pour des flatteries, tant de persécu

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tions à recueillir pour des sincérités. Honneur donc aux La Fayette, aux de Staël, aux Benjamin Constant, aux Camille Jordan, aux Ducis, aux Lemercier, aux Lanjuinais, aux Chénier, qui, debout au milieu de la foule rampante des peuples et des rois, ont osé mépriser la victoire et protester contre la tyrannie!

Revu le 22 février 1845.

LE SÉNAT REND LE DÉCRET DE DÉCHÉANCE.

Le 2 avril les sénateurs, à qui l'on ne doit qu'un seul article de la charte de 1814, l'ignoble article qui leur conserve leurs pensions, décrétèrent la déchéance de Bonaparte. Si ce décret libérateur pour la France, infâme pour ceux qui l'ont rendu, fait à l'espèce humaine un affront, en même temps il enseigne à la postérité le prix des grandeurs et de la fortune, quand elles ont dédaigné de s'asseoir sur les bases de la morale, de la justice et de la liberté.

DÉCRET DU SÉNAT CONSERVATEUR.

« Le Sénat conservateur, considérant que dans une monarchie constitutionnelle le monarque n'existe qu'en vertu de la constitution ou du pacte social;

« Que Napoléon Bonaparte, pendant quelque temps d'un gouvernement ferme et prudent, avait donné à la

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