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Revu le 22 février 1845.

MALHEURS DE LA FRANCE.

JOIES FORCÉES. SÉJOUR A MA VALLÉE.

RÉVEIL DE LA LÉGITIMITÉ.

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Lorsque Bonaparte arriva précédé de son bulletin, la consternation fut générale. « On ne comptait dans J'Empire, dit M. de Ségur, que des hommes vieillis par « le temps ou par la guerre, et des enfants; presque plus, << d'hommes faits! où étaient-ils? Les pleurs des femmes, « les cris des mères, le disaient assez! Penchées labo« rieusement sur cette terre qui sans elles resterait inculte, elles maudissent la guerre en lui. »

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Au retour de la Bérésina, il n'en fallut pas moins danser par ordre c'est ce qu'on apprend des Souvenirs pour servir à l'histoire, de la reine Hortense. On fut contraint d'aller au bal, la mort dans le cœur, pleurant intérieurement ses parents ou ses amis. Tel était le déshonneur auquel le despotisme avait condamné la France:

on voyait dans les salons ce que l'on rencontre dans les rues, des créatures se distrayant de leur vie en chantant leur misère pour divertir les passants.

Depuis trois ans j'étais retiré à Aunay: sur mon coteau de pins, en 1811, j'avais suivi des yeux la comète qui pendant la nuit courait à l'horizon des bois; elle était belle et triste, et, comme une reine, elle traînait sur ses pas son long voile. Qui l'étrangère égarée dans notre univers cherchait-elle? à qui adressait-elle ses pas dans le désert du ciel?

Le 23 octobre 1812, gîté un moment à Paris, rue des Saints-Pères, à l'hôtel Lavalette, madame Lavalette, mon hôtesse, la sourde, me vint réveiller munie de son long cornet: «< Monsieur! monsieur! Bonaparte est mort! « Le général Malet a tué Hullin. Toutes les autorités sont changées. La révolution est faite. »

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Bonaparte était si aimé que pendant quelques instants Paris fut dans la joie, excepté les autorités burlesquement arrêtées. Un souffle avait presque jeté bas l'Empire. Évadé de prison à minuit, un soldat était maître du monde au point du jour; un songe fut près d'emporter une réalité formidable. Les plus modérés disaient : « Si Napoléon n'est pas mort, il reviendra corrigé par ses « fautes et par ses revers; il fera la paix avec l'Europe, « et le reste de nos enfants sera sauvé. » Deux heures après sa femme, M. Lavalette entra chez moi pour m'apprendre l'arrestation de Malet: il ne me cacha pas (c'était sa phrase coutumière) que tout était fini. Le jour et la nuit se firent au même moment. J'ai raconté comment Bonaparte reçut cette nouvelle dans un champ de neige près de Smolensk.

Le sénatus-consulte du 12 janvier 1813 mit à la disposition de Napoléon revenu deux cent cinquante mille hommes; l'inépuisable France vit sortir de son sang par ses blessures de nouveaux soldats. Alors on entendit une voix depuis longtemps oubliée; quelques vieilles oreilles françaises crurent en reconnaître le son: c'était la voix de Louis XVIII; elle s'élevait du fond de l'exil. Le frère de Louis XVI annonçait des principes à établir un jour dans une charte constitutionnelle; premières espérances de liberté qui nous venaient de nos anciens rois.

Alexandre, entré à Varsovie, adresse une proclamation à l'Europe:

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« Si le Nord imite le sublime exemple qu'offrent les « Castillans, le deuil du monde est fini. L'Europe, sur le point de devenir la proie d'un monstre, recouvrerait à « la fois son indépendance et sa tranquillité. Puisse enfin « de ce colosse sanglant qui menaçait le continent de sa cri« minelle éternité ne rester qu'un long souvenir d'horreur « et de pitié! >>

Ce monstre, ce colosse sanglant qui menaçait le continent de sa criminelle éternité, était si peu instruit par l'infortune qu'à peine échappé aux Cosaques, il se jeta sur un vieillard qu'il retenait prisonnier.

LE PAPE A FONTAINEBLEAU.

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Nous avons vu l'enlèvement du pape à Rome, son séjour à Savone, puis sa détention à Fontainebleau. La discorde s'était mise dans le sacré collége: des cardinaux voulaient que le saint-père résistât pour le spirituel, et ils eurent ordre de ne porter que des bas noirs; quelquesuns furent envoyés en exil dans les provinces; quelques chefs du clergé français enfermés à Vincennes : d'autres cardinaux opinaient à la soumission complète du pape; ils conservèrent leurs bas rouges : c'était une seconde représentation des cierges de la Chandeleur.

Lorsqu'à Fontainebleau le pape obtenait quelque relâchement de l'obsession des cardinaux rouges, il se promenait seul dans les galeries de François Ier : il y reconnaissait la trace des arts qui lui rappelaient la ville sacrée, et de ses fenêtres il voyait les pins que Louis XVI

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