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du monde prescrit à son ministre des affaires étrangères d'écrire à Rome pour déclarer au pape que lui, Napoléon, n'acceptera pas les cierges de la Chandeleur, que le roi d'Espagne, Joseph, n'en veut pas non plus; les rois de Naples et de Hollande, Joachim et Louis, doivent également refuser lesdits cierges.

Le consul de France eut ordre de dire à Pie VII « que ce n'était ni la pourpre ni la puissance qui don«nent de la valeur à ces choses (la pourpre et la puis«<sance d'un vieillard prisonnier!), qu'il peut y avoir en « enfer des papes et des curés, et qu'un cierge bénit par « un curé peut être une chose aussi sainte que celui ་་ d'un pape. » Misérables outrages d'une philosophic de

club.

Puis Bonaparte, ayant fait une enjambée de Madrid à Vienne, reprenant son rôle d'exterminateur, par un décret daté du 17 mai 1809 réunit les États de l'Église à 'l'empire français, déclare Rome ville impériale libre, et nomme une consulte pour en prendre possession.

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Le pape dépossédé résidait encore au Quirinal; il commandait encore à quelques autorités dévouées, à quelques Suisses de sa garde; c'était trop : il fallait un prétexte à une dernière violence; on le trouva dans un incident ridicule, qui pourtant offrait une preuve naïve d'affection des pêcheurs du Tibre avaient pris un esturgeon; ils le veulent porter à leur nouveau saint Pierre aux Liens; aussitôt les agens français crient à l'émeute! et ce qui restait du gouvernement papal est dispersé. Le bruit du canon du château Saint-Ange annonce la chute de la souveraineté temporelle du pontife. Le drapeau pontifical abaissé fait place à ce drapeau tricolore qui

dans toutes les parties du monde annonçait la gloire et les ruines. Rome avait vu passer et s'évanouir bien d'autres orages: ils n'ont fait qu'enlever la poussière dont su vieille tête est couverte.

PROTESTATION DU SOUVERAIN PONTIFE.

IL EST ENLEVÉ DE ROME.

Le cardinal Pacca, un des successeurs de Consalvi qui s'était retiré, courut auprès du saint-père. Tous les deux s'écrient: Consummatum est! Le neveu du cardinal, Tibère Pacca, apporte un exemplaire imprimé du décret de Napoléon; le cardinal prend le décret, s'approche d'une fenêtre dont les volets fermés ne laissaient entrer qu'une lumière insuffisante, et veut lire le papier; il n'y parvient qu'avec peine, en voyant à quelques pas de lui son infortuné souverain et entendant les coups de canon du triomphe impérial. Deux vieillards dans la nuit d'un palais romain luttaient seuls contre une puissance qui écrasait le monde; ils tiraient leur vigueur de leur âge : prêt à mourir on est invincible.

Le pape signa d'abord une protestation solennelle ; mais, avant de signer la bulle d'excommunication depuis

longtemps préparée, il interrogea le cardinal Pacca: «Que feriez-vous? lui dit-il. — Levez les yeux au ciel, répondit le serviteur, ensuite donnez vos ordres : ce qui sortira de votre bouche sera ce que veut le ciel. » Le pape leva les yeux, signa et s'écria: « Donnez cours à la bulle. »

Megacci posa les premières affiches de la bulle aux portes des trois basiliques, de Saint-Pierre, de SainteMarie-Majeure et de Saint-Jean-de-Latran. Le placard fut arraché; le général Miollis l'expédia à l'empereur.

Si quelque chose pouvait rendre à l'excommunication un peu de son ancienne force, c'était la vertu de Pie VII: chez les anciens, la foudre qui éclatait dans un ciel serein passait pour la plus menaçante. Mais la bulle conservait encore un caractère de faiblesse : Napoléon, compris parmi les spoliateurs de l'Église, n'était pas expressément nommé. Le temps était aux frayeurs; les timides se réfugièrent en sûreté de conscience dans cette absence d'excommunication nominale. Il fallait combattre à coups de tonnerre; il fallait rendre foudre pour foudre, puisqu'on n'avait pas pris le parti de se défendre; il fallait faire cesser le culte, fermer les portes des temples, mettre les églises en interdit, ordonner aux prêtres de ne plus administrer les sacrements. Que le siècle fût propre ou non à cette haute aventure, utile était de la tenter: Grégoire VII n'y eût pas manqué. Si d'une part il n'y avait pas assez de foi pour soutenir une excommunication, de l'autre il n'y en avait plus assez pour que Bonaparte, devenant un Henri VIII, se fit chef d'une Église séparée. L'empereur, par l'excommunication complète, se füt trouvé dans des difficultés inextricables: la violence peut

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