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Ah! le chat?... Vous donnerez ce que

vous voudrez à la fille.

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Mais, où donc sommes-nous? m'écriai

je; que nous dressions des autels aux dieux!...

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Vous êtes à Saint-Péray, mes bons mes

sieurs.

A Saint-Péray! alors, tâchez de nous trouver un rôti, une omelette, un souper quel

conque, et apportez-nous deux autres bouteilles.

Nous fimes pour trois francs, y compris le chat, un des meilleurs repas que nous eussions encore faits de notre vie.

A Paris, Mistigri seul nous aurait coûté le double; il est vrai qu'on nous l'aurait probablement servi en gibelotte.

A dix heures, nous nous remîmes gaiement en route, et, après vingt minutes de marche, nous arrivâmes à Valence.

XII

Valence.

Quoique Valence date, comme Vienne, de la plus haute antiquité, puisqu'au dire d'André Duchesne, Tourangeau, auteur des Antiquités des villes, châteaux et places les plus remarquables de France, elle aurait été fondé quinze cents ans avant Jésus-Christ, les traditions modernes ont prévalu sur les souvenirs antiques. Bonaparte sous-lieutenant y a fait

oublier César général, et le pape Pie VI qui y mourut l'empereur Constance qui y fut pris.

Ce fut en 1788, je crois, que Bonaparte recut à Ajaccio son brevet de sous-lieutenant au régiment d'artillerie de La Fère en garnison à Valence. Il partit, emmenant avec lui, pour soulager sa famille, son frère Louis, auquel il montrait les mathématiques. Arrivé à sa destination, il loua, Grande-Rue, no 4, en face du magasin du libraire Marc-Aurèle, dans la maison de mademoiselle Bau, une chambre pour lui et une mansarde pour son jeune frère.

Bonaparte vivait alors fort retiré, passant une partie de ses journées dans le magasin de Marc-Aurèle, qui avait pris le jeune souslieutenant en amitié, et qui avait mis toute sa librairie à sa disposition. Quant à ses soirées, elles étaient consacrées à deux ou trois amis : M. Josselin, ancien officier; M. de Montalivet, qui fut depuis pair de France, et M. de Tardiva, ex-abbé de Saint-Ruf.

Bonaparte avait rencontré chez M. de Tardiva une jeune personne dont il était devenu passionnément amoureux. Elle se nommait mademoiselle Grégoire du Colombier, et elle appartenait à une famille aisée, sinon riche. Bonaparte professait dès cette époque cette rigidité de principes qu'il conserva sur le trône; aussi à peine eut-il l'assentiment de mademoiselle Grégoire, qu'il tenta une démarche d'une grande hardiesse dans sa position; il la demanda en mariage.

Malheureusement pour Bonaparte, il avait un rival préféré, sinon par mademoiselle Grégoire, du moins par sa famille; ce rival se nomme M. de Bressieux. Les parens de mademoiselle Grégoire n'hésitèrent point entre un gentilhomme dont la fortune était faite et un sous-lieutenant qui avait sa fortune à faire. Bonaparte fut évincé, et mademoiselle Grégoire devint madame de Bressieux.

Cela fut d'autant plus pénible au jeune Napoléon, que, s'il faut en croire ces anecdotes

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