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qui renferme le cœur du saint, contenu dans une cassette de bois de cèdre. Un trou rond, pratiqué dans le tombeau même, sert aux fidèles à accomplir un acte de foi. Tout homme croyant qui a eu le malheur d'être mordu par un chien enragé peut venir dans l'église, introduire sa tête dans le trou, l'y laisser le temps de dire cinq Pater et cinq Ave, et le sacristain ne fait nul doute qu'il sera guéri.

Un couvent de religieuses nobles attenait autrefois à l'église de Saint-Menoux : la règle d'admission n'en était pas trop sévère; seulement toute demoiselle entrant dans l'ordre après avoir commis une faute, était peinte en homme, et son portrait placé dans une galerie destinée à entretenir, par la vue de ce singulier travestissement, l'humilité dans le cœur du coupable. Nous remarquâmes que l'une des plus jolies pécheresses, non seulement portait l'habit masculin, mais encore sur cet habit une armure. Celle-là avait probable

ment commis quelque énorme crime. Il y avait dans la galerie de cent cinquante à cent soixante tableaux.

Pendant notre visite à ces nouvelles chevalières d'Éon, le temps s'étant éclairci, nous pûmes nous remettre en route. En repassant à Sauvigny, Allier nous fit remarquer une tour située à l'angle de la place de l'église; c'est tout ce qui reste de l'ancien château des ducs de Bourbon, qui, vers le quatorzième siècle, abandonnèrent la résidence de Sauvigny pour celle de Moulins.

Nous rentrâmes dans notre hôtel vers les onze heures du soir, et trois heures encore nous causâmes autour du feu de vieux souvenirs historiques, d'antiques légendes merveilleuses, d'anciens contes populaires, dont Allier faisait recueil pour son grand ouvrage du Bourbonnais, sur lequel il avait concentré toutes ses facultés et toutes ses espérances. Enfin il alla dans sa chambre, qui était

contiguë à la nôtre. Long-temps encore nous échangeâmes quelques paroles à travers la cloison. Le lendemain il nous accompagna encore à un quart de lieue de la ville: là nous nous embrassâmes sans nous douter que c'était pour la dernière fois.

VII

Rome dans les Gaules.

Le lendemain nous arrivâmes à Lyon : rien ne nous avait arrêtés sur la route, que le vieux château presque abandonné de Jacques II de Chabanne, seigneur de la Palice. Il nous fut montré par un concierge sexagénaire, ruine vivante au milieu de ces ruines mortes, les des

cendans de la famille ayant cessé d'habiter la résidence de leurs ancêtres. Taylor m'avait recommandé de ne point passer dans le village que dominent ces murs gothiques sans entrer dans la cour du maître de poste, où le tombeau du vainqueur de Ravenne, chef-d'œuvre du seizième siècle et merveille de renaissance, servait d'auge à abreuver les chevaux. J'avais été, alors qu'il me la raconta dans son indignation toute nationale, frappé douloureusement de cette circonstance. Ce n'était pas assez d'avoir profané le nom, on avait encore profané les cendres. Aussi n'eus-je garde de manquer à sa recommandation. Mais le tombeau n'y était plus; il avait été acheté et transporté dans le musée d'Avignon quant aux ossemens, on ne savait pas ce qu'ils étaient de

venus.

Nous visitâmes ces débris, qui avaient été habités, au temps de leur splendeur, par un de ces hommes que Richelieu trouva de si haute

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