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qui fussent en maisons de prince de la chré

tienté. >>

Voilà comment et pourquoi le connétable de Bourbon quitta la France, qui était sa patrie, et devint traître, habitué qu'il était à citer cette réponse d'un officier gascon à Charles VII, qui lui demandait si quelque chose pourrait le détacher de son service: «Non, siré, pas même l'offre de trois royaumes comme le vôtre; mais oui, sire, un seul affront. >>

Et nous ne dirons pas adieu au connétable, même en quittant le vieux château qui rappelle sa mémoire; car Bourbon-l'Archambault n'est que le nid d'où l'aigle a pris son vol: nous le retrouverons planant sur la villė de Marseille, s'abattant dans les plaines de Pavie et sur les murs de Rome; nous chercherons l'empreinte de son bec et de ses serres sur la couronne de François Ier, et sur la tiare de Clément VII; car, comme le dit la chan

son castillane, la France lui donna le lait, l'Espagne la gloire et l'aventure, et l'Italie la tombe.

Cette tombe, que Brantome a vue, était élevée à Gate; car les soldats du connétable n'osèrent point laisser son corps à Rome, de peur qu'après leur départ il ne fût profané. Au-dessus d'elle flottait l'étendard jaune, que Bourbon avait adopté en entrant au service de l'empereur, et qui représentait un cerf-volant avec des épées flamboyantes, et le mot espérance : ce qui voulait dire qu'il lui avait fallu la vitesse d'un cerf ailé pour quitter la France mais qu'il avait la terrible espérance d'y rentrer avec le fer et avec le feu. Sur la face qui regardait la porte, on lisait cette épitaphe, mesure exagérée, mais curieuse, de la réputation que le Coriolan du moyen-âge avait lais

sée en mourant :

D'assez a fait beaucoup Charlemagne le preux ;
Alexandre le Grand de peu fit quelque chose:

Mais de néant a plus fait que n'ont fait tous deux
Charles duc de Bourbon, qui ci-dessous repose.

Les biens du connétable de Bourbon restėrent la propriété de madame Loyse de Savoie et de Henri II, jusqu'au moment où le roi François second en rendit, l'an mil cinq cent soixante-deux, quelques-uns à monseigneur Loys de Bourbon, duc de Montpensier; mais le château de Bourbon-l'Archambault ne fut pas de ceux-là, et il demeura entre les mains des Valois jusqu'au jour de l'assassinat de Henri III, à l'heure duquel, par une singulière coïncidence, la foudre, en tombant sur la sainte chapelle qui s'élevait au pied des tours qui sont encore debout, emporta le lambel de la maison de Bourbon, et, laissant les trois fleurs de lis intactes, en fit l'écusson de France. De nos jours aussi un orage populaire a éclaté sur les descendans des Bourbons, comme il éclatait alors sur la race des Valois; mais

cette fois, en tombant sur les Tuileries, le tonnerre a brisé lambel et écusson.

Commencée par Jean II, continuée par Pierre II, et achevée seulement en 1508, époque à laquelle le gothique était dans sa plus grande efflorescence, cette sainte chapelle, sœur et rivale de celle de Paris, réunissait les merveilleux caprices de l'art du quinzième siècle à la perfection et au fini de la renaissance. Elle avait de riches vitraux semés de saintes légendes, des boiseries délicates taillées dans le chêne, des dentelles creusées dans la pierre, des châsses d'or incrustées de joyaux, des statues d'argent massif, et un reliquaire d'or tout parsemé de rubis, qui renfermait un morceau de la vraie croix, que saint Louis lui-même avait rapporté de la Terre-Sainte et donné à son fils Robert de France, comte de Clermont. Cette précieuse relique était gardée dans une chapelle souterraine appelée le trésor. Montée en or pur, elle for

mait la croix d'un Calvaire, où, près des statues de la Vierge, de saint Jean et de la Madeleine pénitente, un de ces grands artistes inconnus qui vécurent dans le quatorzième siècle avait groupé les statues agenouillées de Jean, duc de Bourbon, et de Jeanne de France, sa femme; une couronne d'or surmontait la croix et portait cette inscription :

Louis de Bourbon, second du nom, fit garnir de pierreries et de dorures cette croix, l'an 1393.

Quatre siècles plus tard, année pour année, un pauvre prêtre de l'église paroissiale retrouva dans la poussière ce morceau de la vraie croix, arraché de son Golgotha d'argent ét dépouillé de son or et de ses rubis. Il le mit dans un pauvre reliquaire, qui ne pouvait tenter la cupidité de personne, et cette humble action fut sans doute aussi agréable à Dieu que la fastueuse offrande de Louis de Bourbon.

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