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royalistes. Vous savez aussi que M. le comte d'Artois a désiré aller en Bretagne. Nous avons mis en mer une expédition digne de Son Altesse Royale; à peine embarquée, elle a fait faire des démarches; et voici deux lettres originales, par lesquelles elle demande son retour: je ne lui ai pas répondu, et j'apprends que Son Altesse Royale est arrivée d'elle-même sur la frégate le Jason. Et puis, faites quelque chose pour cette cause-là!»

On apprit bientôt, dans la Vendée et la Bretagne, la conduite du comte d'Artois; elle y produisit un effet déplorable, et renversa les espérances des chefs de parti. Voici la lettre que Charrette adressa à Louis XVIII:

« Sire, la lâcheté de votre frère a tout perdu. Il ne pouvait paraître sur cette côte que pour tout perdre ou tout sauver. Son retour en Angleterre a décidé de notre sort. Aujourd'hui il n'y a plus qu'à périr inutilement pour votre service. » Je suis avec respect, de Votre Majesté.

>> CHARRETTE. >>

LES ROYALISTES A L'INTÉRIEUR.

1796.

Je prends les événemens d'un peu loin pour arriver à la restauration de 1814; il le faut bien. La dynastié, le parti et les hommes qui alors triomphèrent ont conservé, dans leur vie d'émigration et dans leur époque de pouvoir ét de gouvernement, une sorte d'unité dramatique. Tels ils étaient, téls ils se sont retrouvés, et c'est chose bonne à rappeler!

Une des pensées de Louis XVIII et du comte d'Antraigues avait toujours été d'opérer la restauration par l'intérieur. C'est dans ce sens que le conseil avait agi. On avait éprouvé tant d'humiliations, tant de dégoûts de l'étranger, que Louis xvIII était persuadé qu'il n'y avait de restauration possible que par les Français. C'est dans ce but que le comte d'Antraigues avait établi des agences royales dans toutes les provinces de France.

La France était divisée en trois agences:

L'une comprenait la Franche-Comté, le Lyonnais, l'Auvergne, le Forez; une autre les provinces méridionales. Elles furent successivement placées à Constance et à Augsbourg, sous la direction de M. le président du Vezet, de MM. d'André, Imbert-Colomès et Précy. La troisième agence qui s'étendait sur le reste du royaume, était dirigée par les commissaires de Paris, savoir: Brottier, Duverne de Presle et Lavilheurnoy. Toutes trois ne devaient agir que de concert. Tout mouvement partiel leur était interdit expressément. Le gouvernement anglais avait pris l'engagement de fournir les subsides pour toutes les dépenses jugées nécessaires.

Ce qui porta un premier coup aux agences intérieures du royalisme, ce fut la découverte des papiers de l'abbé Lemaître, et de sa correspondance avec les princes.

Le canon de vendémiaire retentissait encore, lorsque l'abbé Lemaître fut arrêté dans sa maison, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, n° 75. On trouva chez lui une vaste correspondance de Louis XVIII du temps de sa régence. Elle était écrite en encre sympathique

dans l'intervalle des lignes d'une écriture ordinaire et insignifiante; chaque personnage était désigné par des chiffres : le régent, par le chiffre 49, le comte d'Artois par 45, et le prince de Condé par 77. On y lisait : «< Si Paris voulaitaller, que ces gens fourbes et atroces seraient trompés! Faites faire explosion; criez vive le roi! Nous n'avons d'espoir que dans les troubles intérieurs. Les chansons étant ce qui convient le mieux au peuple français, nous en avons établi une fabrique. Nous vous envoyons le prospectus, vous le ferez imprimer; vous ferez gémir la presse sous les chansons, ce sera un peu plus gai. La Vendée! la Vendée! c'est là notre salut. Quelqu'un, qui arrive de Paris, nous dit qu'il y a bien des partis : il y en a un pour M. le duc de Chartres; mais les masses sont républicaines. Les principaux chefs sont Las-Cazes, Lacretelle et Richer-Sérisy. Ces hommes, cependant, ne sont pas républicains. Ne serait-il pas possible de leur faire servir le régent? La chose la plus grave, y est-il dit encore, est au sujet de l'amnistie. Je ne pense pas qu'on doive accorder un pardon général à tous ceux qui ont voté la mort du roi; mais ce serait une chose bien différente que le pardon à ceux

d'entre eux qui, par leurs services, sauveraient la monarchie.

» Je ne serais pas étonné que Cambacérès fût du nombre de ceux qui voudraient le retour de la royauté. Je l'ai vu souvent, c'est un homme d'esprit, il doit désirer le rétablissement de la monarchie.

» Le parti dominant de la convention songe au rétablissement de la royauté. Celui qui m'a porté ta lettre était envoyé par les chefs pour voir s'il y aurait moyen de traiter avec les princes pour se procurer des sûretés. »

Telle était en résumé la correspondance de l'abbé Lemaître; il fut condamné à mort par une commission militaire.

Cette exécution sévère ne détourna pas les agences. Le 12 pluviose an v, le ministre de la police, Cochon, fit, au conseil des cinq cents un long rapport pour dénoncer une conspiration au profit de la cause royale. Les auteurs de cette conspiration étaient l'abbé Brottier, connu par ses ouvrages d'université, et particulièrement par une traduction de Plutarque; M. Duverne de Presle, ancien officier de marine, et Lavilheurnoy, hommes ardens pour la cause royaliste. Jamais conspiration n'avait

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