Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

plus grande occasion que celle où vous présentez des décrets qui doivent avoir une influence si importante et si propice au bonheur de mes sujets, et à la prospérité de l'empire. » Quelques jours après, il écrivait à M. le duc de Polignac : « Ceux qui, sous prétexte de tout régénérer, sapent les bases de la monarchie, n'ont point diminué d'audace depuis votre départ. Les maux de la France augmentent progressivement d'une manière effrayante. »

A qui le roi s'adressait-il pour placer sa confiance? Quels étaient les hommes de son intimité ? Le côté droit de l'assemblée, les athlètes les plus ardens, les faiseurs de projets de contre-révolution. Le roi écrit à l'abbé Maury: « Vous avez le courage d'Ambroise, l'éloquence de Chrysostôme, il vous est impossible de transiger avec l'erreur; vous avez le cœur d'un Français de la vieille monarchie. Vous excitez mon admiration, mais je redoute pour vous la haine de nos ennemis communs. » Il disait à l'ardent Duval d'Espremenil : « Vous avez fait preuve, dans le sein de la représentation nationale, d'un zèle pour le maintien de la monarchie, qui n'a point échappé à ma sensibilité ni à celle de ma famille. » Il répondait au

fougueux comte de Rivarol: « Le plan que vous m'avez remis est un chef-d'oeuvre de politique et de philosophie. » Et quel plan, grand Dieu! des folies de parti, des extravagances dans le goût de la fuite à Varennes.

Au contraire, le roi éprouve une répugnance marquée pour tous les hommes qui ont participé à la révolution. Veulent-ils se rapprocher de lui? Il les repousse. Ce ne sont pas les ministres de son intimité. Le parti constitutionnel n'est appelé aux affaires que comme un pis-aller, et une nécessité qu'on subit pour un moment. Même dans les jours de péril, sous l'assemblée législative, ces répugnances survivent. « Tous ces gens-là ne me plaisent pas, et je ne puis choisir parmi eux, » disait le roi en parlant de la députation de la Gironde. Condorcet a la tête farcie de problèmes; Vergniaud n'est pas assez froid pour le cabinet. Je ne choisirai pas un ministère parmi ces hommeslà. » Vergniaud lui propose un gouvernement mixte, une sorte de constitution anglaise. Le roi lui répond: « Vous avez des idées libérales, mais votre gouvernement mixte ne peut durer qu'un jour.» Malheureux prince! on eût été mieux écouté en exprimant des projets ab

surdes de contre-révolution, en rappelant l'ancien régime comme le comte de Rivarol, dont il se plaisait à dire : «Que le zèle et les lumières ne se ralentissaient pas. » C'est qu'en général on adopte plus volontiers les idées qui flattent que les idées utiles.

J'ai rappelé tout ceci, parce que la restauration a procédé par les mêmes moyens. Quels ont été les hommes des amitiés, les hommes des répugnances! quelles idées ont été suivies, quels plans ont été préférés!

L'ÉMIGRATION.

1789-1792.

Dès l'instant qu'il y eut en France un ordre constitutionnel, une représentation nationale, une modification à l'antique royauté et aux influences de la cour, l'émigration commença. Alors chaque émigré se crut appelé à faire la restauration. Restaurer la monarchie consistait, dans les idées de cour, à replacer les choses en la même situation où elles étaient avant la réunion des états-généraux.

Les princes du sang, qui devinrent les chefs de l'émigration, avaient depuis long-temps manifesté leur opposition au nouveau système. Dans un de leurs mémoires ils avaient écrit : « Qui peut dire où s'arrêtera la témérité des >> opinions? Les droits du trône ont été mis en >> question; bientôt les droits de propriété seront » attaqués? Déjà on a proposé l'abolition des

» droits féodaux comme d'un système d'oppression, reste de la barbarie!.... >>

La déclaration du 23 juin avait été conseillée par le parti du comte d'Artois, qui proposa de la soutenir par des mesures violentes. Les troupes étaient réunies. Le prince avait demandé l'emploi de la force; une journée sanglante se préparait; Louis xvi répondit : « J'avais cédé, mon cher frère, à vos sollicitations, mais j'ai fait des réflexions utiles; résister en ce moment, ce serait s'exposer à perdre la monarchie. C'est nous perdre tous. J'ai rétracté les ordres que j'avais donnés, mes troupes quitteront Paris. J'emploierai des moyens plus doux. Ne me parlez plus d'un coup d'autorité, d'un grand acte de pouvoir, je crois plus prudent de temporiser. » Le 16 juillet 1789, aux lueurs de la Bastille en flammes, le comte d'Artois émigra. Le prince de Condé le suivit. Ce fut du Piémont où les princes se réfugièrent, qu'ils firent le premier appel à la noblesse française. Quelques gentilshommes vinrent les joindre, car l'émigration n'était pas encore une mode. Dans ces petites réunions d'émigrés on disait les choses les plus incroyables sur la révolution : « Le peuple français était étranger à la rébellion de quelques

« ZurückWeiter »