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avaient été faites de la part de l'empereur de Russie pour que le roi eût à quitter sa retraite, et cherchât asile dans d'autres contrées.

Tout le continent obéissait alors à l'influence de Napoléon. Le roi, le duc d'Angoulême, le duc d'Avaray, qui réunissait tous les titres ministériels, M. de Blacas, son parent, M. de Damas-Crux, aide-de-camp du duc d'Angoulême, s'embarquèrent sur la frégate la Fraya que le roi Gustave-Adolphe avait fait mettre à leur disposition. Les illustres passagers avaient choisi l'Angleterre pour retraite. Le cabinet anglais n'était point prévenu, et lorsque la nouvelle de leur arrivée se répandit, S. A. R. le comte d'Artois et la coterie de ses plus intimes confidens, s'opposèrent vivement au débarquement de Louis XVIII, et proposèrent à M. Canning, ministre des affaires étrangères, de l'envoyer dans l'intérieur, afin qu'il ne pût exercer aucune influence sur les démarches des émigrés à Londres. M. Canning, en effet, adressa des ordres à tous les chefs de port, pour qu'ils eussent à intimer à la frégate la Fraya d'aller toucher à Leith, et que Louis xvIII eût à se retirer à Edimbourg. Le roi répondit : « Qu'il ne

venait point demander un asile; que le but de son voyage était entièrement politique, et qu'il avait pour objet ses intérêts comme roi de France. >>

Le cabinet délibéra pendant trois jours: l'opinion de M. Canning fut balancée par celles de plusieurs autres membres du ministère. On arrêta définitivement que Louis XVIII pourrait xvi débarquer à Yarmouth, mais seulement comme simple particulier. En conséquence la note suivante lui fut adressée :

« Si le chef de la famille des Bourbons consent à vivre parmi nous d'une manière conforme à sa situation actuelle, il y trouvera un asile honorable et sûr, mais nous connaissons trop la nécessité d'avoir, pour la guerre dans laquelle nous sommes engagés, l'appui unanime du peuple anglais, pour compromettre la popularité qui, jusqu'à ce jour, a accompagné cette guerre.

» En reconnaissant Louis xvIII, nous offririons une belle occasion aux ennemis du gouvernement de l'accuser d'introduire des intérêts étrangers dans une guerre dont la physionomie est purement britannique. »>

Le cabinet anglais déclarait ainsi qu'il ne

voulait point s'engager en ce qui touchait la famille des Bourbons et sa restauration. Tou tefois Louis XVIII fut généreusement accueilli comme particulier, et toute cette illustre famille de réfugiés, habita Gosfield-Holl, château du duc de Buckingham, où la reine et Madame royale vinrent se joindre en 1808. Louis XVIII quitta cette résidence en 1810 pour Hartwell, petit château du comté de Buckingham, à seize lieues de Londres. C'est là qu'il devait passer les dernières années de son exil.

LES TUILERIES ET HARTWELL.

1810.

NAPOLÉON touchait au faîte de la grandeur et de la puissance : tous les trônes s'étaient abaissés devant lui; les vieilles dynasties lui servaient de cortége, et une archiduchesse, la nièce de Marie-Antoinetté, partageait sa couche; presque toutes les familles illustres, tous les grands noms de la monarchie antique avaient sollicité l'humiliation de l'habit de chambellan, ou endossé le brillant uniforme d'officier d'ordonnance. Dans la maison civile de l'empereur, on comptait un Ségur, grand maître des cérémonies, un Mortemart, gouverneur de Rambouillet. Le fils d'un petit gentilhomme de Corse pouvait donc s'enorgueillir de voir parmi ses chambellans les noms de Contades, Croï, Montesquiou, Just de Noailles, Albert de Brancas, Charles de Gontault, Auguste de Chabot, LurŞaluces et Beauveau. Les plus sémillans des of

ficiers d'ordonnance étaient le comte de Montmorency, de Chabriant, de Mortemart, et de Montesquiou. Dans la maison de l'impératrice, le premier aumônier était le comte Ferdinand de Rohan, ancien archevêque de Cambrai. Parmi les dames pour accompagner, se trouvaient Mesdames de Talhouet, de Bouillé, de Brignolles, de Périgord, de Beauveau, de Mortemart, de Montmorency; et, dans les maisons de Joséphine, de Pauline, d'Hortense, se trouvaient Mesdames de Vielcastel, de Remusat, née de Vergennes, de Béarn, de Colbert et de Turenne. Toutes ces nobles races ont dit, en 1814, qu'on les forçait à servir ainsi l'usurpateur; mais les cartons du cabinet particulier de l'empereur sont encore remplis des sollicitations pressantes, des offres de service au plus grand roi et au plus beau génie de l'histoire moderne.

Cet appareil de cour flattait l'orgueil de Napoléon. Jamais la vieille monarchie, à l'époque de sa plus haute splendeur, n'avait offert un cérémonial plus sévère, une étiquette plus puérile. Les pas étaient comptés, les robes, les toilettes, minutieusement décrites et imposées. On devait faire un certain nombre de révérences pour S. M. l'empereur et roi,

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