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de gloire fondée par le génie de Napoléon. L'esprit philosophique, comprimé dans toutes ses expressions de liberté politique, n'en conserva pas moins ses franchises contre les ridicules de la vieille société religieuse et bourbonnienne. Il s'abaissait devant l'homme de la fortune; mais cet homme aimait la civilisation, et toutes ses merveilles. Tous les arts concouraient à célébrer son règne, à perpétuer ses immortels faits d'armes. Une grande partie de son armée lui était dévouée jusqu'à la mort. Il la menait de victoires en victoires, tantôt éblouissant ses généraux par l'éclat de ses succès, tantôt les accablant par ses prodigalités habiles; majorats, pensions, décorations, grades, couronnes, tout s'offrait à leurs espérances. Après la brillante campagne de 1807, 120 millions furent distribués à ses lieutenans. C'est ainsi qu'il étouffait les regrets pour la république, et cherchait à rendre impossible le retour des Bourbons. Sa politique était toute de fusion et d'oubli du passé, pour concentrer tous les intérêts, tous les sentimens dans le présent. Il rendait aux émigrés leur fortune, leurs propriétés, pourvu qu'ils consentissent à unir leurs filles à ses généraux. Les grades étaient assurés

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dans ses armées aux républicains comme aux chouans qui voulaient adorer sa fortune. Les emplois publics et du palais furent aussi donnés aux noms de la vieille cour; politique habile dans la prospérité, mais qui tourna contre Napoléon aux jours de ses malheurs!

PERSONNAGES POLITIQUES. OPPOSITION.

1809.

À voir ce vaste empire se mouvoir depuis Hambourg jusqu'à Venise avec un admirable ensemble, on l'aurait cru d'une éternelle durée. Cependant bien des causes de dissolution se manifestaient. Il fallait cette grande distraction de conquêtes pour l'empêcher de se heurter contre les vices de sa propre nature. Lorsque l'empereur résidait dans sa capitale, lui seul donnait l'impulsion à cette immense machine administrative; mais, presque toujours à la tête de ses armées, il était obligé de déléguer son pouvoir à un conseil de grands dignitaires et de ministres chargés chacun d'une branche spéciale de service.

Le prince Cambacérès, archichancelier de l'empire, jouissait de la plus haute confiance de Napoléon. C'était celui qui, sans arrièrepensée, par un besoin d'ordre profondément

senti, le servait avec le plus de dévouement. C'était un homme de sens, très-versé dans l'étude des lois, voyant avec une grande sagacité les questions politiques. Il présidait le conseil : ses paroles étaient écoutées avec attention; dans les délibérations administratives, l'empereur se déterminait rarement sans avoir consulté Cambacérès. Mais, timide à l'excès, sa voix s'élevait à peine pour contrarier le maître dans ses desseins. Toutefois, il s'était prononcé contre le mariage de Napoléon avec une archiduchesse, et pour son union avec une princesse russe. Parmi les hommes de politique et d'administration, Cambacérès jouissait d'une réputation élevée; mais la caricature royaliste et républicaine aimait à s'exercer sur les faiblesses et les vanités de l'archichancelier. Au fond, Cambacérès était un homme probe, fidèle à ses devoirs, un peu ébloui de sa fortune, dont il sut jouir honorablement. Dans son exil, Louis XVIII. en faisait le plus grand cas.

M. de Talleyrand, esprit fin, délié, ayant par-dessus tout cette fleur de bon goût, ces grands airs qui distinguaient l'ancienne cour, avait eu d'abord toute la confiance de Napoléon qu'il servit avec dévouement au 18 bru

maire. De longues habitudes de cour, des affaires souvent embarrassées, avaient entraîné M. de Talleyrand dans cette vie de mouvement qui déjà l'avait fait distinguer sous le directoire. Une grande souplesse d'esprit, une dextérité admirable pour savoir sortir avec convenance et avantage des positions les plus difficiles, lui avaient fait une grande réputation d'habileté. Jamais physionomie plus impassible, jamais parole plus officielle et plus légère tout à la fois. Comme morale politique, M. de Talleyrand affichait une grande indifférence, et il rattachait presque toutes ses combinaisons à des idées plus égoïstes que celles du bien public. Une seule ambition dominait toutes les autres, celle de diriger par lui-même absolument et exclusivement les affaires du pays. Avec de telles pensées, M. de Talleyrand ne devait pas long-temps s'accorder avec Napoléon il fut disgracié en 1808, le bruit courut qu'il s'était opposé à l'invasion de l'Espagne et aux plans gigantesques arrêtés à Erfurt entre les deux empereurs. Cela le rendit populaire; car l'opposition aux projets ambitieux de Napoléon commençait à l'être beaucoup alors. La nuance qui distinguait le duc d'Otrante de M. de Tal

I.

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