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Mais tandis que la valeur de ses enfans portait la gloire de ses armes au plus haut degré de splendeur, et que l'enthousiasme sacré qui l'avait enflammée, se propageait avec rapidité parmi les peuples voisins, elle était travaillée par des factions opposées, par une multitude d'ambitions particulières, qui la laissèrent longtemps en proie aux convulsions intestines et aux plus funestes déchiremens. La guerre civile produisit la corruption, la dissolution des mœurs, les ravages et les barbaries. Les assemblées politiques n'étaient plus que de vastes champs d'intrigues et de tumulte : la licence usurpait le nom de liberté : l'outrage fait aux lois était regardé comme amour du bien public. Les chefs les plus débauchés étaient les plus populaires : les boute-feux étaient seuls considérés comme de vrais citoyens. Le mérite d'être attaché à un parti l'emportait sur tous les égards, rompait les liaisons les mieux établies et sanctifiait les plus horribles excès. On avait sans cesse à la bouche les noms de probité et de vertu; et les gens probes et vertueux étaient jetés dans les fers ou traînés à l'échafaud. On affichait l'horreur de la tyrannie, et l'on idolâtrait ses tyrans. L'étendard tricolore flottait sur les tours, sur les remparts ennemis; et un crêpe funèbre s'étendait sur toute la République. Nos armées agrandissaient, chaque jour notre territoire; et nos bourreaux détruisaient à chaque instant une nouvelle génération. Enfin, la liberté triomphait dans nos camps, et la servitude opprimait nos cités.

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Ces désastres eurent un terme le peuple Français retrouva să première énergie; et la hache des triumvirs retomba sur leur tête. Il s'attendait alors à jouir de la tranquillité et du bonheur qu'il avait achetés par toutes sortes de sacrifices; mais on abusa de sa victoire. Les passions long-temps comprimées, réagirent avec violence; et, sous prétexte de punir ensuite des factieux, d'autres factieux envahirent le pouvoir. Aux assassinats juridiques succédèrent les vengeances privées : les abus d'autorité se multiplièrent; les mécontentemens éclatèrent de toutes parts. Bientôt la France se trouva

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divisée en deux partis : la victoire demeura au plus audacieux ; et le plus faible fut déclaré conspirateur. Tous les hommes qui avaient osé proclamer des vérités hardies, furent voués à la proscription : tous les sentimens généreux furent travestis en crimes d'Etat; et l'espoir d'un meilleur avenir fut encore une fois refoulé dans la pensée.

Ainsi, jouets tour-à-tour des ambitions diverses, nous vîmes la République réduite à un tel point d'avilissement et de dégradation, que, sans le courage de nos braves défenseurs, il eût été permis, en quelque sorte, de regarder son existence comme un problême. Elle n'avait pu être établie d'un premier jet : des hommes sages s'occupèrent des moyens de la consolider, de l'arracher à l'influence de tous les partis, et de la faire respecter même de ses ennemis. Après tant de crises politiques, elle parvint enfin à ce degré de gloire et de prospérité qui fait aujourd'hui de la Nation Française la première et la plus puissante des Nations.

Quelle fut la série des événemens et des lois, des victoires et des revers qui illustrèrent cette période mémorable? Quels législateurs, quels guerriers, quels citoyens s'honorèrent ou s'avilirent par leurs opinions ou par leurs actions? Quelles furent les factions qui nous agitèrent? Quels furent leurs chefs, leurs agens, feurs moyens et leurs destinées ? Comment se conduisirent à l'égard de la Nation Française, la plupart des gouvernemens étrangers? Quelles furent leurs prétentions, leurs ressources supposées ou réelles? Quel fut enfin l'état des arts et des sciences en Europe, au milieu de ce chaos et de ce bouleversement universels? Voilà ce que recherchera l'impartiale postérité. Mais où découvrir la vérité parmi cette foule de journaux, de pamphlets, d'écrits de tout genre, enfantés, commentés et propagés par l'esprit de parti? Dans quelle source iront puiser l'Historien, le Législateur, l'Administrateur, le Guerrier, le Curieux, l'Observateur? S'il en existe une c'est sans doute l'immense et précieuse collection du MONITEUR. Une seule chose

en diminue l'utilité; c'est le désordre inséparable des ouvrages périodiques. La difficulté de trouver dans ce vaste dépôt l'objet particulier dont chacun a besoin, rend les recherches pénibles et souvent infructueuses. Il a donc fallu élaguer tous les détails parasytes et d'un intérêt secondaire, et se resserrer dans un cadre étroit, qui, sans rien omettre d'utile, ne présentât que le nécessaire ¦ il a fallu, de plus, joindre à cette analyse une table alphabétique précise, et qui servît comme de fil indicateur général pour arriver à la découverte des lois, des décrets particuliers ou actes de l'autorité publique ; des circonstances qui les ont commandés, modifiés ou annullés; des événemens intéressans par eux-mêmes ou par leurs résultats, et des rôles qu'a joués chacun des acteurs qui se sont succédés sur le grand théâtre de la révolution.

Une pareille tâche était longue et difficile. Mais nous n'avons envisagé que l'utilité qui pourrait en résulter pour toutes les classes de citoyens; et cette idée nous a donné le courage de la remplir avec l'exactitude la plus scrupuleuse. Si cet ouvrage présente quelque omission importante, ce n'est pas à nous qu'elle doit être imputée, Nous ne nous sommes permis que des corrections indispensables toujours d'après le MONITEUR lui-même, qui rectifiait souvent des erreurs qu'une rédaction précipitée ne lui permettait pas d'éviter ; ẹt nous nous sommes principalement attachés à celles qui sont de nature à nuire autant à la vérité de l'Histoire, qu'aux individus que les points de fait intéressent.

Nous ne présentons aujourd'hui au public que le tableau des événemens qui se sont passés depuis 1788 jusqu'à la fin de l'an 7 de la République Française, et de ceux qui ont précédé immédiatement l'ouverture des états-généraux. La suite de l'ouvrage est sous presse, et paraitra par livraison, d'année en année.

ANALYSE

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lonne et autres ministres de Louis XVI. - Calonne convoque la première assemblée des notables. Le déficit est porté à 110 millions. Indignation publique. Retraite de Calonne. (Pag. première et suiv.)

Précis de la dernière crise des finances sous l'archevêque de Toulouse. - Proposition de l'impôt territorial et du timbre. Résistance du parlement. Le comte d'Artois s'y rend pour forcer l'enregistrement de l'impôt : il est hué, presque assailli par le peuple. Sur l'avis de d'Eprémesnil, le parlement déclare qu'il n'a pas le droit de sanctionner l'impôt, et que ce droit appartient aux seuls étatsgénéraux: il en demande la convocation. Cause de cette résistance du parlement, dans son intérêt

A

privé. Projet de la cour plénière, et établisse-
ment des grands bailliages. Nouvelle opposition
du parlement. Lettre de cachet contre Goislard
et d'Eprémesnil. Siége du palais par un déta-
chement du régiment des gardes françaises, con-
mandé par d'Agoult. Enlèvement de ces deux
magistrats. Le mécontentement public se prolonge,
et force à la retraite l'archevêque de Toulouse
et Lamoignon. Ils se retirent comblés des faveurs
de la cour. - Réveil de la nation, causé
par cette
lutte des parlemens. Coup-d'œil sur l'incapa-
cité et les opérations désastreuses de l'arche-
vêque.

Réjouissances sur la place Dauphine, à l'occasion de la retraite du premier ministre; son mannequin est brûlé. Le chevalier Dubois fait charger le peuple de Paris par les soldats du guet. Combat et dispersion de cette troupe. Destruction du corps-de-garde de la place d'Henri IV. Fusillade meurtrière à la place de Grève, à Paris. Reprise des mêmes scènes lors du départ de Lamoignon. Des hommes soudoyés excitent le peuple à incendier l'hôtel de Brienne et celui du chevalier Dubois. Nouveau massacre du peuple par les troupes, dans les rues Saint-Dominique et Mêlée. Fuite du chevalier Dubois.

-

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les états généraux; de d'Antraigues contre la
tyrannie; de Sieyes sur les priviléges et la question:
Qu'est-ce que le Tiers-État? Publication du rapport
de Necker sur les résultats de la deuxième assem-
blée des notables : cet ouvrage détermine le roi à
accorder la double représentation du tiers; et les
états-généraux sont convoqués, dans cette forme,
pour le 27 avril 1789. -Les états de Béarn écrivent
à ceux du Dauphiné, pour les exhorter à se rallier
à eux, et à défendre les priviléges. Les Dau-
phinois répondent que leur premier titre est celui
de citoyen, et que les priviléges devaient être le
premier sacrifice à la liberté. L'insuffisante re-
présentation du tiers, dans les états de Bretagne,
devient le germe de troubles dans cette province.
Députation des municipalités bretonnes au roi,
leurs réclamations sur les vices de
pour
lui porter
l'organisation des états. Mécontentement de la
noblesse. Dissentions dans les villes de Rennes,
par suite de l'opposition du tiers à l'ouverture des
états, avant d'avoir obtenu une représentation suffi-
sante. Des domestiques, attachés à la noblesse
et au parlement, excitent les ouvriers contre ce
qu'ils appellent le haut-tiers et la jeunesse patriote.
Rixes et combats particuliers. Siége de la no-
blesse dans la salle même de ses assemblées.
Marche de la jeunesse patriote de Nantes et Saint-
Malo, au secours de celle de Rennes. M. de
Thiard, commandant de la province, calme cette
effervescence, par la séparation des états. — Re-

Le désordre des finances oblige la cour à rappeler M. Necker: il promet la prochaine convocation des états-généraux. Les parlemens et la noblesse réclament, pour ces assemblées, les formes suivies en 1614. - Opinion et conduite généreusegrets des parlemens, en voyant la réunion des étatsdes états du Dauphiné. Plusieurs provinces envoient des députés au pied du trône, pour y porter des vœux conformes aux délibérations de l'assemblée du Dauphiné, relativement à la formation et aux pouvoirs des états - généraux. — Embarras du gouvernement; nouvelle convocation des notables. -Le seul bureau de Monsieur, frère de Louis XVI, vote pour l'égalité numérique de la représentation du tiers. Necker fait décider cette égalité. -Emission nombreuse d'écrits polémiques sur cette question. M. de Kersaint ouvre cette discussion dans un ouvrage intitulé, le Bon-Sens. Celui-ci est suivi des écrits de Target, Cérutti et Mounier sur

généraux s'approcher. Conduite vacillante de celui de Paris: il mande à sa barre le docteur Guillotin, auteur d'un cahier, intitulé: Pétition des citoyens domiciliés à Paris. Le peuple le reconduit en triomphe. Agitation et cabale dans Paris pendant les élections. Soulèvement dirigé contre Réveillon, fabricant de papiers au faubourg Antoine. Explication des causes secrètes de cette conjuration, par le projet d'exercer la troupe à tourner ses armes contre le peuple. Pillage de la maison de Réveillon. Massacre des pillards par les gardesfrançaises et suisses. - Ouverture des états-généraux, le 5 mai. (Pag. 3 et suiv.)

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