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Il faut souhaiter qu'une monographie livre prochainement à la publicité ces richesses d'archéologie galloromaine qui ne sauraient rester plus longtemps inédites.

Quant à la sépulture de Chassenard, je dois à l'obligeance de son possesseur l'autorisation de faire connaitre son intéressant mobilier. Au préalable, je rappellerai l'historique de cette découverte déjà ancienne mais sur laquelle on possède heureusement les informations les plus précises. Elle fut tout d'abord signalée par une note du Messager de l'Allier, du 24 octobre 1874. Quelques semaines plus tard, un nouvel article du même journal rectifiait et complétait ces premières informations. Peu de temps après, l'inventeur faisait vendre aux enchères publiques et en un seul lot l'ensemble des objets recueillis, que la Société d'Émulation de l'Allier tenta vainement d'acquérir. M. Grange s'en assura la possession. Un des membres de la Société d'Émulation, désigné pour la représenter à cette vente, M. Francis Pérot, rédigea à cette occasion un rapport relatant l'origine de la trouvaille 1. Voici un extrait de ce mémoire, dont plusieurs membres de ladite Société, eux-mêmes au courant des faits, attestèrent l'exactitude.

« Le 9 septembre 1874, dans un champ situé sur la commune de Chassenard (Allier) 2, dépendant du domaine de Vivans, un cultivateur découvrit une sépulture gauloise enfermée dans une grande urne en terre grise, ayant la forme d'un dolium. A l'intérieur se trouvait un vase en bronze de faible épaisseur, ayant dû servir à un long usage avant d'être employé à sa dernière destination, car la panse et le fond étaient raccommodés à l'aide de petits rivets.

1. Bull. de la Soc. d'Emulation de l'Allier, t. XIV, p. 12-15.

2. La commune de Chassenard est voisine de Digoin (Saône-et-Loire). Chacune de ces deux localités est fertile en vestiges de l'époque gallo-romaine. Dans la terre même où s'est rencontrée la sépulture qui nous occupe, on aurait, dit-on, découvert les restes d'un édifice. Il serait bien à souhaiter que des fouilles méthodiques fussent entreprises en ce lieu.

» Ces deux vases furent brisés par le soc de la charrue et la dépouille qu'ils contenaient apparut tout d'un coup. Le laboureur étonné ne prit aucune garde des objets de fer; il ne recueillit que ce qui était en bronze et les trois médailles. Ce ne fut seulement que le lendemain qu'il retourna à son champ et en rapporta ce que la veille il avait dédaigné. »

Suit l'inventaire des objets dont voici le résumé :

1o Un masque en fer forgé auquel adhéraient les restes d'une cotte de mailles.

2o Un fer de flèche en fer, brisé à la base. (Je considère cette lame comme la pointe d'un gladius.)

3o Deux outils à frapper la monnaie. Ils se composent de deux enclumes et de deux poinçons. « Sur la face de l'un d'eux se voit encore le grenetis de la pièce. »

4° Deux cercles de fer de 030 de diamètre qui reliaient le vase en bronze.

5o Une pièce en potin des Mandubiens (?), au revers du sanglier.

6o Deux pièces en argent de Caligula. (Cohen, noo 2 et 9, frappées en l'an 37.)

7° Un torques en bronze doré, formé de deux parties assemblées à genouillère.

8° Deux strigiles en bronze.

9° Un magnifique vase en bronze, en forme de tête de femme.

10° Une patère en bronze.

11° Trois plaques de ceinturon en bronze repoussé et argenté; la boucle et son ardillon ont été retrouvés.

12° Un instrument en bronze dont la partie opposée au manche offre la forme d'une lime ronde.

13° Un silex taillé a été recueilli sur l'emplacement de la trouvaille.

14° Plusieurs débris d'un coffret en ivoire, des clous en bronze à tête ronde, des clous de fer et autres petits orne

ments en bronze, très minces, découpés en volutes et rinceaux et devant appartenir au coffret d'ivoire dont ils ornaient les parois.

Tous ces objets réunis ont été vendus aux enchères publiques, le 11 avril 1875, au prix de 2,467 francs. »

1

On ne saurait mettre en doute qu'ils constituaient bien le mobilier d'une sépulture militaire à incinération et non point une simple cachette. Nous verrons que tous les masques-visières similaires à celui de Chassenard, un seul excepté, ont été exhumés d'un tombeau. Enfin la nature et la variété des autres objets, la présence des trois monnaies, dont une en bronze coulé de valeur minime, achèvent de préciser le caractère funéraire du dépôt.

Examinons maintenant chacun de ces objets.

On peut les grouper en trois séries: 1° Pièces d'équipement et d'armement. 2° Coins monétaires. 3° Vases et ustensiles divers.

Dans le premier groupe, la pièce qui retient tout d'abord l'attention, c'est évidemment le masque de fer (fig. 1). Il mesure 175 millimètres de hauteur et 260 de largeur, d'une oreille à l'autre. Les parties les mieux conservées, celles que l'oxydation n'a pas boursouflées, permettent de reconnaître dans cet ouvrage en tôle de fer forgé une habileté d'exécution consommée. Le visage est celui d'un personnage viril et imberbe. Ses yeux sont à demi-clos. L'ouverture étroite, ménagée entre les lèvres, est en partie obstruée par l'oxyde, de même que les trous des narines. On observera le développement excessif des oreilles dont la longueur dépasse huit centimètres. Le front est bas ou plutôt coupé à la moitié de sa hauteur. Il porte au centre de sa partie supérieure les attaches de la charnière qui fixait au

1. F. Pérot, loc. cit., p. 13. En 1895, M. Babelon a communiqué à la Société des Antiquaires de France les photographies de la trouvaille de Chassenard, mais les renseignements fournis à M. Babelon manquant de précision, il ne lui a pas été possible de commenter cette découverte. Bull. des Ant. de Fr., 1895, p. 139. Tous les objets sont restés inédits.

casque cette visière, encore assujettie latéralement par deux courroies. Celles-ci s'adaptaient à deux petits boutons de bronze, encore en place au-dessous des oreilles. Ce masquevisière appartient à un modèle de casque qui faisait partie

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du costume militaire de certains légionnaires romains durant le haut Empire. Le type n'en est connu que depuis la publication du premier volume des Alterthümer de feu Lindenschmit. Je n'ai pas besoin de rappeler la polémique qui s'est élevée entre cet archéologue et M. Benndorf au sujet de sa véritable destination 11. Rapprochant de ce casque une série, à vrai dire bien peu homogène, de masques funéraires de diverses époques et de diverses matières, depuis ceux des tombes mycéniennes jusqu'à ceux de l'Étrurie et de l'époque gallo-romaine, le savant autrichien a prétendu démontrer qu'il n'appartenait pas à l'équipement militaire du soldat ou de l'officier romain, mais qu'il

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1. Alterthümer, I, iv, 6; III, v. 4; III, VII, 4; III, XI, 2 et suppl. du xime cahier; IV, 39, fig. 2 et 3; IV, 56, fig. 3. Otto Benndorf, Gesichthelme und Sepulcralmasken, Vienne, 1878. Beaumeister, Denkmaeler, III, p. 2070, article de A. Müller. p. 235.

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- Salomon Reinach. Catal. des bronzes du Mus. de Saint-Germain,

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devait être considéré comme une armure d'apparat, destinée à figurer dans certaines cérémonies et surtout à prendre place dans le mobilier des sépultures. Les arguments de M. Benndorf, ne semblent pas avoir affaibli les premières conclusions de Lindenschmit. Depuis cette controverse, un nouveau casque à visière a été recueilli non plus dans une tombe, mais dans le castellum de Weissenburg-am-Sand (Bavière). A Chassenard, découverte que MM. Benndorf et Lindenschmit ignoraient l'un et l'autre, on trouve pour la première fois la visière à visage humain associée à des armes qui sont bien celles du soldat romain équipé à l'ordonnance, c'est-à-dire porteur de la lorica hamata et du gladius, voire même de ses décorations et insignes, torques et même corniculum, comme j'essaierai de le démontrer plus loin. Il est donc bien probable que ce type d'armure, ainsi que le soutenait le directeur du musée de Mayence, entrait dans l'équipement de certains légionnaires, opinion qui du reste n'exclut nullement l'hypothèse que quelquesuns des exemplaires connus, d'une ornementation particulièrement riche, aient constitué des pièces d'apparat.

La partie postérieure ou casque proprement dit qui fait ici défaut était parfois décorée de magnifiques reliefs. Pour expliquer son absence, on peut se demander si l'inventeur n'aurait pas négligé d'en recueillir les fragments, peut-être défigurés par la rouille.

En comparant entre eux les divers spécimens similaires. connus à ce jour, on est conduit à les classer en deux séries, d'après le nombre des pièces dont ils sont formés : 1o ceux qui se composent seulement d'un assemblage de deux pièces, une partie occipitale et une partie faciale; 2o ceux chez lesquels la partie faciale se subdivise ellemême en deux. Dans ce cas, la visière proprement dite affecte une forme tréflée. On ne connaît qu'un seul exem

1. Allerthümer, IV, 56, fig. 3.

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