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nemens étant restés stationnaires, et dans un état de suspicion et d'observation mutuelles, la France se trouva dessaisie de ses gages audélà des Alpes, tandis que l'Angleterre, plus favorisée, retenait encore Malte, Alexandrie et le cap de Bonne-Espérance.

Une démarche prématurée de la part du gouvernement français détermina le cabinet de Saint-James à conserver cette immobilité; il ne cherchait plus qu'à gagner du temps. Les îles de Jersey et de Guernesey, démembrées de l'ancien duché de Normandie, et qui, possédées par l'Angleterre à la vue des côtes de France, sont pour celle-ci un importun témoignage de l'infériorité de ses forces navales, servaient alors de refuge à quelques royalistes des départemens de l'ouest, mécontens de la pacification de la Vendée hommes courageux, accoutumés au métier des armes; vaincus, mais non soumis ne pouvant supporter la honte dont on s'efforçait de flétrir leur obstination à défendre une cause désespérée, ils étaient toujours prêts à tout entreprendre pour rengager la

querelle, et ne voulaient périr que les armes à la main. Leurs intrigues, leurs correspondances ne pouvaient être ignorées du ministère anglais qui, sur les représentations du cabinet des Tuileries, avait plusieurs fois promis de mettre un terme à ces provocations. Le premier Consul, irrité d'une tolérance qui dégénérait en agression, crut devoir faire présenter le 16 août 1802 une note officielle, dont le but était d'obtenir que l'Angleterre défendit tout ce qui serait défendu en France, par rapport aux intérêts réciproques des deux nations. Déjà le ministère anglais avait objecté que la presse étant libre dans la Grande-Bretagne, il ne dépendait pas de lui, pour satisfaire à de vains scrupules, de violer une des garanties les plus sacrées assurées à la nation par la constitution de l'état.

Le gouvernement français, au contraire, observait que les lois et la constitution particulière de la Grande-Bretagne étaient subordonnées aux principes généraux du droit des gens, devant qui se taisent les lois de l'état;

il se prévalait de l'article 1er du traité d'Amiens, par lequel les deux puissances étaient convenues de n'accorder aucune protection à quiconque tenterait de porter préjudice à l'une d'elles.

« Le plus grand de tous les préjudices, di>> sait-on, est celui qui tend à avilir un gou>> vernement étranger, ou à exciter sur son » territoire des commotions civiles et reli»gieuses. » Le ministre français affirmait que les écrits diffamatoires, répandus en France, y avaient été envoyés par Georges, l'un des chefs les plus audacieux de l'armée vendéenne, et que ces écrits avaient été rédigés par d'anciens évêques français il se plaignait des réunions tolérées dans l'île de Jersey, et des trames qui s'y ourdissaient. « Enfin, disait-il, disait-il, d'autres person»nages que de trop longs regrets et des sou>>venirs ineffaçables attachent à un ordre » de choses qui n'existera plus en France, >> ne résident dans la Grande-Bretagne que » pour offrir un point de ralliement aux agi» tateurs les plus effrénés. Le sentiment de

» leur propre réputation devrait les éloigner » d'un foyer d'intrigues et de complots qui >> les déshonorent. »

Le gouvernement français se résumait à demander,

1°. Que S. M. britannique employât les moyens les plus efficaces pour arrêter le cours des publications séditieuses dont étaient remplis les journaux, et d'autres écrits publiés en Angleterre.

2°. Que les individus signalés comme agitateurs fussent éloignés de l'île de Jersey.

3°. Que les ci-devant évêques d'Arras et de Saint-Pol-de-Léon, et tous ceux qui, comme eux, sous prétexte de religion, cherchaient à jeter du trouble dans l'intérieur de la France, fussent également éloignés.

4°. Que Georges et ses adhérens fussent déportés au Canada.

5°. Que les princes de la maison de Bourbon, résidant alors dans la Grande-Bretagne, fussent requis de se rendre à Varsovie, près du chef de leur famille.

6o. Enfin, que ceux des émigrés français

qui se permettaient encore de porter des ordres et des décorations appartenant à l'ancien gouvernement de France, fussent tenus de quitter le territoire de l'empire britannique.

La précision, le ton de ces demandes ont fait dire que Bonaparte voulait la guerre ; qu'il en avait besoin pour soutenir son ascendant, pour occuper une armée que les prétentions, les rivalités et l'indocilité des chefs rendaient dangereuse pour le pouvoir, et embarrassante pour les vues ultérieures : nous ne le croyons point, nous n'admettons ni le fait ni la cause. Il est plus vraisemblable que le premier Consul qui, à cette époque, attendait avec confiance une heureuse issue de son expédition de Saint-Domingue, était bien éloigné de désirer une rupture avec l'Angleterre ; il se trompa sur la marche politique de M. Pitt. Il crut que les mêmes motifs qui, anciennement, avaient entraîné le cabinet britannique à signer la paix, l'obligeraient à soutenir son ouvrage; et comptant sur la modération de lord Hawkesbury,

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