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>> compare le ton sage et mesuré que pren» nent tous les écrivains français, avec le ton >> furibond et mal intentionné du plus grand » nombre des feuilles anglaises, et l'on re» connaîtra que les unes expriment les sen>> timens d'un peuple qui aime et qui veut la >> paix, et que les autres secondent un parti » ennemi de la paix du monde. »

Le Times, journal anglais, qu'on regar dait comme l'organe le plus confidentiel du département des affaires étrangères, releva avec aigreur ces observations.

Dans la première partie de cette réfutation, on s'étonnait que le gouvernement français donnât une attention sérieuse à des bruits vagues qui avaient été reçus partout avec une juste méfiance. Leur fausseté même, disait-on, devait les faire mépriser: mais, sous le voile d'une modération affectée, on énumérait avec une perfide complaisance les actes arbitraires imputés au premier Consul, tels que l'emprisonnement d'un général, le bannissement d'un auteur dramatique, et quelques autres. On s'appuyait sur ce que

des bruits non moins sinistres que ceux que les journaux anglais avaient accueillis, semblaient avoir trouvé crédit même en France, où le gouvernement s'occupait de les démentir. On donnait une grande importance à de prétendues conspirations, à des projets insensés par lesquels des agens subalternes et des espions cherchaient à faire valoir leurs vils services; on rapportait de vains discours, des démarches inconsidérées de quelques principaux chefs de l'armée, à l'occasion du concordat, et de la faveur avec laquelle les ecclésiastiques rappelés étaient accueillis. On ne concevait pas que le chef de la république française eût pu considérer un acte privé, tel que le dîner donné par le lord-maire, et les qualités et les décorations des convives, comme un sujet digne d'exciter l'intérêt national; et d'ailleurs, ajoutaient en la terminant les rédacteurs de cette réplique semiofficielle;

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« Si le procédé du lord-maire, en intro>> duisant le duc d'Orléans dans la compa-.

»gnie de M. Otto, a malheureusement été

>> repréhensible aux yeux du gouvernement >> français, ce procédé néanmoins doit être >> amplement compensé par la promptitude » que les ministres du Roi ont apportée à >> satisfaire aux désirs du premier Consul, à >> l'égard des princes de la maison de Bour>> bon. Lorsque le Stathouder fut sur le point » de quitter l'Angleterre, il fut fait une de» mande de la part du ci-devant comte d'Ar>> tois, afin d'obtenir le palais de Hampton» cours pour sa résidence ; mais la demande » fut refusée dans la vue d'éviter tout om» brage au gouvernement français ; et Mon>> sieur a été obligé de retourner à Holywod» house. »

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Quelque légers que dussent paraître les motifs de ces récriminations, comme les destinées des états de l'Europe étaient attachées au maintien de la bonne harmonie entre les deux grandes puissances, cette première manifestation de leur mésintelligence attira les regards de tous les souverains. L'entrevue de l'empereur Alexandre et du roi de Prusse ȧ Memel, à cette même époque, donna lieu

de

à diverses conjectures; on ne manqua pas la comparer à la conférence de Pilnitz, et l'on supposa avec raison que les manoeuvres militaires, les fêtes qu'embellissaient les grâces de la reine de Prusse, servaient de masque à des relations diplomatiques, à des conventions secrètes relatives aux nouvelles circonstances qui pourraient résulter d'une rupture entre la France et l'Angleterre.

On a vu que, durant les premiers jours qui s'étaient écoulés depuis l'échange des ratifications, et avant qu'aucun nuage se fût élevé entre les deux gouvernemens, l'exécution du traité d'Amiens avait reçu une impulsion vive et franche. Le premier Consul s'était hâté de transmettre des ordres pour l'évacuation, par les troupes françaises, du royaume de Naples, des états romains et des ports de la Méditerranée et de l'Adriatique. L'Espagne et la Hollande, auxquelles cette paix coûtait le sacrifice de leurs plus riches colonies, s'étaient résignées à solder ainsi le compte des frais de la guerre. L'Angleterre, malgré ses regrets de voir échapper des grif

fes du léopard la clef des mers du Levant et celle des Indes orientales, se disposait à re-, cevoir dans les forteresses de Malte les troupes napolitaines, qui devaient pendant une année en former la garnison; telle était même alors sa sincérité, que ces troupes y furent débarquées et bien accueillies. Du 15 au 20 septembre 1802, dans les délais fixés par le traité, des ordres furent également donnés pour l'évacation d'Alexandrie par les troupes britan...iques, comme aussi pour remettre aux Hollandais le cap de Bonne-Espé

rance.

Il n'y avait jusque-là aucune raison de suspecter la foi punique du gouvernement anglais. La différence des distances motivait assez les retards; les rétrocessions des pays d'outre-mer ne pouvaient, aux termes même du traité, s'effectuer aussi promptement de la part des Anglais, que l'évacuation des pays occupés par les troupes françaises sur le continent cette circonstance fut tout à l'avantage des insulaires; car aux premiers signes de mésintelligence, les deux gouver

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