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>> d'armes étrangères, ou la nécessité des >> circonstances extraordinaires les empê » chera de poursuivre leurs occupations.... » Il ne leur reste donc plus à faire, pour le » cas susdit, que de prendre dûment congé » de leurs commettans, avec prière instante » que, de leur côté, les instructions qu'ils >> avaient données à leurs délégués, et que >> ceux-ci ont cherché à remplir scrupuleu- ' » sement, soient sanctionnées par là qu'ils » ne renoncent jamais au droit de nous con»stituer nous-mêmes, droit hérité de nos >> dignes et vertueux aïeux, droit garanti » de nouveau par le traité de Lunéville; et » qu'à cette fin, tout en se pliant à la force, » ils ne préjudicient en aucune manière à >> cet héritage sacré des générations futures, » ou approuvent jamais ce que d'autres ha>> bitans de la Suisse, qui oseront hasarder » arbitrairement une pareille aliénation, en>>treprendront ou feront dans ce sens. »

Comme nous l'avons dit plus haut, le premier Consul avait espéré que la seule menace d'une invasion inévitable suffirait

pour faire accepter sa médiation; il eût voulu tout à la fois contraindre et concilier : il ne s'attendait pas à trouver dans les chefs de l'insurrection ce noble dévouement, cette inflexibilité de caractère national qui, bien que dans des circonstances très-différentes, et surtout avec des motifs moins purs, rappelaient à l'Europe les Suisses du quatorzième siècle et les temps héroïques de leur histoire. On appelait Aloys Reding le second Guillaume Tell.

Soumis par la force des armes étrangères, les partis n'en furent que plus divisés, les haines plus profondes; il fallut poursuivre à découvert ce plan de violence, traiter les cantons confédérés en pays conquis, désarmer les habitans comme des sujets rebelles, les réduire à l'obéissance au gouvernement helvétique qu'ils méprisaient.

Aloys Reding, après le licenciement des milices. et la dissolution de la diète, ne quitta point Schweitz; il y fut arrêté le 7 novembre avec son frère le landamman de Baden, M. de Hirzel et le général Aufdermur. Ils furent

conduits sous escorte à Zurich, et bientôt après transférés, avec quelques autres chefs des plus influens, au château de Chillon, sur le lac de Genève. Ces événemens se succédèrent avec tant de rapidité, que l'agent anglais, M. Moore, eut à peine le temps. d'atteindre la frontière.

Honteux d'un aussi déplorable triomphe, le conseil d'exécution publia une adresse au peuple de l'Helvétie, pour récriminer contre le parti vaincu, et déverser sur lui l'indignation des vrais amis de la liberté, et tout le poids des calamités dont la patrie était accablée.

<«< Dites-nous maintenant, citoyens de l'Hel» vétie, à qui vous devez la rentrée des trou>> pes françaises? Est-ce au sénat et au con>>seil d'exécution, dont la faute fut au con>> traire de consentir trop tôt à leur départ ; >> dont tous les soins tendaient à prévenir, » par une acceptation franche et loyale de la » médiation du premier Consul, des maux » que son indignation devait nous faire >> craindre ? N'est-ce pas plutôt à cette as» semblée qui s'est décorée du nom de diète

» confédérée, cette assemblée séditieuse..... » etc. etc. Si nous avons réclamé la média>>tion du premier Consul, c'est parce que, » de toutes les puissances appelées par leur » position à prendre l'intérêt de l'Helvétie, » la France est la seule qui ait reconnu no>>tre indépendance, consacrée par ses soins >> dans un traité solennel; la seule qui puisse » exercer sur nous une influence de protec-. » tion et d'appui.

En mettant sous les yeux de nos lecteurs, avec la plus scrupuleuse impartialité, les principaux traits de cette guerre civile, nous avons cherché à faire connaître l'esprit et les intérêts des deux partis, les causes secrètes de leur opposition, et l'impossibilité de leur rapprochement spontané; nous n'avons pas dissimulé que l'intervention à main armée du gouvernement français fût une violation manifeste de l'indépendance garantie par le traité de Lunéville. Mais avant de terminer le récit des événemens qui scellèrent le tombeau de la liberté des Suisses, nous ferons ici quelques observations générales elles confirmeront ce que nous

avons dit ailleurs sur les systèmes d'équilibre, et sur la nullité des garanties politiques; nous y pourrons trouver aussi des motifs de justifier, ou tout au moins d'excuser la détermination du premier Consul, qui fut l'un des prétextes allégués par les Anglais pour le renouvellement de la guerre.

Les publicistes ont ainsi défini le droit des gens ou le droit public général : Une sorte de convention tacite entre les nations policées, d'observer, soit en état de paix, soit en état de guerre, certaines règles d'humanité, de justice, de bonne foi, même de bienséance : ce droit prend sa source dans le droit naturel; il est, par son essence, aussi invariable que celui-ci. Montesquieu a dit : ·Il y a une raison primitive, et les lois sont les rapports qui se retrouvent entre elle et les différens étres, et les rapports de ces divers étres entre eux.

De cette belle définition, il a tiré cette conséquence si consolante, que la paix est la première loi naturelle.

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