Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

» l'électorat d'Hanovre, soit provisoirement, soit » pour toujours, j'ai pensé qu'on ne serait pas faché » de voir, sous un petit cadre, ce que ce pays lui » offre, et ce qui, suivant toutes les probabilités, >> doit résulter pour les habitans eux-mêmes de leur

>> réunion à la Prusse.

» Si, pour déterminer l'importance de ce pays, » on ne considère que le nombre de ses habitans, » comparé à l'étendue de sa surface, et qu'on trouve » que, sur un espace de cinq cent quatorze milles >> carrés, il ne contient que huit cent mille âmes, » c'est-à-dire, un nombre à peu près égal à celui » que renferme la seule ville de Paris; si l'on ne voit >> cette surface que sur les cartes qui la représentent, >> couverte en grande partie de landes, de terrains >> marécageux et sablonneux; si l'on croit, d'après >> les géographes, que tous les habitans de ses soixante» cinq villes sont pauvres, parce qu'elles n'ont ni >> commerce ni industrie, que les mines sont peu » productives, à cause de l'énormité, des frais d'ex» ploitation, et que les revenus du souverain sont en » général peu considérables; si enfin on ajoute foi >> au récit des voyageurs qui peignent les naturels » comme une nation inculte et presque sauvage, on >> prononcera sans doute que jamais ce pays ne peut » prétendre à occuper un rang distingué parmi les > autres états de l'Europe, et que sa situation poli

»tique ne peut influer en rien sur l'équilibre gé» néral.

>> Mais s'il est vrai que, dans son isolement actuel » comme puissance, et subsistant tout-à-fait par et » pour lui-même, ce petit état n'a rien en soi qui >> puisse attirer l'attention, c'est qu'il n'est pas ce » qu'il pourrait être, et ce qu'il serait, joint à une » puissance plus importante, ni même ce qu'il était > autrefois.

» Depuis l'année 1715, époque à laquelle la cou>> ronne d'Angleterre fut conférée à son souverain, » il ressemble à une famille sans chef. En effet la no» blesse qui, d'après sa constitution, a une grande >> influence sur le gouvernement, et en tient, pour » ainsi dire, le timon, s'occupe encore, avec assez » d'intérêt, de la prospérité du pays. Mais elle ren>> contre toujours une multitude d'obstacles lorsqu'elle >> veut former une entreprise utile, surtout s'il s'agit » d'y employer une partie des revenus de l'état. Elle » n'obtient ordinairement alors qu'un refus du souve» rain, qui s'intéresse moins à ce pays que s'il y était » présent. George II dédommageait ses sujets de cette » absence par de fréquentes visites; mais depuis 1760 » que George III monta sur le trône, l'existence de » leur souverain n'est rappelée aux Hanovriens que » par les taxes énormes dont ils sont surchargés; ils » se voient entièrement négligés par ce monarque

» qui leur est inconnu, et leur état physique auquel » la guerre de sept ans avait déjà donné une secousse » terrible, n'a fait qu'empirer depuis.

>> Ce pays offre cependant tout ce qui peut contri» buer à sa prospérité, et contient en lui-même tous » les moyens d'amélioration. Il produit au-delà de » ce qui est nécessaire, soit à la subsistance, soit à >> l'entretien de ses habitans, et peut encore fournir » des objets de première consommation aux autres » états. La stérilité d'une portion de son territoire est » amplement compensée par la richesse des pays fer» tiles qui s'étendent le long des bords de l'Elbe, du » Weser, et des autres rivières si nombreuses qui se >> croisent en tous sens; l'opulence des habitans de >> ces parties contrebalance suffisamment la pauvreté >> des autres. Les landes même, ainsi que les terrains » marécageux, ne sont pas sans utilité. Les premiè»res, lorsqu'elles ne peuvent être rendues fertiles, >> sont employées à l'éducation des moutons et des >> abeilles, dont les produits constituent une des bran» ches principales de commerce dans ce pays. Les >> autres, lorsqu'ils ne peuvent être convertis en prai»ries, fournissent le pays, et même l'étranger, de

tourbes. L'agriculture et l'éducation du bétail y sont >> portées à une grande perfection, et il y a peu de >> pays où la conservation des bois soit plus soignée,

parce que le gouvernement apporte à cet objet la

>> plus grande sollicitude (1). Plusieurs fabriques y » ont été établies avec un succès décidé; mais elles. >> ne sont pas aussi florissantes qu'elles pourraient >> l'être, si le chef de l'état avait cherché les moyens » de leur procurer le débit de leurs marchandises ; >> et rien n'eut été plus facile. La situation heureuse » du Hanovre encadré, pour ainsi dire, entre deux » des plus grandes rivières de l'Al'emagne, et voisin » de la mer, ne semble-t-elle pas le destiner au com» merce? et la nature n'y a-t-elle pas consacré ses » habitans, en leur donnant un amour infatigable du » travail? Le roi d'Angleterre ne devrait il pas tirer » de la possession du duché de Bremen les mêmes » avantages que son prédécesseur le roi de Suède ?

» Cependant, par sa négligence, le commerce >> manque entièrement à ce pays : le pavillon hano» vrien n'a point encore d'existence; on ne trouve >> sur les rivières que des barques, et quelques petits » bateaux appartenant aux habitans des rivages, qui >> voient avec dépit les grands vaisseaux des étran»gers passer près d'eux pour aller à Hambourg et à » Bremen, porter une industrie dont ils devraient re>> cueillir les avantages.

(1) «La conservation des bois étant regardée en Allemagne » comme une science, personne ne peut prétendre à la place d'in» tendant des forêts dans l'électorat d'Hanovre, s'il n'a fait pendant » trois ans l'étude de cette science à Goettingue. »

» C'est à cette négligence, de la part du souve» rain, et à son absence, par laquelle les revenus de >> l'état ne sont pas remis en circulation, qu'il faut >> attribuer le désir qu'on peut remarquer dans les` >> habitans de l'électorat d'Hanovre, de voir arriver >> un changement dans leur situation politique. Ce » désir, à la vérité, ne se trouve pas dans la foule >> immense des grands et des petits nobles qui jouis» sent des prérogatives les plus étendues, étant >> exempts de toute espèce d'impôt, ni parmi les em>>ployés du gouvernement, qui, sous un souverain » toujours présent et exerçant une surveillance >> exacte, et sous une constitution moins bigarrée, >> seraient moins nombreux, et auraient des places » moins lucratives; mais on le rencontre tout entier » dans le citoyen laborieux, qui, bien qu'il ne soit »point l'esclave de son souverain ou de son seigneur, >> est cependant forcé de travailler plus qu'un esclave >> peut-être, pour obtenir les moyens de satisfaire » à ses devoirs envers son maître et pour soutenir sa » famille. Les habitans du duché de Brunswick-Lu» nebourg désirent d'avoir leur souverain au milieu >> d'eux, et ceux du duché de Bremen soupirent >> après le gouvernement suédois. Mais comme il est » peu probable que l'un ou l'autre de ces souhaits » puisse jamais être accompli, ils ne verraient pas » sans doute avec peine que leur pays fût incorporé

« ZurückWeiter »