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redoutes et leur ravitaillement. Un envoyé russe, accueilli à Malte, fut soupçonné d'avoir eu part à la conspiration qui éclata au mois de septembre 1773, le jour anniversaire de l'évacuation de l'île par l'armée de Soliman, et qui fut déjouée par la vigilance du bailli d'Hannonville, capitaine des gardes du grand-maître, et l'activité du commandant de Ferette et du bailli de Foresta.

Ces tentatives ne firent qu'exciter la jalouse surveillance du gouvernement français, et resserrer ses liens avec l'île de Malte. Ils se relâchèrent à l'époque de la révolution qui dépouilla l'Ordre de Saint-Jeande-Jérusalem des biens considérables qu'il possédait en France. Il était naturel que les intérêts privés, si cruellement lésés, et le dommage porté au trésor par cette confiscation, l'emportassent sur l'intérêt du pays. De si justes ressentimens ne pouvaient être apaisés par la raison politique ; et le protectorat de la France régénérée, toujours utile aux habitans de l'île, devint odieux au gouvernement olygarchique. Les intrigues de l'Angleterre et de la Russie réveillèrent les anciennes factions; les puissances coalisées contre la France profitèrent de ces dispositions hostiles; elles offrirent à l'Ordre de Malte des dédommagemens considérables: le nouvel empereur de Russie fit lever le séquestre que Catherine II avait fait apposer sur les commanderies de Pologne ; il releva et

réunit, sous la dénomination de langues du nord, celles d'Allemagne et de Bavière, qui n'avaient eu jusqu'alors, dans le conseil de l'Ordre, qu'une influence secondaire par rapport aux langues de France. Le roi de Naples, engagé dans la ligue contre la république française, rappela les droits qu'il avait sur la souveraineté de l'île comme suzerain, en vertu de la donation de l'empereur Charles Quint, dans le cas où l'Ordre s'allierait avec ses ennemis, ou les favoriserait. La mort du dernier grand-maître français, de Rohan, et l'élection du bailli de Hompeck, ministre de l'empereur d'Allemagne, achevèrent de ruiner à Malte les affaires de France, que les succès des armées de la république avaient jusque-là soutenues malgré tant de causes de défaveur. Enfin, la détresse du gouvernement et la misère que l'interruption du commerce faisait éprouver au plus grand nombre des habitans, les disposaient à rechercher l'appui d'une puissance étrangère. Malte avait perdu son indépendance, quand la flotte du conquérant de l'Égypte parut, et que le succès trop facile d'une entreprise audacieuse termina les destinées de la célèbre Malte.

La France ne put jouir des avantages de cette conquête; elle ne pouvait la conserver qu'en soutenant sa marine dans la Méditerranée, et l'on devait prévoir que l'Angleterre emploierait toutes ses forces à

la détruire, plutôt que d'abandonner à la France la domination de tous les ports d'Italie, la clef des mers du Levant, et bientôt après un immense et nouveau commerce en Asie.

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La nouvelle de la surprise de Malte fut sans doute reçue avec joie par le cabinet anglais, car cette proie si convoitée ne pouvait plus lui échapper; il n'avait rien à ménager vis-à-vis des puissances coalisées ; aucune autre que l'Angleterre ne pouvait entreprendre d'enlever cette conquête à la République française ; on s'inquiétait peu à Londres de la jalousie que la Russie en pourrait concevoir, et moins encore des réclamations du roi de Naples.

Après la destruction de la flotte française au combat d'Aboukir, le courage et la constance de la garnison que Bonaparte avait laissée dans les forts de Malte, sans aucun espoir d'être secourue, ne purent la sauver; et ce misérable rocher, qu'il faudrait plutôt appeler le diamant de la Méditerranée, fut pour jamais arraché à la France.

Les conséquences de ce grand événement ne se développèrent qu'à l'époque de la paix : quand elle fut mûre et reconnue nécessaire aux deux pays, le premier Consul, qui connaissait tout le prix de cette possession pour les Anglais, et l'éternel dommage qu'en souffrirait la France, essaya vainement de rétablir ce que ses armes avaient détruit, la souveraineté

de l'Ordre de Saint-Jean: la rétrocession qu'il exigea comme première condition, et qu'il obtint par son imperturbable obstination, ne fut qu'illusoire : on vit toujours reparaître dans la longue négociation des préliminaires, et plus encore dans celle du traité définitif, la crainte de laisser à la France la moindre possibilité de renouer ses anciennes relations avec l'île de Malte aucune garantie ne pouvait, à cet égard, rassurer l'Angleterre, aucune autre concession n'aurait pu la satisfaire; et la certitude de conserver au centre de la Méditerranée le plus beau port du monde, le plus sûr, le plus commode, le plus facile à garder, suffisait pour rendre populaire, chez ce peuple marchand et navigateur, la surprise des hostilités contre la France.

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Sur l'Électorat d'Hanovre.

UN Hanovrien publia, en 1801, un aperçu stá→ tistique de l'électorat d'Hanovre, qui, par son exactitude et les vues politiques qu'il renferme, nous a paru digne d'être reproduit aux yeux de nos lecteurs, et propre à suppléer les détails descriptifs dont nous aurions voulu faire précéder la relation de l'invasion opérée par le général Mortier; nous avons extrait la partie la plus intéressante de ce Mémoire.

« Cet aperçu fut écrit lorsqu'on eut, pour la pre>>mière fois, répandu dans le public le bruit que le >> roi de Prusse serait dédommagé de ses pertes sur > la rive gauche du Rhin, par la possession de l'élec»torat d'Hanovre. Natif de ce pays, un événement >> politique de cette importance m'intéressait, quoi» qu'il me soit absolument indifférent que mon pays » natal reconnaisse pour son souverain le roi d'An>> gleterre ou le roi de Prusse, pourvu que mes an>> ciens compatriotes ne perdent pas au change. En >> réfléchissant sur les avantages et les désavantages >> qui pourraient en résulter pour eux, je trouvai » que la balance penchait en leur faveur. Depuis » que le roi de Prusse a, en effet, pris possession de

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