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critique sévère, mais juste, et surtout impartial, accueille cette idée; il pourra laisser aux écrivains d'un autre âge un guide nécessaire; indiquer dans la confusion et la corruption de nos annales, celles qui ne furent que des oeuvres de mensonge, et sauver de l'oubli celles qui sont dignes de mémoire.

On peut conclure des réflexions que nous venons de présenter :

1o. Qu'en admettant les causes, on ne peut nier les effets;

2°. Que la tendance générale vers le meilleur ordre social ne peut pas être arrêtée ;

3°. Que les axiômes de la science du gouvernement et de l'économie politique proprement dite, sont autant de vérités mathématiques dont les nations civilisées ne peuvent être dessaisies qu'en retombant dans le chaos de la barbarie;

4°. Que les découvertes et les épreuves, qui ont tant coûté à l'humanité pour fixer la constitution du véritable gouvernement monarchique tempéré par la représentation nationale, ne peuvent pas plus rester sans application, que les lois du mouvement, que l'invention de la boussole, l'électricité, et les décompositions chimiques;

5. Que ces conquêtes de l'esprit humain dans l'ordre moral, comme dans l'ordre physique, sont l'accomplissement des desseins du Créateur, qui a mis

dans tous ses ouvrages les moyens de conservation et de perfectionnement;

6°. Que les fureurs de la démocratie, les rêves philanthropiques des niveleurs républicains, et les prétentions surannées d'une fausse aristocratie, ne prévaudront pas plus contre la vraie liberté et l'égalité politique, que le fanatisme religieux et l'athéisme n'ont prévalu, contre la vraie religion et la douce morale de l'Evangile;'

7°. Enfin, que malgré les vaines alarmes, les illusions de l'orgueil et le désordre des passions, la raison publique, c'est-à-dire le jugement rectifié par l'expérience, mûrira de jour en jour, dans toutes les classes de la société, par le progrès des lumières et de l'in

struction.

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Sur l'importance de l'Ile de Malte.

« En quoi! disait le premier Consul à lord With>> worth, après dix ans d'inutiles combats, quand » l'Angleterre a reconnu l'impossibilité d'arrêter le » cours des destinées de la France, d'influer sur la » forme de son gouvernement, et de lui arracher » une seule de ses conquêtes sur le continent, quand » elle est amplement dédommagée par le monopole » du commerce du monde, par l'acquisition des » plus riches colonies, elle veut faire la guerre pour » conserver la possession de Malte, et c'est pour ce » misérable rocher qu'elle veut de nouveau embra>> ser l'Europe! >>

Nous avons assez fait connaître quelles furent les véritables causes du peu de durée de la pacification d'Amiens. D'autres prétextes n'auraient sans doute pas manqué au parti puissant qui entraîna le ministère anglais à la violation du traité; mais ce misérable rocher valait lui seul tous les frais de la guerre : on devait bien plutôt s'étonner que le cabinet anglais eût pu consentir à l'abandonner, et rien ne

prouve mieux que la paix d'Amiens fut, en effet, une paix forcée : quoique nous persistions à croire qu'elle fut sincère des deux parts, l'Angleterre, près d'un siècle auparavant, n'eût pas souscrit à Utrecht le traité avec l'Espagne, sans la cession irrévocable de Gibraltar, que la fortune de l'amiral Rook, l'audace d'un prince de Hesse, et l'inconcevable négligence des Espagnols, avaient fait tomber entre ses mains. Ce point d'observation, toujours hostile entre les arsenaux de Toulon, de Carthagène et de Cadix, rompant ou rendant périlleuse toute combinaison des forces navales de la France et de l'Espagne, soumet aux croisières anglaises la communication des deux mers et ce principal arrivage en Europe. Cependant, ces précieux avantages, qui ont, en grande partie, causé la ruine de la marine espagnole, ne peuvent être comparés à ceux de la possession de l'île de Malte; celle-ci est d'une toute autre importance, ce n'est rien de moins que la domination de la Méditerranée.

Bien avant la révolution, la France disposait de l'île de Malte. Les revenus des trois langues françaises équivalaient à la totalité de ceux des autres langues; elles avaient les principales dignités; leur prépondérance ne pouvoit être contestée; les fréquentes relâches des bâtimens faisant le commerce du Levant enrichissaient le trésor de l'Ordre; le misérable ro→ cher était vivifié par l'industrie française.

La prospérité de cette espèce de colonie dont l'indépendance et la neutralité n'étaient soutenues que par le protectorat de la France, et tout au profit de cette puissance, excitait depuis long-temps la jalousie des autres. Les Anglais, maîtres de Gibraltar et de Mahon, jetèrent d'envieux regards sur l'île de Malte. Divers projets de surprise furent agités dans le cabinet, diverses intrigues furent ourdies pour s'y ménager des intelligences. D'un autre côté, l'impératrice de Russie, Catherine II, dans le développement de ses vastes desseins contre l'empire ottoman, médita celui de former un établissement maritime dans la Méditerranée; elle fit proposer secrètement au grand-maître Pinto de s'allier avec elle pour faire la guerre aux Turcs. Malte eût été d'abord le dépôt de toutes les munitions navales que la Russie devait y faire abonder. Cette place aurait bientôt acquis une importance formidable aux Ottomans; elle eût tenté d'immenses apprêts pour l'attaque de Constantinople, et le succès de cette grande entreprise eût fait de Malte l'entrepôt du commerce du nord de l'Europe et de la plus belle partie de

l'Asie.

Les intérêts commerciaux de la France et son influence dans le conseil de l'Ordre ne permirent point au grand- maître Ximenès d'accepter ces propositions on se borna à offrir aux escadres russes l'entrée des ports, et les secours nécessaires pour leurs

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