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mense carrière, persuadé que les salutaires avertissemens de l'histoire ne ressortent pas moins de la peinture fidèle des caractères extraordinaires que de la narration exacte des plus mémorables événemens.

Nous avons dû nous borner, dans cette note, à présenter une idée générale de l'importance des travaux exécutés au Simplon, et nous regretterions de n'être pas entré dans de plus grands détails, si le beau Mémoire de M. Ch. Dupin sur la route du Simplon et le plan gravé par M. Tardieu, n'avaient été récemment pùbliés par M. Panckoucke dans la première livraison de sa Collection des Monumens, des Victoires et Conquêtes des Français. Ceux de nos lecteurs qui désireraient satisfaire à cet égard leur curiosité, trouveront dans ce Mémoire l'historique · le plus complet de cette grande entreprise, les noms des savans ingénieurs qui l'ont conduite à sa perfection, la description topographique du terrain, celle des ouvrages d'art par lesquels on a triomphé 'de l'aspérité des lieux et des causes de dégradation, avec autant de succès qu'en puissent obtenir le génie et les efforts des hommes contre l'action des élémens et du temps.

NOTE TROISIÈME.

CHAPITRE II. - Page 85.

Sur l'influence des écrivains dans les matières politiques.

Nous avons fait remarquer à nos lecteurs, que la virulence des écrits qui furent publiés en France et en Angleterre pendant la paix éphémère conclue à Amiens, avait contribué à amener la rupture entre les deux puissances. Quoique nous ayons parlé de cette guerre de plume comme d'un incident qui aggrava sans doute les griefs réciproquement allégués, mais ne dut point être considéré comme l'une des principales causes de la seconde guerre, il est du moins certain que l'intervention des écrivains de parti empêcha l'ouverture de nouvelles négociations, et ne laissa à M. de Talleyrand aucun moyen de les

renouer.

Tandis que les uns vantaient la politique du gouvernement anglais, justifiaient son manque de foi, et représentaient son obstination à rallumer la guerre en Europe comme le seul espoir d'y conserver les prétendus principes de la société profondément ébran lés par le succès de la révolution, d'autres apolo

gistes, empressés de servir les vues ambitieuses du premier Consul, approuvaient son intolérante fierté, son mépris des formes et des ménagemens qui auraient pu consolider la paix.

Ce qui rendit si funeste à cette époque l'influence de ces publications semi-officielles, c'est que, du côté de la France, rien ne pouvait la tempérer : la liberté de la presse avait péri par ses propres excès; Bonaparte, qui dans sa toute-puissance n'aurait pas dû la détruire, la trouva abattue à ses pieds, et l'y tint enchaînée; seul, et pour lui seul, il voulut manier cette arme presque toujours nuisible au pouvoir absolu, parce que la force ne saurait produire la conviction; celui qui parle sans contradicteurs, et du même point élevé d'où il commande aux peuples d'obéir, attire rarement leur confiance: au point de civilisation où les sociétés humaines sont parvenues, la loi, c'est-àdire la volonté commune, est le seul modérateur possible; la seule digue contre l'abus

De l'art ingénieux

De peindre la parole et de parler aux yeux.

Mais la contrainte de l'expression de la pensée dans quelque gouvernement et sous quelque forme qu'on entreprenne de l'établir, est un contre-sens politique; ceux qui, à l'exemple du conquérant moderne, se promettraient des résultats salutaires et durables d'une elle mesure, n'auraient embrassé qu'une chimère,

t

il faut ou résoudre le problème du gouvernement avec les données qu'aucun prodige ne peut changer, ou obtenir du maître de l'univers qu'il imprime aux êtres créés un mouvement rétrograde et contraire à ses décrets éternels, qu'il ramène les siècles écoutés, et fasse reparaître d'autres sociétés, un autre esprit humain.

Nous voulions nous borner dans cette note à tirer quelque utile instruction des effets que produisirent sur les relations entre la France et l'Angleterre, pendant la trève, la liberté illimitée de la presse chez les Anglais, et la sévère censure, le monopole de la pensée exercé par le chef du gouvernement français ; mais ces observations particulièrement relatives à l'une des plus remarquables époques de notre histoire, nous ont fait apercevoir d'un point de vue plus élevé et sous des rapports plus étendus, l'influence toujours croissante des écrivain sur la politique intérieure et extérieure des états; si l'on examinait de plus près la véritable cause et les effets inévitables de cette influence, peut-être y trouverait-on plus de motifs de sécurité qu'on n'en peut concevoir d'alarmes.

A l'époque où nous écrivons, presque un demi-siècle après l'explosion des idées libérales rep ochée à quelques philosophes comme à de nouveaux Erostrates, on voit la plupart des gouvernemens entravés dans leur marche, ne pouvoir accorder, avec les principes

universellement reconnus, leurs maximes, sages pour d'autres temps, mais inapplicables à l'état présent des sociétés. Presque partout, ceux qui sont chargés de faire exécuter les lois, et de maintenir l'ordre qui est la vie des lois, se plaignent de cette manie, de ce besoin de s'occuper des affaires publiques autant que des affaires domestiques; on considère cette disposition générale des esprits comme une maladie contagieuse qui menace de dissoudre le corps social : mais est-ce donc une chose nouvelle que cette tendance des intérêts privés à se concentrer, à s'identifier avec l'intérêt de la patrie? Que voyons-nous, qu'éprouvons-nous, que les générations qui ont précédé la nôtre n'aient vu.et éprouvé dans des circonstances plus ou moins semblables? Est-ce donc la première révolution opérée dans le monde moral? et avant, et depuis le bienfait céleste d'une religion révélée, combien de croyances qui nous paraissent absurdes, et que nous disons impies, ont pendant des siècles préoccupé l'esprit humain! Des gouvernemens énergiques, des princes très-puissans luttèrent long-temps et vainement contre la propagation des maximes évangéliques: elles triomphèrent par elles-mêmes, par la persua➡ sion de la raison, par l'opinion publique. Pourquoi les vérités politiques, les principes de l'ordre social dégagés aussi de funestes erreurs, auraient-ils moins

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