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des deux partis, n'a fait que pallier des maux irréparables. Tant que le médiateur a conservé la puis sance, il a pu maintenir son ouvrage. Quand son étoile a pâli, les passions haineuses, long-temps assoupies, se sont réveillées; la France en a ressenti les effets; elle ne doit point se flatter de rétablir jamais sa prépondérance dans les affaires de Suisse par les moyens qu'elle employait autrefois, et qui lui garantissaient l'inviolable neutralité si précieuse pour la défense de ses faibles frontières orientales; autres temps, autres soins plus le gouvernement constitutionnel s'affermira en, France, et plus la vieille aristocratie suisse, à laquelle la révolution a fait tant de mal, perdra de son influence. Elle nous fut profitable sous l'ancienne monarchię; aujourd'hui ses justes ressentimens ont dû l'aliéner : elle tendra toujours sans doute à rétablir les bases de l'ancienne neutralité qui fut long-temps son égide; mais ce dogme politique ne trouvera plus de croyance. La France devra surtout en dissiper l'illusion; elle doit, en cultivant la bienveillance et l'amitié de ses braves voisins, les éclairer sur l'intérêt commun aux deux nations, et les porter à conclure une plus étroite alliance: nous ne nous permettrons ici aucune supposition de guerre offensive et défensive dans laquelle la France pourrait se trouver engagée; mais nous affirmerons que, dans aucun cas,

le territoire suisse ne serait, de commun accord, respecté par les puissances belligérantes; l'alliance avec la France pourrait seule le garantir de la calamité qu'il n'a que trop éprouvée, de devenir le théâtre de guerre le développement de cette proposition nous entraînerait dans de trop longs détails, et paraîtrait peut-être inopportan au sein de la paix.

NOTE DEUXIÈME.

CHAPITRE II®. Page 81.

Sur la route du Simplon.

La conquête la plus importante des Français dans la première période de la guerre de la révolution fut celle de la Savoie, du Piémont et du comté de Nice, qui porta sur les plus hautes sommités de la grande chaîne des Alpes les limites de leur territoire; toutes les forteresses qui fermaient les débouchés des vallées formées par les sources et les affluens du Pó furent démolies; le vaste bassin de ce fleuve se trouva de toutes parts ouvert; la masse entière des Alpes depuis le Mont-Blanc jusqu'au rivage escarpé de la Méditerranée, où le nœud qui la rattache aux monts Apennins ne laisse qu'un étroit passage, devint la barrière entre la France et l'Italie on sait par combien de combats cette barrière naturelle avait été disputée dans les deux siècles précédens; quelles diversions toujours ruineuses, souvent désastreuses pour la France, s'étaient opérées sur ce théâtre de guerre. La plus faible des puissances de l'Europe ne s'y était maintenue que par la rivalité des deux puissances alors prépondérantes : chaque traité amenait

de nouvelles cessions et rétrocessions de vallées, des enclaves nécessitées par la position respective des places fortes. Là, plus qu'ailleurs, on jetait dans la paix les germes de la guerre; on ne pouvait parvenir, d'aucun des deux côtés, à balancer les avantages: en effet, en cas d'agression, les obstacles naturels et tous ceux que l'art de fortifier y avait ajoutés, ne pouvaient garantir les états du roi de Sardaigne d'être envahis par des forces très-supérieures; et d'un autre côté si la France, forcée d'employer sur d'autres frontières la plus grande partie de ses forces actives, devait se borner sur celle-ci à une défensive absolue, elle éprouvait, pour en bien asseoir le système, tous les inconvéniens d'une délimitation aussi bizarre que les circonstances qui l'avaient successivement déterminée.

Toutes les puissances du continent veulent remplir leurs destinées, et tendent toujours à s'agrandir en feignant de se balancer. L'observateur impartial des combinaisons de leurs intérêts et de leurs actes politiques n'y voit qu'une alternative de violations du droit et des protestations hypocrites des oppresseurs et des opprimés. Après chaque grande commotion on verra l'esprit de modération prévaloir un grand prince mettra peut-être toute sa gloire à l'inspirer, toute sa prépondérance à le fixer. Vain espoir! la garantie d'un tel accord ne peut se

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trouver que dans la justice distributive; l'arbitre manque : un tel œuvre ne pouvant être celui des hommes, et la lutte de leurs passions ramenant forcément l'état de guerre, l'ambition la plus excusable est encore celle de vouloir profiter des chances favorables pour porter les limites du territoire jusqu'à tel fleuve ou telle chaîne de montagnes qui forme la ligne de démarcation la plus naturelle et la barrière la plus utile à la sûreté de l'état. Si le conquérant s'y arrête et s'y affermit, il aura fait un sage et légitime usage du droit de conquête; s'il la dépasse, il aura mérité de la perdre. Entre les nombreux exemples de ces variations qu'offrent l'histoire des anciens peuples et celle des dominations modernes, le plus remarquable, après le partage de la Pologne, est l'extension des frontières de la France vers le nord jusqu'à la rive gauche du Rhin, et vers l'est jusqu'aux revers des grandes Alpes. C'étaient là ses véritables confins; c'était aussi sa juste proportion d'étendue et de population par rapport à l'accroissement de puissance de l'Autriche et de la Russie; et peutêtre que la consolidation de ces deux belles conquêtes, plus vraisemblable et plus facile à cette époque que ne le fut long-temps celle des conquêtes de l'Alsace et de la Franche-Comté, eût été pour la tranquillité et la prospérité du reste de l'Europe une base plus solide que les partages sans système, les incor

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