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sans du district de Grandson s'étant soulevés et ayant enlevé la ville d'Orbe, le général Audermatt se hâta de les en chasser, et de reprendre ce poste dont la perte découvrait entièrement sa gauche et ses derrières; mais pendant qu'il les poursuivait jusqu'à Iverdun, le général Bachmann, qui venait de prendre le commandement de l'armée de la Ligue suisse, profita de cette diversion pour effectuer une attaque générale sur toute la ligne, le 3 octobre. La position occupée par les troupes helvétiques, en avant d'Avenche, fut forcée. Elles se retirèrent en désordre, et tentèrent de se former sous Payerne : le général Bachmann ne leur en laissa pas le temps; il les mit en pleine déroute, et les poursuivit sans relâche jusques au-delà de Moudon.

Après cette action décisive, Lausanne était entièrement découverte, et les troupes de la ligue pouvaient y entrer librement : les membres du gouvernement helvétique n'ayant plus aucun moyen de défense, allaient se réfugier en Savoie, lorsque l'arri

vée soudaine du général Rapp, aide-de-camp du premier Consul, et porteur de ses ordres, ranima leurs espérances, et fit changer promptement la face des affaires de Suisse. Cet officier descendit chez le ministre français Verninac, se présenta avec lui au sénat, et remit la proclamation que le premier Consul adressait aux dix-huit cantons helvétiques. Le ton et les principaux traits de ce document font connaître toute la pen. sée de Bonaparte, interposant son autorité, et offrant aux Suisses, au nom des peuples français et italien, son efficace médiation. « Le sang des Suisses a coulé par la main >> des Suisses,

>> Vous vous êtes disputés trois ans sans >> vous entendre; si l'on vous abandonne >> plus long-temps à vous-mêmes, vous >> vous tuerez pendant trois ans sans vous >> entendre. Votre histoire prouve d'ailleurs » que vos guerres intestines n'ont jamais » pu se terminer que par l'entremise de la >> France.

» Il est vrai que j'avais pris le parti de ne

» me mêler en rien de vos affaires; j'avais »'vu constamment vos différens gouverne

» mens me demander des conseils et ne pas » les suivre, et quelquefois abuser de mon » nom selon leurs intérêts et leurs passions; » mais je ne puis ni ne dois rester insensible >> au malheur auquel vous êtes en proie; je >> reviens sur ma résolution, je serai le média>>teur de vos différends, mais ma médiation >> sera efficace, telle qu'il convient aux grands >> peuples au nom desquels je parle. »

Le médiateur prescrivait que cinq jours après cette notification, le sénat helvétique se rassemblerait à Berne, que les préfets reprendraient leurs postes, et que toutes les autorités formées depuis la prise de Berne cesseraient leurs fonctions. Il exigeait que les troupes, les milices et les rassemblemens des confédérés fussent licenciés, et déposassent leurs armes à leurs municipalités respectives. Les troupes organisées depuis plus de six mois pouvaient seules rester formées; les deux demi-brigades helvétiques venues de France devaient former la garnison de

Berne; enfin, il appelait à Paris trois députés du sénat et des délégués de chaque canton, pour délibérer sous ses yeux sur les moyens de rétablir la tranquillité, et d'asseoir les bases d'une constitution fédérative. De son côté, disait-il, il avait droit d'attendre qu'aucune ville, aucune commune, aucun corps ne ferait rien qui pút contrarier ces dispositions.

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Le sénat helvétique reçut avec joie cette déclaration, et s'empressa de faire éclater les témoignages de sa reconnaissance. Le général Rapp, chargé de faire les mêmes communications aux insurgés se rendit d'abord à leur quartier général, et négocia avec le général Bachmann une suspension d'armes en arrivant à Berne, il somma le nouveau gouvernement de se dissoudre, et de congédier ses troupes dans le terme de cinq jours.

Ce fut un coup de foudre pour ces magistrats; car ils ne doutaient déjà plus que les derniers succès de Bachmann, et l'occupation du pays de Vaud, les ayant rendus maîtres

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de tout le territoire suisse, ils ne trouvassent le premier Consul disposé à traiter de préférence avec le parti qui avait triomphé. Ils répondirent à la sommation, qu'ils ne pouvaient d'eux-mêmes effectuer ces mesures ni rien promettre, et qu'ils devaient en référer à la décision des représentans des cantons assemblés en diète à Schweitz, et chargés en chef des intérêts de la confédération. Cette réponse et la déclaration du premier Consul furent portées à Schweitz par deux magistrats, MM. Tscharner et Thormann: huit jours seulement avant leur arrivée, lé président Aloys Reding avait fait l'ouverture de la session avec tout l'appareil que pouvaient admettre les coutumes de ces peuples et la simplicité des mœurs antiques; cette solennité avait été immédiatement suivie de la publication d'un projet de constitution générale. Le préambule était aussi une invitation à la concorde, et cependant les vainqueurs menaçaient de frapper de sévères punitions ceux qui oseraient troubler l'ordre; peu d'exemples, disait-on, devaient suf

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