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faire une infinité de détours. Au bas de l'escalier se trouve la prison dont la porte est toujours ouverte depuis midi jusqu'au soir. En passant, je vis une foule de malheureux qui y étaient entassés. On remarque, dans la cour, douze pièces de campagne, avec leurs caissons, extrêmement bien tenues. Jamais je n'ai vu un spectacle plus hideux et plus révoltant que celui du ministre de Djezar, que je rencontrai en sortant. Le pacha lui a fait arracher un œil et couper les oreilles et le nez. J'ai vu dans la ville plus de cent individus dans le même état. En voyant les domestiques de Djezar, et même les habitans d'Acre, on se croit dans un repaire de brigands prêts à vous assassiner : ce monstre a imprimé le cachet de son caractère atroce sur tout ce qui l'entoure.

J'ai eu lieu de voir à Acre le procurateur de la propagande et celui de la Terre-Sainte. C'est du premier et du commissaire des Sept-Iles que je tiens des renseignemens exacts sur l'état actuel de la Syrie et sur les fortifications d'Acre, que je n'ai pu voir qu'en partie : il ne m'a pas été permis de les visiter. Le procurateur de la Terre-Sainte a été pénétré de reconnaissance envers le premier Consul, pour la protection qu'il accorde à ces moines; il m'a assuré que ma recommandation auprès de Djezar leur era fort utile. Il fait tout, m'a-t-il dit, pour se rac

commoder avec le premier Consul. Ce qu'il y a de certain, c'est que Djezar a fort bien traité un bâtiment français, qui avait été à Acre avant mon arrivée.

Djezar occupe toute la Palestine, à l'exception de Jaffa, où Aboumarak, pacha, se trouve assiégé depuis cinq mois par neuf mille hommes. Ce siége empêche Djezar de faire, avec autant de vigueur qu'il le voudrait, la guerre à l'émir des Druzes : ce dernier ne lui a rien voulu payer depuis un an.

Tripoli est tranquille dans ce moment : il n'en est pas de même d'Alep, d'où le pacha a été chassé. Damas a consommé sa rebellion contre la Porte; nonseulement le pacha du divan en a été chassé, mais l'aga qui commandait la citadelle pour tous les Turcs a été livré par ses soldats et a eu la tête tranchée. Ce pachalic est resté au pacha rebelle, Abdalla, qui est une créature de Djezar : ce dernier venait de lui. donner l'ordre et les moyens d'escorter les pèlerins de la Mecque. En un mot, presque toute la Syrie est à Djezar, et les Osmanlis y sont détestés comme en Egypte.

Les Mutualis vivent tranquilles dans leurs villages; on les a cependant obligés à quitter les bords de

la mer.

Aboumarak en est aux dernières extrémités; c'est un homme déconsidéré et d'une cruauté qui égale, si

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elle ne surpasse pas, celle de Djezar; les chrétiens la redoutent encore davantage et en éprouvent toutes les avanies possibles. Les moines du couvent de Jaffa se sont retirés à Jérusalem.

Le 22 novembre je partis d'Acre; et, comme les vents étaient contraires pour me rendre à Jaffa, je fis voile pour Zante, où j'arrivai le 5 décembre. Je descendis le même jour, mais on nous mit en quarantaine. J'obtins cependant de me rendre chez le gouverneur et chez le commissaire français, escorté par des gardes de santé.

J'appris bientôt que l'île et la république étaient divisées en différens partis, et que la tranquillité même y était menacée. Je fis réunir quelques membres des autorités constituées et les principaux de la ville chez le gouverneur, M. Calichiopolo. Après leur avoir parlé de l'intérêt que le premier Consul prend à leur bonheur, je les engageai, en son nom, à déposer cet esprit de parti qui les déchirait, et à attendre, dans le silence des passions, la nouvelle constitution que les puissances, garantes de leur souveraineté et de leur indépendance, se préparaient à leur donner.

Ce peu de mots fut accueilli avec enthousiasme, et tous crièrent : «Vive la France! vive Bonaparte ! » Ces cris furent réitérés, à ma sortie, par plus de 4000 personnes qui m'accompagnèrent jusqu'au port. Le

gouverneur et le commandant russe en furent alarmés; et j'appris le lendemain, par le commissaire français, qu'on avait mis en prison deux personnes des plus influentes; mais que, sur ses instances, et craignant mes reproches, on les avait fait relâcher dans la nuit. J'allai à la consigne ; j'y fis venir le gouverneur. Je lui parlai avec force sur l'irrégularité de sa conduite. Il fut atterré, et promit de ne voir dans ceux qui avaient crié : Vive le Premier Consul! que de bons citoyens, et de les traiter comme

tels.

Comme il avait envoyé dans la nuit un courrier à son gouvernement, et que j'avais lieu de croire qu'il lui avait fait un rapport infidèle, j'écrivis aussitôt au chargé d'affaires de la république à Corfou, pour l'informer de ce qui s'était passé; et immédiatement après je me mis en route pour Messine.

Je ne m'écarterai point de la vérité, en assurant que les îles de la mer ïonienne se déclareront françaises, dès qu'on le voudra.

ARMÉE

ANGLAISE EN ÉGYPTE.

Cette armée, commandée par le général Stuart, est forte de quatre mille quatre cent trente hommes, comme il paraît par la situation ci-dessous : elle occupe en entier exclusivement Alexandrie et les forts envi ronnans. Les Turcs qui formaient la garnison de quel

ques-uns de ces forts en ont été chassés. Dernièrement le général anglais a fait occuper Demanhour par cent hommes d'infanterie et cent cavaliers, sous prétexte de contenir des Arabes. Les Anglais ne font aucun des travaux nécessaires à l'entretien des forts; les palissades en sont presque entièrement détruites, et les éboulemens occasionnés par les pluies ont infiniment dégradé toutes ces nouvelles fortifications. Ils n'occupent aucun des ouvrages qui sont hors de l'enceinte des Arabes, et toutes les redoutes extérieures qui existaient lors du départ de l'armée française sont détruites.

Le pacha du Caire fournit à l'armée anglaise du blé, du riz, du bois et de la viande, sans en tirer aucun paiement. Les consommations sont triples de ce qu'elles devraient être; il s'y commet de grandes dilapidations.

La plus grande mésintelligence règne entre le général Stuart et le pacha.

Situation de l'armée.

Le régiment de Dillon ( émigrés)... 450 hommes. Chasseurs britanniques (idem).

Régiment de Role (suisse).

550

....

600

Régiment de Watteville ( idem)... 680
Le 10 régim. d'infanterie (anglais). 600

2,880

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