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Bogaz. On n'a

pas continué les travaux du fort qui est en mauvais état les tours du Boğaz sont bien entretenues. Il y a une garnison de 200 hommes dans le fort et dans les tours.

Le 9 je reçus la visite du fils de Hassan-Toubar; son influence sur les habitans du lac Mensalé est tou\jours la même....:

Le 10 je passai à Sénenié, où je vis le cheik Ibrahim El-Behloul, celui qui se conduisit si bien lorsque les Français, sous les ordres du général Vial, furent pris et cernés. Le premier Consul avait exempté son village de toutes contributions.

J'ai vu à Damiette tous les cheiks et notamment Aly - Khasaki, que le premier Consul avait revêtu d'une pelisse. Il jouit d'un très-grand crédit et conserve beaucoup d'attachement pour la France.

Il existe à Damiette deux chrétiens qui ont un vrai mérite, et qui peuvent nous être fort utiles; ce sont MM. Bazile et don Bazile: ils ont de l'intelligence, une fortune très-considérable, et jouissent d'une trèsgrande considération.

En Égypte, chefs, commerçans, ulema, peuple, tout aime à s'entretenir du premier Consul, tous font des vœux pour son bonheur. Toutes les noùvelles qui le concernent se répandent d'Alexandrie, ou de Damiette, aux pyramides, aux grandes cataractes, avec une rapidité étonnante. ›

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Le 15 novembre, la frégate arriva au Bogaz dé 'Damiette, et je partis immédiatement pour Acre, où je fus rendu le 20.

Le 21 au matin, j'envoyai à Djezar-Pacha les citoyens Jaubert et Lagrange, avec une lettre dans laquelle je lui mandais que la paix étant conclue entre la France et la Porte, on allait rétablir les relations de commerce sur le pied où elles étaient avant lá guerre, et que j'étais chargé par le premier Consul de conférer avec lui sur cet objet. Je le priais de me répondre par écrit s'il était dans l'intention de s'entretenir avec moi. Quelques heures après les citoyens Jaubert et Lagrange furent de retour. Djezar les avait reçus assez froidement. Il leur avait dit que je pouvais me rendre auprès de lui, mais il n'avait voulu répondre que verbalement. Tout le monde m'avait conseillé de ne point le voir sans une assurance écrite par lui-même; mais, malgré ces avis timides et le refus obstiné qu'il fit de me répondre par lettre, je me décidai à me rendre à l'instant même à Acre.

Je descendis chez le commissaire de la république des Sept-Iles. Un moment après le drogman du pacha, informé de mon arrivée, vint me prendre pour me conduire chez Djezar, qui me reçut dans un appartement où il était seul, et où il n'y avait, pour tous meubles, qu'un tapis. Il avait à côté de lui un

pistolet à quatre coups), une carabine à vent, un sa◄ bre et une hache. Après s'être informé des nouvelles de ma santé, il me demanda si j'étais bien persuadé que, lorsque l'heure de notre fin était sonnée dans le ciel, rien ne pouvait changer notre destinée. Ma réponse fut que je croyais comme lui au fatalisme. Il continua à parler long-temps dans ce sens, et je vis qu'il affectait une extrême simplicité, qu'il voulait passer pour un homme d'esprit, et qui plus est, pour homme juste. Il me répéta plusieurs fois : « On » dit que Djezar est barbare, il n'est que juste et >> sévère. Priez le premier Consul, ajouta-t-il, de >> ne pas m'envoyer, pour commissaire des relations » commerciales, un borgne ou un boiteux, parce que >> l'on ne manquerait pas de dire que c'est Djezar » qui l'a mis dans cet état. » Un moment après il me dit encore: « Je désire que le commissaire que vous » enverrez s'établisse à Seide outre que ce port est » le plus commerçant de mes états, cet agent ne se»rait pas nécessaire ici ; j'y serai moi-même le com» missaire français, et vos compatriotes y recevront » l'accueil le plus amical. J'estime beaucoup les Fran»çais. Bonaparte est petit de corps, mais c'est le plus » grand des homines; aussi je sais qu'on le regrette » beaucoup au Caire; et qu'on l'y voudrait avoir en

> core. D.

Je lui avais dit quelques mots sur la paix entre la

France et la Sublime-Porte, et il me répondit : «< Sa» vez-vous pourquoi je vous reçois et que j'ai du >> plaisir à vous voir? C'est parce que vous venez » sans firman; je ne fais aucun cas des ordres du di>> van, et j'ai le plus profond mépris pour son visir » borgne. On dit : Djezar est un Bosnien, un homme » de rien, un homme cruel; mais, en attendant, je » n'ai besoin de personne et l'on me recherche. Je » suis né pauvre; mon père ne m'a légué que son >> courage : je me suis élevé à force de travaux ; mais » cela ne me donne point d'orgueil, car tout finit, >> et aujourd'hui peut-être ou demain Djezar lui» même finira, non qu'il soit vieux, comme le disent >> ses ennemis (et dans ce moment il se mit à faire le maniement des armes à la manière des mameloucks, ce qu'il exécuta avec beaucoup d'agilité), » mais parce que Dieu l'aura ainsi ordonné. Le roi » de France, qui était puissant, a péri: Nabucho>> donosor, le plus grand des rois de son temps, fut » tué par un moucheron, etc. » Il me débita d'autres sentences du même genre, et me parla ensuite des motifs qui l'avaient décidé à faire la guerre à l'armée française. Dans tous ses discours on remarquait aisément qu'il désirait se raccommoder avec le premier Consul, et qu'il redoutait son courroux.

Voici l'apologue dont il se servit pour me démon trer les raisons qui l'avaient porté à la résistance.

« Un esclave noir, me dit-il, après un long voyage » où il avait souffert tous les genres de privations, » arrive dans un petit champ de cannes sucre: il

» s'y arrête, se repaît de cette liqueur délicieuse et » se détermine à s'établir dans ce champ. Un mo»ment après passent deux voyageurs qui se sui>> vaient. Le premier lui dit : « Salamalec.» (Le >> salut soit avec toi. ). Le diable t'emporte, lui ré» pond l'esclave noir. Le second voyageur s'approche » de lui et lui demande pourquoi il avait répondu » aussi mal à un propos plein de bonté. J'avais de bon>> nes raisons pour cela, répliqua-t-il; si ma réponse >> eût été amicale, cet homme m'aurait accosté, se >> serait assis auprès de moi; il aurait partagé ma nour>> riture, l'aurait trouvée bonne, et aurait cherché » à en avoir la propriété exclusive. »

J'ai recommandé à Djezar les chrétiens, et surtout tous les couvens de Nazareth et de Jérusalem : il m'a assuré qu'il les traiterait avec beaucoup d'égards. Je n'ai pas oublié les Mutualis; j'ai reçu les mêmes assurances en leur faveur. Djezar m'a différentes fois répété que sa parole valait plus que des traités. Notre conversation fut interrompue, pendant quelques momens, par une musique militaire assez agréable qu'il fit exécuter.

Son palais est bâti avec beaucoup de goût et d'élégance; mais pour parvenir aux appartemens, il faut

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