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J'employai la journée du 19 à parcourir la ville, et à recevoir différens individus qui vinrent me voir. Le 20, je partis pour me rendre au Caire, escorté par deux officiers turcs et par si six soldats français que j'avais pris à bord de la frégate. Les vents contraires m'obligèrent de rentrer dans le port.

Le lendemain je fus à Aboukir, où je passai la nuit. Je profitai de cette occasion pour visiter en détail le fort, qui est dans le plus grand délabrement.

Le 22, j'arrivai à Rosette, après avoir visité, en montant, le fort Julien; je vis; ce jour-là même, Osman, aga et douanier de la ville, ainsi que tous les chrétiens qui s'y trouvent.

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Le 23 je fus à Faoné, où je vis le commandant de la place, le cadi et les cheiks je reçus de ces derniers et de tous ceux que j'ai entretenus, des protestations d'attachement pour le premier Consul.

Je passai le lendemain à Rahmanié, où je vis le cheik Muhammed Abou-Aly. Le fort de cette ville est presque entièrement détruit.

Je vis le 25, à Menouf, le cheik Abdin, que le premier Consul avait nommé cadi. Les autres cheiks de cette ville, qui vinrent me voir chez lui, me tinrent les mêmes discours que les cheiks de Faoné. Je leur dis « Le premier Consul aime beaucoup » votre pays; il en parle souvent; il s'intéresse à

>> votre bonheur; il ne vous oubliera point et vous >> recommandera à la Porte. Il a fait le paix avec >> l'Europe, et ce pays se ressentira de l'intérêt qu'il » y prend, et du souvenir qu'il conserve aux pauvres » cheiks d'Égypte. »

Muhammed-Kachef-Zourba-Mulzellem, qui commandait à Menouf lors de mon passage dans cette ville, a eu la tête tranchée, d'après une accusation d'intelligence avec les mamelouks.

Les deux forts de Menouf sont détruits.

J'arrivai le même jour à Boulak. J'envoyai immédiatement le citoyen Jaubert prévenir le pacha du Caire de mon arrivée.

Le lendemain matin 26 le pacha m'envoya trois cents hommes de cavalerie et deux cents hommes d'infanterie, commandés par les principaux officiers de sa maison, pour m'accompagner chez lui au bruit' d'un grand nombre de salves d'artillerie.

Rendu chez le pacha, je lui dis : « La paix vient » de se conclure entre la république française et la >> sublime Porte : les anciennes relations d'amitié et » de commerce vont être rétablies, et je suis chargé » par le grand Consul Bonaparte, de vous assurer de >> sa bienveillance et de vous annoncer l'arrivée des >> commissaires de commerce français en Égypte. » Le pacha me répondit : « La bienveillance dont le >> premier Consul m'honore me pénètre de recon

»> naissance, et ses agens commerciaux recevront ici » l'accueil le plus amical. >>

Je me rendis ensuite dans la maison que le pacha m'avait fait préparer.

Je reçus, le même jour, la visite de tous les principaux du pays, et celle des intendans-cophtes.

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Le 27, je me rendis encore chez le pacha; j'eus avec lui une longue conférence. Je lui parlai en ces termes: « Le premier Consul prend à vous et au pays » que vous gouvernez un intérêt très-vif, et désire >> contribuer à votre bonheur ; il m'a chargé de vous »>.offrir sa médiation, pour vous pacifier avec les » beys. >>

Le pacha me remercia vivement et sincèrement de l'intérêt du premier Consul pour sa personne; mais il me protesta qu'il avait l'ordre le plus positif de sa cour de faire une guerre d'extermination aux beys, et de n'entrer en aucun arrangement avec eux. Je, lui observai que les affaires malheureuses pour les troupes ottomanes, qui avaient eu lieu (car elles. venaient d'être battues cinq fois de suite par les mamelouks), rendaient la position très- critique, et que cette obstination l'exposait à perdre cette province. Il me donna alors communication des ordres de la Porte, et je vis, à n'en pouvoir douter, qu'il ne lui était pas possible de se prêter à aucun accommodement. Je le prévins que j'étais dans l'intention

que má

de voir les différens cheiks du Caire, ainsi dame Murad-Bey, et de visiter les environs et les fortifications de la ville. Il ordonna aussitôt que là garde qu'il m'avait envoyée m'accompagnât partout où je voudrais aller, en me disant qu'il serait enchanté de pouvoir contribuer à me rendre le séjour du Caire agréable.

Le même jour je commençai mes visites par le cheik Abdalla-el-Chercanoi. Il est de la grande mosquée. Comme j'étais attendu chez lui, il y avait fait venir un nombre considérable de cheiks. La conversation ne roula que sur l'intérêt que le premier Consul prend à l'Égypte, sur sa puissance, sur sa gloire, sur son estime et sa bienveillance pour les savans cheiks du Caire. Leurs réponses exprimaient leur attachement pour sa personne.

Il faudrait avoir été témoin, comme moi, de l'enthousiasme qu'excitait la vue du portrait du premier Consul, pour se faire une idée de l'exaltation de leurs sentimens. Je l'ai donné à tous les principaux cheiks du Caire et des villes que j'ai par

courues.

Le 28, j'allai voir le cheik Omar-el-Bekry, prince des shérifs; il était malade, et je ne vis que son fils.

Le cheik Suleiman - el-Fayoumy me reçut avec beaucoup d'amitié, et m'assura de son admiration sans bornes pour le premier Consul. Les citoyens

Jaubert et Berge m'ont certifié que jamais les habitans du Caire n'avaient témoigné autant d'attachement à la France que lors de mon arrivée. Lorsque nous passions dans les rues, tout le monde se levait et nous saluait. Leurs astrologues font tous les jours des prédictions sur ce qui concerne le premier Consul.

Le 29, j'allai visiter madame Murad-Bey; déjà son intendant était passé chez moi, pour me prier de lui accorder une entrevue. Je lui fis connaître que le premier Consul m'avait chargé d'interposer ma médiation pour les pacifier avec la sublime Porte, mais que le pacha avait ordre de ne point entrer en négociation.

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J'employai ce même jour et les suivans à visiter la citadelle, l'île de Roda, Gizé, Boulak, et tous les autres petits forts qui environnent la ville. Les soldats turcs murmuraient de me voir parcourir et visiter ainsi les forts; mais je feignais de ne pas les entendre, et je continuais mes courses et mes observations.

Le 29, en revenant du fort Dupuy, un soldat me menace de son attagan. Comme il avait l'air ivre, et que les habitans de la ville témoignaient hautement leur indignation contre lui, je ne m'arrêtai point à ses menaces, et je continuai ma route. Un moment après, passe à cheval devant moi Mustapha Oukil,

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