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Il est impossible d'examiner ces divers procédés, et la suite que le gouvernement français a jugé à propos de lui donner, sans être entièrement convaincu qu'ils ne sont point l'effet du hasard, mais qu'ils font partie d'un système qui n'a été adopté que dans le but de dégrader, d'avilir, d'insulter Sa Majesté et son gouvernement.

D'après ces insultes et ces provocations, Sa Majesté, sans oublier ce qu'elle devait à sa dignité, s'est employée avec calme et modération pour obtenir satisfaction et réparation : elle n'a en même temps négligé aucun des moyens compatibles avec son honneur et avec la sûreté de ses états, pour amener le gouvernement français à lui concéder ce qui, dans l'opinion de Sa Majesté, est absolument nécessaire à la tranquillité future de l'Europe. Ses efforts à cet égard ont été sans succès, et c'est d'après cela qu'elle a jugé convenable d'ordonner à son ambassadeur de quitter Paris.

Par cette mesure, Sa Majesté a eu pour objet de mettre un terme à d'inutiles discussions qui ont trop long-temps subsisté entre les deux gouvernemens, et de faire cesser un état d'incertitude particulièrement préjudiciable aux sujets de Sa Majesté.

Mais, quoique tant de provocations eussent autorisé Sa Majesté à des demandes plus considérables que celles qu'elle a faites, cependant, animée du

désir de prévenir des malheurs qui pourraient s'étendre dans toute l'Europe, elle est encore disposée, autant que son honneur et les intérêts de son peuple peuvent le permettre, à faciliter tout arrangement juste et honorable qui pourrait détourner de semblables malheurs.

Elle ne fait donc pas de difficultés de déclarer à toute l'Europe que, nonobstant tous les changemens survenus depuis le traité de paix, nonobstant l'accroissement de pouvoir acquis par la France, contre les clauses du traité et l'esprit même de la paix, Sa Majesté ne se prévaudra point de ces circonstances pour demander toutes les compensations auxquelles elle aurait droit; mais qu'elle sera prête, même à présent, à se prêter à un arrangement qui lui donne satisfaction des insultes faites à sa couronne et à son peuple, et qui fournisse une garantie suffisante contre de nouveaux empiètemens de la part de la France.

Sa Majesté vient d'énoncer clairement et sans réserve, les motifs de la conduite qu'elle a été obligée de suivre : elle n'est nullement disposée à s'immiscer dans les affaires intérieures d'aucun autre état : elle n'est pas pas animée par des vues de conquêtes ou d'agrandissement, mais par le sentiment seul de ce qu'elle doit à l'honneur de sa couronne et aux intérêts de son peuple, et par le vif désir d'arrêter les

progrès ultérieurs d'un système qui, si on ne lui résiste point, peut devenir fatal à toutes les parties du monde civilisé.

Message du premier Consul au Corps législatif. Saint-Cloud, le 20 mai 1803.

L'AMBASSADEUR d'Angleterre a été rappelé; forcé par cette circonstance, l'ambassadeur de la république a quitté un pays où il ne pouvait plus entendre des paroles de paix.

Dans ce moment décisif, le gouvernement met sous vos yeux, il mettra sous les yeux de la France et de l'Europe ses premières relations avec le ministère britannique, les négociations qui ont été terminées par le traité d'Amiens, et les nouvelles discussions qui semblent finir par une rupture absolue.

Le siècle présent et la postérité y verront tout ce qu'il a fait pour mettre un terme aux calamités de la guerre, avec quelle modération, avec quelle patience il a travaillé à en prévenir le retour.

Rien n'a pu rompre le cours des projets formés pour rallumer la discorde entre les deux nations. Le traité d'Amiens avait été négocié au milieu des clameurs d'un parti ennemi de la paix. A peine conclu, il fut l'objet d'une censure amère on le représenta comme funeste à l'Angleterre, parce qu'il n'était pas honteux pour la France. Bientôt on sema des in

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quiétudes; on simula des dangers sur lesquels on établit la nécessité d'un état de paix tel, qu'il était un signal permanent d'hostilités nouvelles. On tint en réserve, on stipendia ces vils scélérats qui avaient déchiré le sein de leur patrie, et qu'on destine à le déchirer encore. Vains calculs de la haine ! ce n'est plus cette France divisée par les factions et tourmentée par les orages; c'est la France rendue à la tranquillité intérieure, régénérée dans son administration et dans ses lois, prête à tomber de tout son poids sur l'étranger qui osera l'attaquer et se réunir aux brigands qu'une atroce politique rejetterait encore sur son sol, pour y organiser le pillage et les assassinats.

Enfin un message inattendu a tout à coup effrayé l'Angleterre d'armemens imaginaires en France et en Batavie, et supposé des discussions importantes qui divisaient ces deux gouvernemens, tandis qu'aucune discussion n'était connue du gouvernement français.

Aussitôt des armemens formidables s'opèrent sur les côtes et dans les ports de la Grande-Bretagne; la mer est couverte de vaisseaux de guerre, et c'est au milieu de cet appareil que le cabinet de Londres demande à la France l'abrogation d'un article fondamental du traité d'Amiens..

Ils voulaient, disaient-ils, des garanties nou

velles, et ils méconnaissaient la sainteté des traités, dont l'exécution est la première des garanties que puissent se donner les nations.

En vain la France a invoqué la foi jurée; en vain elle a rappelé les formes reçues parmi les nations, en vain elle a consenti à fermer les yeux sur l'inexécution actuelle de l'article du traité d'Amiens dont l'Angleterre prétendait s'affranchir; en vain elle a voulu remettre à prendre un parti définitif jusqu'au moment où l'Espagne et la Batavie, toutes deux parties contractantes, auraient manifesté leur volonté ; vainement enfin elle a proposé de réclamer la médiation des puissances qui avaient été appelées à garantir, et qui ont garanti en effet la stipulation dont l'abrogation était demandée. Toutes ces propositions ont été repoussées, et les demandes de l'Angleterre sont devenues plus impérieuses et plus absolues.

Il n'était pas dans les principes du gouvernement de fléchir sous la menace ; il n'était pas en son pouvoir de courber la majesté du peuple français sous des lois qu'on lui prescrivait avec des formes si hautaines et si nouvelles. S'il l'eût fait, il aurait consacré pour l'Angleterre le droit d'annuler, par sa seule volonté, toutes les stipulations qui l'obligent envers la France. Il l'eût autorisée à exiger de la France des garanties nouvelles, à la moindre alarme qu'il lui aurait plu de se forger; et de là deux nou

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