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tie de la langue d'Italie par l'injuste réunion du Piémont, de Parme et de Plaisance, au territoire français elle a sollicité l'électeur de Bavière de séquestrer les propriétés de l'Ordre dans ses états; et il est certain qu'elle a, non - seulement approuvé, mais encouragé l'idée qu'il convenait de séparer les langues de Russie du reste de l'Ordre.

La conduite des gouvernemens français et espa'gnol ayant donc contribué, tantôt directement, tantôt indirectement, aux changemens que l'Ordre a éprouvés, et ayant ainsi détruit tout moyen de soutenir son indépendance, c'est à ces gouvernemens et non à Sa Majesté qu'il faut imputer la non-exécution du dixième article du traité d'Amiens.

Telle serait la juste conclusion à déduire, si le dixième article du traité devait être considéré comme un arrangement particulier. Il faut toutefois remarquer que cet article fait seulement partie d'un traité de paix dont tous les points sont liés entre eux, et dont il faut, d'après un principe commun à tous les traités, entendre les stipulations comme se rappor tant les unes aux autres.

Sa Majesté se détermina, dans le traité de paix, à consentir à l'abandon de l'île de Malte, et à la rendre à l'Ordre de Saint-Jean, sous la condition de son indépendance et de sa neutralité; mais une autre condition qu'il faut nécessairement regarder comine

ayant eu beaucoup d'influence sur l'opinion de Sa Majesté, lorsqu'elle se décida à faire cette importante concession, fut le consentement du gouvernement français à faire un arrangement pour la sûreté du Levant, et à convenir des huitième et neuvième articles du traité, qui stipulent l'intégrité de l'empire turc, et l'indépendance des îles Ioniennes.

Cependant Sa Majesté a su depuis que le gouvernement français a conservé des vues hostiles sur ces deux points, et qu'il a même suggéré l'idée d'un partage de l'empire turc. Ces vues sont aujourd'hui devenues évidentes pour tout le monde par la publication officielle du rapport du colonel Sébastiani, par la conduite de cet officier et des autres agens français en Égypte, en Syrie, dans les îles Ioniennes, et par l'admission positive du premier Consul lui-même dans ses communications avec lord Withworth. Sa Majesté était aussi fondée à voir dans le gouvernement français la détermination de violer les articles du traité de paix, qui stipulaient l'intégrité et l'indépendance de l'empire ottoman et des îles Ioniennes, et dès lors elle n'aurait pu se justifier d'évacuer l'île de Malte, sans recevoir quelque autre garantie convenable qui pût également pourvoir à des objets si importans. Sa Majesté juge donc que, d'après la conduite du gouvernement français depuis le traité de paix, et en se rapportant aux ob

jets qui font partie des stipulations de ce traité, elle a le droit incontestable de refuser, dans les circonstances actuelles, d'abandonner la possession de l'ile de Malte.

Nonobstant un droit si évident et si incontestable, l'alternative offerte à Sa Majesté par le gouvernement français avec le langage le plus péremptoire et le plus menaçant, a été l'évacuation de Malte ou le renouvellement de la guerre.

Si les vues d'ambition et d'agrandissement ainsi manifestées par le gouvernement français depuis la conclusion du traité de paix, ont si particulièrement attiré l'attention de Sa Majesté, il lui a été également impossible de ne pas ressentir et de passer sous silence les outrages multipliés que ce gouvernement a faits au peuple et à la couronne de Sa Majesté.

Le rapport du colonel Sébastiani contient les insinuations et les charges les plus hasardées contre le gouvernement de Sa Majesté, contre l'officier qui commandait ses troupes en Égypte, et contre l'armée anglaise stationnée dans cette contrée. Cette pièce ne peut être considérée comme la publication d'un simple particulier. On y reconnaît évidemment le rapport officiel d'un agent accrédité, et elle a été avouée pour telle, publiée par ordre du gouvernement auquel elle est adressée, et qui lui a ainsi donné sa sanction expresse.

Ce rapport était à peine publié, qu'il a été fait à l'Angleterre une autre insulte dans une communication du premier Consul de France au corps législatif. Dans cette communication, il ose affirmer, comme premier magistrat de ce pays, « que la » Grande-Bretagne ne peut seule lutter contre la » puissance de la France; » assertion aussi peu fondée qu'elle est indécente, démentie par les événemens de plusieurs guerres, et plus encore par ceux de la guerre qui vient de se terminer. Une telle assertion, officiellement avancée par ce gouvernement dans l'acte le plus solennel, et par conséquent avec l'intention qu'elle soit connue de toutes les puissances de l'Europe, ne peut être considérée que comme un défi adressé publiquement à Sa Majesté et à un peuple brave et puissant, qui a la volonté et le pouvoir de maintenir ses droits légitimes et ceux de ses pays contre toute espèce d'insulte et d'agressión.

La conduite du premier Consul envers l'ambassadeur de Sa Majesté, à son audience en présence des ministres de la plupart des souverains et des états de l'Europe, fournit, de la part du gouvernement français, une autre preuve de provocation qu'il est à propos de rappeler dans cette occasion; et les explications qui ont suivi cet incident peuvent être regardées comme propres à aggraver plutôt qu'à pallier l'affront.

Au moment même où Sa Majesté demandait une

satisfaction et des explications sur quelques-uns des points ci-dessus mentionnés, le ministre français à Hambourg cherchait à faire insérer dans une feuille de cette ville le libelle le plus grossier et le plus outrageant contre Sa Majesté ; et comme il éprouva des difficultés pour cette insertion, il se prévalut de son caractère officiel de ministre de la république française pour demander, par ordre de son gouvernement, la publication de cette pièce dans la ga→ zette du sénat. Sur cette réquisition, le sénat de Hambourg se détermina à y consentir. Ainsi l'indépendance de cette ville a été violée, et un sénat libre est devenu, par la menace du gouvernement français, l'instrument qui a servi à propager dans toute l'Europe, sous sa propre autorité, les calomnies les plus outrageantes et les moins fondées contre Sa Majesté et son gouvernement.

Sa Majesté pourrait ajouter à cette liste d'insultes la réquisition que le gouvernement français lui a faite, à plusieurs reprises, de changer les lois et la constitution de ce pays, relatives à la liberté de la presse.

Sa Majesté pourrait encore y ajouter la demande que le gouvernement français lui a faite, en différentes occasions, de violer les lois de l'hospitalité envers des personnes qui ont trouvé un asile dans ses états, et sur la conduite desquelles on n'a jamais motivé aucune espèce d'accusation.

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