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britannique de garder Malte, il renouvelait les assurances de sa garantie, et faisait connaître qu'il accepterait la demande de sa médiation qui avait été faite par le premier Consul, si les deux puissances y avaient recours. Le soussigné s'empressa, le 12, de faire connaître à lord Withworth, par une note, l'erreur dans laquelle était sa cour, ne doutant pas que, puisque c'était la seule objection qu'elle avait faite au projet qui avait été présenté, dès l'instant qu'elle connaîtrait la déclaration réitérée et positive de la Russie, elle ne s'empressât d'adhérer à la remise de Malte entre les mains d'une des trois puissances garantes. Quel dut donc être l'étonnement du soussigné, lorsque lord Withworth n'entrant dans aucune explication, et ne cherchant ni à contredire ni à discuter les déclarations que lui avait faites le soussigné, a fait connaître, par une note du même jour, qu'aux termes de ses instructions, il avait l'ordre de partir trente-six heures après la remise de sa dernière note, et a réitéré la demande de ses passeports ! Le soussigné dut les lui faire passer immédiatement.

L'ambassadeur d'Angleterre se serait-il comporté différemment si le gouvernement français eût été assiégé dans une place battue en brêche, et qu'il eût été question, non du traité le plus important que le cabinet britannique ait négocié depuis plus de huit cents ans, mais d'une simple capitulation!

On a fait précéder l'ouverture des négociations par des armemens fastueusement annoncés; tous les jours, à toute heure, on a signalé la reprise des hostilités. Et quel est cet ultimatum qu'on présente au gouvernement de la république pour être signé dans le délai d'un jour!.

Il faut qu'il consente à donner une île qui ne lui appartient pas, qu'il viole lui-même, à son détriment, un traité solennel, sous le prétexte que l'Angleterre a besoin contre lui d'une garantie nouvelle ; qu'il manque à tous les égards dus aux autres puissances contractantes, en détruisant sans leur aveu l'article qui, par considération pour elles, avait été le plus longuement discuté à l'époque des conférences; qu'il manque également à ceux qui sont dus aux puissances garantes, en consentant qu'une île dont elles ont voulu l'indépendance, reste pendant dix ans sous l'autorité de la couronne britannique; qu'il ravisse à l'Ordre de Malte la souveraineté de l'état qui lui a été rendu, et que cette souveraineté soit transmise aux habitans; que par cette spoliation il offense toutes les puissances qui ont reconnu le rétablissement de cet Ordre, qui l'ont garanti et qui, dans les arrangemens de l'Allemagne, lui ont assuré des indemnités pour les pertes qu'il avait éprouvées.

Tel est le fond de cet ultimatum, qui présente une série de prétentions toujours croissantes, en pro

portion de la modération que le gouvernement de la république avait déployée. D'abord l'Angleterre consentait à la conservation de l'Ordre de Malte, et voulait seulement assujettir cet Ordre et ses états à l'autorité britannique.

Aujourd'hui, et pour la première fois, on demande l'abolition de cet Ordre, et elle doit être consentie dans trente-six heures.

Mais les conditions définitivement proposées fussent elles aussi conformes au traité d'Amiens et aux intérêts de la France qu'elles leur sont contraires, la seule forme de ces demandes, le terme de trente-six heures prescrit à la réponse, ne peuvent laisser aucun doute sur la détermination du gouvernement français. Non, jamais la France ne reconnaîtra dans aucun gouvernement le droit d'annuler, par un seul acte de sa volonté, les stipulations d'un engagement réciproque. Si elle a souffert que, sous des formes qui annonçaient la menace, on lui présentât un ultimatum verbal de sept jours, un ultimatum de trente-six heures et des traités conclus avant d'être négociés, elle n'a pu avoir d'autre objet que de ramener le gouvernement britannique par l'exemple de sa modération; mais elle ne peut consentir à rien de ce qui compromet les intérêts de sa dignité et ceux de sa puissance.

Le soussigné est donc chargé de déclarer à son ex

cellence lord Withworth, qu'aucune communication dont le sens et les formes ne s'accorderaient pas avec les usages observés entre les grandes puissances, et avec le principe de la plus parfaite égalité entre l'un et l'autre état, ne sera plus admise en France;

Que rien ne pourra obliger le gouvernement français à disposer des pays qui ne lui appartiennent point, et qu'il ne reconnaîtra jamais à l'Angleterre le droit de violer, en quelque point que ce soit, les traités qu'elle aura faits avec lui.

Enfin le soussigné réitère la proposition de remettre Malte entre les mains de l'une des trois puissances garantes; et pour tous les autres objets étrangers au traité d'Amiens, il renouvelle la déclaration que le gouvernement français est prêt à ouvrir une négociation à leur égard.

Si le gouvernement anglais donne le signal de la guerre, il ne restera plus au gouvernement de la république qu'à se confier en la justice de sa cause et au Dieu des armées.

Le soussigné a l'honneur de renouveler à son excellence lord Withworth l'assurance de sa haute considération.

Signé CH.-M. TALLEYRAND.

Déclaration de Sa Majesté britannique en adressant aux chambres les pièces de la négociation.

Les constans efforts de Sa Majesté pour que la paix fût maintenue ayant été sans succès, elle a la pleine confiance qu'elle recevra de son parlement le même appui, et qu'elle trouvera dans son peuple le même zèle, le même courage dont elle a eu des preuves dans toutes les occasions où l'on a attaqué l'honneur de sa couronne, et où les premiers intérêts de ses états ont été compromis,

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Pendant le cours des négociations qui ont amené les préliminaires, et le traité définitif entre Sa Majesté et la république française, le désir sincère de Sa Majesté fut non-seulement de mettre un terme aux hostilités qui subsistaient entre les deux pays, mais encore d'adopter les mesures, de consentir aux propositions qui pouvaient contribuer le plus efficacement à consolider en Europe la tranquillité générale. Les mêmes motifs qui avaient animé Sa Majesté durant la négociation de la paix ont continué d'être la règle invariable de sa conduite. Aussitôt après la conclusion du traité d'Amiens, les cours de justice de Sa Majesté furent ouvertes aux Français pour tous les cas où il y avait lieu à une réparation légale; les séquestres furent levés on vetira les prohibitions commerciales qui avaient eu lieu

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