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pour principe de conduite, d'autoriser et de réprimer en France, par rapport à l'Angleterre, tout ce qui, en Angleterre, est autorisé et réprimé par rapport à la France.

Cependant il a exprimé et il exprime encore le désir que l'on parvienne à s'entendre, pour que désormais, dans les discussions officielles et les écrits polémiques en Angleterre, on ne traite rien de ce qui se fait en France, comme dans les discussions officielles et les écrits polémiques en France on ne traiterait rien de ce qui se fait en Angleterre.

Lord Hawkesbury parle de l'article d'un journal où l'on a imprimé un rapport d'un colonel français. On pourrait se dispenser, dans de graves discussions, de répondre sur cet objet; mais enfin il n'est ni long ni difficile de le faire.

Un colonel de l'armée anglaise a imprimé en Angleterre un ouvrage rempli des plus atroces et des plus dégoûtantes calomnies contre l'armée française et son général. Les mensonges de cet ouvrage ont été démentis par l'accueil fait au colonel Sébastiani; la publicité de son rapport était en même temps une réfutation et, une réparation que l'armée française avait le droit d'attendre.

A son arrivée en Égypte, cet officier, à son grand étonnement, a trouvé l'armée anglaise qui devait l'avoir évacuée, et les Turcs extraordinaire

ment alarmés de cette permanence de l'armée anglaise, ainsi que de ses liaisons avec les rebelles du pays en révolte ouverte contre la Sublime Porte.

Il a dû concevoir que les traités qui nous lient à la Porte, et par lesquels nous lui avons garanti l'intégrité de ses possessions, nous obligeaient à nous joindre à elle; car il était simple de penser que l'Angleterre voulait déclarer la guerre, dès l'instant qu'elle ne voulait pas exécuter les articles du traité. Car enfin la France n'est pas réduite à un tel état d'abaissement, que l'on puisse exécuter ou non les traités faits avec elle. De là les recherches que cet officier a faites sur les forces qui se trouvaient en Égypte, et sur la position qu'occupait l'armée anglaise.

Mais depuis, l'Égypte est rentrée sous la domination de son souverain légitime, et l'idée d'une rupture entre les deux nations, par rapport à l'obligation contractée avec la Porte, se trouve évanouie.

Il n'existe donc qu'un seul objet qui soit digne de fixer l'attention des deux nations; l'exécution du traité d'Amiens, en ce qui concerne Malte.

Sa Majesté s'est engagée à la restituer à l'Ordre, et, jusqu'à ce que l'Ordre soit en état de la garder, à la confier à l'armée napolitaine. Sa Majesté rejetera tout sophisme, toute distinction, toute restriction mentale qu'on pourrait lui présenter pour mettre en doute la force et la yalidité de son enga

gement. Le garant du gouvernement français est, à cet égard, dans la religion, la conscience de S. M. britannique. Quel moyen auraient désormais les deux nations pour s'entendre, s'il en était autrement? tout ne serait-il pas chaos? Ce serait véritablement ajouter une calamité aux calamités qui ont menacé l'ordre social.

En résumé, le soussigné est chargé de déclarer que le premier Consul ne veut point relever le défi de guerre que l'Angleterre a jeté à la France; que, quant à Malte, il ne voit aucune matière de discussion, le traité ayant tout prévu.

Londres, 28 mars 1803.

Signé ANDRÉOSSI.

Note de M. de Talleyrand à lord Withworth.

13 mai 1803.

Dans les circonstances importantes et graves où se trouvent les deux nations, le soussigné ministre des relations extérieures de la république française, a reçu l'ordre de mettre sous les yeux du gouvernement britannique la note suivante :

Le 8 mars, S. M. britannique fit connaître à son parlement, par un message spécial, que des armemens formidables se préparaient dans les ports de France et de Hollande, et que des négociations importantes, dont l'issue était donteuse, divisaient les deux gouvernemens.

Cette déclaration extraordinaire et inattendue excita un étonnement général; mais la situation maritime de la France était patente. L'Angleterre, l'Europe savaient qu'il n'y avait d'armement formidable, ni dans les ports de France, ni dans les ports de Hollande.

Le soussigné ne rappellera pas à son excellence lord Withworth tout ce qui fut dit alors. On se demanda de quelle source avaient pu sortir des informations aussi mal fondées. Le discernement personnel de lord Withworth, la loyauté de son caractère, ne pouvaient être un seul instant soupçonnés.

L'assertion que la France faisait des armemens hostiles était une supposition manifeste, et qui ne pouvait en imposer à personne. Son effet naturel devait être d'induire à penser qu'elle n'était qu'un moyen dont voulaient se servir des hommes signalés par leurs opinions perturbatrices, et qui cherchaient avidement des prétextes pour susciter des troubles, pour enflammer les passions du peuple britannique, pour exciter la défiance, la haine et les alarmes.

Quant au gouvernement anglais, on dut croire que si, par de faux rapports, il avait pu être induit en erreur sur l'existence des armemens, il ne pouvait l'être sur l'existence des négociations.

L'ambassadeur de la république à Londres, ne fut pas plus tôt informé du message de Sa Majesté bri

tannique, qu'étonné de ce qu'il annonçait l'existence d'une négociation dont il n'avait pas connaissance, il se rendit chez son excellence lord Hawkesbury; et devant dès lors soupçonner qu'un appel aux armes, fondé sur de fausses suppositions, pouvait couvrir le projet de violer le traité d'Amiens, dans les clauses qui n'étaient pas encore exécutées, il présenta au ministre de Sa Majesté britannique, le 10 mars, une note pour lui demander des explications.

En même temps, le soussigné eut l'ordre de pressentir son excellence lord Withworth sur les motifs qui avaient pu déterminer le gouvernement anglais à s'autoriser, dans son message, de deux assertions, toutes deux également fausses, pour appeler sa nation aux armes, et rompre le lien de paix qui unissait les deux états.

Son excellence lord Hawkesbury remit, le 15 mars, au général Andréossi, une note vague, agressive, absolue. Cette note, loin de rien éclaircir, jetait de nouvelles obscurités sur le sujet de sa discussion. Elle laissait à peine entrevoir la possibilité de l'ouvrir, et bien moins encore l'espoir de la voir arriver à une heureuse issue.

La réponse du gouvernement français, en date du 29 mars, fut autant pacifique et modérée que la note du ministère britannique avait été hostile. Le premier Consul déclara qu'il ne relevait pas

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