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et de France. Elle a été trompée : le premier Consul n'a fait aucun préparatif. Il n'y avait, au moment du message, dans les rades de Hollande, que deux frégates, et dans la rade de Dunkerque, que

- trois corvettes.

Comment les ministres de S. M. britannique ont-ils pu être trompés sur des faits aussi évidens? Les ambassadeurs de S. M. britannique à Paris et à La Haye ont de bien graves reproches à se faire, s'ils ont accrédité des informations aussi évidemment fausses, et négligé de prévoir que par-là ils exposaient leur gouvernement à s'égarer dans la plus importante des délibérations.

N'était-il pas conforme au premier usage pratiqué entre les nations de demander des explications, et de se mettre ainsi en mesure de se convaincre de la fausseté des rapports que les ministres auraient pu recevoir ? Les moindres effets de l'oubli de cette règle ne devaient-ils pas être d'entraîner la ruine des familles, et de porter la confusion, l’incertitude et le désordre dans toutes les relations de commerce de chacune des deux nations?

Le premier Consul sait, et par ses propres sentimens, et en jugeant des autres peuples par le peuple français, qu'une grande nation ne peut jamais être effrayée. Il croit que la bonne politique et le sentiment de la véritable dignité inspirent toujours

d'estimer une nation rivale, et jamais de la menacer. On peut tuer un grand peuple, mais non l'intimider.

La seconde partie du message de S. M. britannique énonce une allégation qui n'est pas mieux fondée. S. M. britannique y parle de discussions dont le sujet est douteux. Quelles sont ces discussions? quelles sont les notes officielles, quel est le protocole qui constatent l'ouverture, le progrès, les vicissitudes d'un débat? Un état de difficultés qui conduit à une alternative de paix ou de guerre, peut-il naître inopinément sans commencement, sans progression, et aboutir sans nuances à un appel aux armes, avant d'avoir épuisé tous les moyens de se concilier?

Ici l'appel a éclaté avant qu'on pût savoir qu'il y avait lieu à mésintelligence; on a signalé la fin des discussions avant qu'elles fussent commencées ; ón a déclaré l'issue d'une discussion difficile avant qu'elle eût été élevée. Que penserait l'Europe, que penseraient l'une et l'autre nations, si elles savaient que ces discussions annoncées par S. M. britannique, comme si difficiles à terminer, étaient ignorées du gouvernement français, et que le premier Consul, ́en lisant le message, n'a pu comprendre le sens ni de l'une ni de l'autre déclaration qu'il renferme ?

Aussi s'est-il abstenu d'aucune démarche osten

sible; et quels qu'aient été l'éclat, l'activité, les provocations de guerre qui ont en lieu depuis ce message en Angleterre, il n'a donné aucun ordre, n'a fait aucune disposition, aucun préparatif. Il met toute sa gloire, dans une affaire de cette nature,, à être pris au dépourvu. Il continuera dans ce système de franchise loyale, jusqu'à ce que S.: M. britannique ait bien mûri le parti qu'elle voudra prendre.

Dans sa note, lord Hawkesbury exprime l'opinion que la république française s'est accrue en puissance depuis la paix d'Amiens. C'est une erreur de fait. La France a, depuis cette époque, évacué beaucoup de pays. La puissance française n'a reçu aucun degré d'augmentation. Si S. M. britannique est décidée à faire la guerre, elle peut mettre en avant tous les prétextes qu'il lui plaira, elle en trouvera peu qui soient moins fondés.

Quant aux plaintes portées, relativement aux publications qui peuvent avoir eu lieu en France, elles sont d'un ordre trop secondaire pour pouvoir influer sur une telle décision. Serions-nous donc revenus au siècle des tournois? Des motifs de cette nature pouvaient autoriser, il y a quatre cents ans, le combat des Trente; mais ils ne sauraient être aujourd'hui une raison de entre les deux pays. guerre Il suffirait, à cet égard, de répondre à son ex

cellence, qu'aucune réclamation de sa part n'a été adressée sur cet objet au gouvernement de la république, et que s'il eût été juste de donner une satisfaction, le premier Consul aurait été en droit d'attendre celle qui, pour des causes d'une nature plus grave et plus juste, avait été demandée, dans la note du 16 août dernier, par le citoyen Otto.

Et comment le ministère anglais pourrait-il ignorer que, depuis la conclusion du traité d'Amiens, les presses anglaises n'ont cessé de répandre en Europe la passion de la guerre, la mécréance de la paix, et des outrages sans pudeur et sans mesure contre tout ce qui est l'objet de l'amour et de la vénération du peuple français ?

Peu de jours après la ratification de la paix, un des ministres de S. M. britannique déclara que l'état de paix devait être considérable; et la méfiance, éveillée par une telle déclaration, commenta en séance de parlement, avec autant d'amertume que d'inconvenance, les exagérations et les alarmes répandues dans des pamphlets méprisables, et dans des journaux aussi méprisables que ces libelles.

Depuis, ces écrivains se sont constamment vus autorisés dans l'insolence de leurs observations par des phrases textuelles, tirées des discours de quelques membres considérables du parlement. Ces dis

cours, sur lesquels les journalistes ne pouvaient guère enchérir, ont servi pendant dix-huit mois à encourager l'insulte contre les gouvernemens, à un tel point qu'il n'est aucun Européen qui ne doive s'offenser, et aucun Anglais raisonnable qui ne doive être humilié d'une licence aussi inouïe.

Que si l'on rapproche de ces écarts des procédés d'une gravité plus offensante, l'indulgence accordée à de criminels Français écrivant des outrages journaliers en langue française, la tolérance plus inexcusable éprouvée par des brigands couverts de crimes et méditant sans cesse des assassinats, tels que Georges qui continue encore à demeurer à Londres, protégé et jouissant d'un état considérable, le peu de droit enfin qu'on a fait à toutes nos représentations, comment se rendre compte de l'éclat que S. M. britannique a cru devoir faire, relativement à quelques griefs vagues qu'elle n'avait pas auparavant cru nécessaire de porter à la connaissance du premier Consul.

Le premier Consul a eu lieu de se convaincre que ses représentations sur tous ces objets étaient inutiles, et que S. M. britannique était résolue, sans égard pour les puissances voisines, à tout autoriser chez elle; mais il n'a pas pour cela douté de la continuation de la paix, ni effrayé l'Europe de l'annonce d'une guerre; il s'est restreint à adopter,

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