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Et vous êtes, reprit-il sur-le-champ, décidés à la guerre? Non, répondis- je; nous sentons trop les avantages de la paix. Nous avons, dit-il, déjà fait la guerre pendant quinze ans. Comme il semblait attendre ma réponse, j'ajoutai seulement : c'en est déjà trop. Mais, dit-il, vous voulez la faire encore quinze années, et vous m'y forcez. A quoi je répondis que Sa Majesté était bien loin d'avoir de telles intentions. Ensuite, s'adressant au comte de Marcow et au chevalier d'Azzara qui étaient ensemble à quelque distance de moi : « Les Anglais veulent la guerre ; mais s'ils sont les premiers à tirer l'épée, je serai le dernier à la remettre. Ils ne respectent pas les traités; il faut dorénavant les couvrir d'un crêpe noir.» Il fit ensuite sa tournée; et revenant à moi peu d'instans après, il reprit la conversation, si cela peut se nommer ainsi, par quelque chose qui m'était particulier, adressé avec politesse. « Pourquoi des armemens? contre qui des mesures de précaution? Je n'ai pas un seul vaisseau de ligne dans les ports de France; mais si vous voulez armer, j'armerai aussi; si vous voulez vous battre, je me battrai aussi. Vous pouvez peut-être tuer la France, mais jamais l'intimider. » On ne voudrait, dis-je, ni l'un ni l'autre ; on voudrait vivre en bonne intelligence avec elle. « Il faut donc respecter les traités, répliqua-t-il malheur à ceux qui ne respectent

pas

les traités! ils en seront responsables à toute l'Europe. » Il était trop violemment agité pour que je jugeasse convenable de prolonger la conversation. Je ne fis aucune réponse, et il se retira dans son appartement, répétant sa dernière phrase.

Il faut ajouter que tout cela fut dit assez haut pour être entendu de deux cents personnes présentes; et je suis persuadé que toutes furent convaincues que le premier Consul avait manqué de modération et de mesure dans cette occasion.

Je saisirai la première occasion d'entretenir M. de Talleyrand à ce sujet.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé WITHWORTH.

Note de lord Hawkesbury au général Andréossi.

res,

Le soussigné, principal secrétaire d'état de Sa Majesté, ayant le département des affaires étrangèa mis sous les yeux du roi la note de son excellence l'ambassadeur de France, du 10 du courant. Le soussigné, en donnant, d'après les ordres qu'il a reçus, une réponse officielle à cette note, et en répétant les explications qui ont été déjà données en plus d'une occasion, soit par lui-même verbalement au général Andréossi, soit par lord Withworth à M. de Talleyrand, sur le sujet de cette note

ou sur les points qui paraissent y avoir rapport, sent qu'il est nécessaire d'y ajouter quelque chose de plus. Il peut assurer sans difficulté l'ambassadeur de France, que Sa Majesté n'a cessé de désirer constamment et sincèrement que le traité d'Amiens pût être exécuté d'une manière pleine et entière; mais qu'il ne lui a pas été possible de considérer ce traité comme fondé sur des principes différens de ceux qui ont été invariablement appliqués à toutes les conventions ou à tous les traités antérieurs; savoir, qu'ils sont négociés eu égard à l'état actuel de possession des parties contractantes et aux traités ou aux engagemens publics par lesquels elles sont liées à l'époque de leur conclusion: de sorte que, si cet état de possession et si ces engagemens sont altérés assez matériellement par les démarches de l'une ou de l'autre des deux parties pour affecter la nature du pacte luimême, l'autre partie est fondée, suivant le droit des gens, d'intervenir afin de réclamer une satisfaction ou une compensation pour tout changement essentiel que de telles démarches peuvent avoir subséquemment causé dans leur situation respective : et s'il y a jamais eu une circonstance à laquelle ces principes pussent s'appliquer d'une manière plus particulière, ça été celle du dernier traité de paix ; car la négociation a été conduite d'après un principe non-seulement mis en avant par Sa Majesté, mais

dont il a été spécialement convenu par le gouvernement français dans une note officielle ; savoir Que Sa Majesté retiendrait sur ses propres conquêtes une compensation pour les importantes acquisitions territoriales faites par la France sur le continent. Ceci est une preuve suffisante qu'on a entendu conclure le traité eu égard à l'état des choses alors existantes ; car la compensation obtenue par Sa Majesté a dû être calculée relativement aux acquisitions de la France à cette époque et si l'intervention du gouvernement français dans les affaires générales de l'Europe depuis lors; si sa conduite envers la Suisse et la Hollande, dont il avait garanti l'indépendance au temps de la conclusion du traité de paix; si les acquisitions faites par la France en divers lieux, et particulièrement en Italie, ont étendu son territoire et accru sa puissance, Sa Majesté serait fondée, conformément à l'esprit du traité de paix, à réclamer des équivalens pour ces acquisitions qui pussent servir de contre-poids à l'augmentation du pouvoir de la France. Cependant Sa Majesté, soigneuse de prévenir toute occasion de mésintelligence, et désirant consolider la paix générale de l'Europe autant qu'il est en son pouvoir, était résolue à ne pas faire valoir les prétentions de cette nature qu'elle peut avoir droit de mettre en avant; et de même que les autres articles du traité définitif sont graduellement exécu

tés de sa part, elle aurait été disposée à effectuer un arrangement conforme à l'intention vraie du dixième article du traité, puisque l'exécution de cet arrangement, suivant les termes du traité, avait été rendue impraticable par des circonstances qu'il n'a pas été au pouvoir de Sa Majesté de prévenir. Pendant que Sa Majesté était animée de ces sentimens pacifiques et modérés, et disposée à en faire les mobiles de sa conduite, son attention a été particulièrement attirée par la publication très - extraordinaire du rapport officiel du colonel Sébastiani au premier Consul. Ce rapport contient les insinuations et les accusations les plus inexcusables contre le gouvernement de Sa Majesté, contre l'officier commandant ses forces en Égypte et contre l'armée britannique dans ce pays-là ;

accusations et insinuations entièrement dénuées de fondement, et telles qu'elles auraient obligé Sa Majesté à demander la satisfaction qu'ont droit d'attendre l'une de l'autre, dans des occasions de cette nature, des puissances indépendantes et dans un état d'amitié. Ce rapport découvre de plus des vues injurieuses au plus haut degré aux intérêts des possessions de Sa Majesté, et directement contraires et ouvertement opposées à l'esprit et à la lettre du traité conclu entre Sa Majesté et le gouvernement français. L'ambassadeur de Sa Majesté à Paris a reçu en conséquence l'ordre de faire au gouvernement français des

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