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un seul Anglais n'avait obtenu que l'on fit droit à ses réclamations, quoiqu'on eût satisfait tous les Français qui se trouvaient dans le même cas, dans l'espace d'un mois après la signature; que depuis mon séjour en France, et j'en pouvais dire autant pour mes prédécesseurs, on n'avait pas obtenu une seule réponse satisfaisante aux innombrables représentations que nous nous étions vus dans la nécessité de faire en faveur des sujets britanniques et de leurs propriétés retenues dans les différens ports de France ou ailleurs, même sans la plus légère ombre de justice. Un pareil ordre de choses n'était pas fait, dis-je, pour inspirer la confiance, et doit au contraire faire naître la méfiance. Il faut, me répondit-il, l'attribuer aux difficultés qui s'élèvent naturellement dans de pareils procès, où les deux parties croient chacune avoir le bon droit de son côté ; mais il nia que ces lenteurs pussent provenir d'aucune répugnance à faire ce qui était juste et fondé en raison. Quant aux pensions accordées à des individus français ou suisses, je lui fis observer qu'elles n'étaient données que comme une récompense pour les services passés rendus pendant la dernière guerre, et très-certainement pas pour des services présens; bien moins encore pour les services que l'on avait voulu faire entendre, répugnant par leur nature à la façon de penser de tout individu en Angleterre, ainsi qu'à l'honneur et à la loyauté générale

ment reconnus du gouvernement britannique. Quant à aucune participation dans les indemnités ou autre augmentation de territoire que Sa Majesté aurait pu obtenir, je pourrais prendre sur moi d'assurer que son ambition était plutôt de conserver que d'acquérir. Et pour ce qui regardait l'attente du moment le plus favorable pour recommencer les hostilités, Sa Majesté, qui désirait sincèrement de continuer à faire jouir ses sujets des bienfaits de la paix, regarderait toujours une pareille mesure comme la plus grande des calamités; mais qu'il ne fallait point imputer à la difficulté d'obtenir des alliés ce vif désir de conserver la paix ; et d'autant moins, que les moyens qui pourraient être nécessaires pour se procurer de pareils alliés, dont on ne tirerait peut-être que des services très-disproportionnés, seraient tous concentrés dans le sein de l'Angleterre même, et donneraient d'autant plus d'énergie au développement de nos propres forces.

Il quitta sa chaise lorsque nous en étions là de la conversation, et me dit qu'il donnerait des ordres au général Andréossi pour entrer dans la discussion de cette affaire avec votre seigneurie. Il avait désiré, dit-il, que je fusse en même-temps instruit de ses motifs et convaincu de sa sincérité plutôt par luimême que par ses ministres. Alors, après une conversation de deux heures, pendant la plus grande

partie de laquelle il avait presque toujours gardé la parole, il causa encore quelques minutes sur des sujets indifférens, montra assez de gaîté et se retira. Telle est la teneur de cette conférence, autant que je puis me souvenir de ce qui y fut dit, et je crois avoir retenu presque tout.

Il faut pourtant observer qu'il n'affecta pas, ainsi que M. de Talleyrand l'avait fait, d'attribuer la mission du colonel Sébastiani uniquement à des motifs de commerce, mais à une mesure rendue nécessaire sous un point de vue militaire, par notre infraction au traité d'Amiens.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé, WITHWORTH.

P. S. Cet entretien avait eu lieu jeudi dernier, et j'ai vu ce matin M. de Talleyrand. Il avait eu une entrevue avec le premier Consul après m'avoir quitté, et m'assura l'avoir trouvé très-satisfait de la manière franche avec laquelle j'avais fait mes observations sur sa proposition. Je lui dis que, sans entrer dans de plus grands détails, ce que j'avais dit au premier Consul équivalait à une assurance que j'espérais ne devoir pas être mise en doute, de l'empressement des ministres de Sa Majesté à écarter tout sujet de discussion, si cela pouvait être, sans violer les lois du pays, et se trouver aussi conforme aux engagemens par eux

contractés, qu'à la sûreté de l'état. Comme ceci s'appliquait à Malte, il me donna à entendre qu'on méditait un projet aussi propre à garantir l'intégrité de l'empire turc qu'à détruire toute cause de doute ou d'inquiétude, soit relativement à l'Égypte ou toute autre partie des états du sultan. Il ne pouvait pas, me dit-il, donner maintenant d'autres explications. Dans ces circonstances, on ne peut s'attendre que nous abandonnions la garantie en notre pouvoir, jusqu'à ce qu'une compensation suffisante soit proposée et adoptée.

Signé, WITHWORTH.

Message du roi d'Angleterre à la chambre des

Communes.

8 mars 1803.

GEORGE, ROI.

«Sa Majesté croit nécessaire d'informer la chambre des communes que des préparatifs militaires considérables se faisant dans les ports de France et de Hollande, elle a jugé convenable d'adopter de nouvelles mesures de précaution pour la sûreté de ses états. Quoique les préparatifs dont il s'agit soient présentés comme ayant pour but des expéditions coloniales, comme il existe actuellement, entre S. M. et le gouvernement français, des discussions d'une

grande importance, dont le résultat demeure incertain, S. M. est déterminée à faire cette communication à ses fidèles communes, bien persuadée que, quoiqu'elles partagent sa pressante et infatigable sollicitude pour la continuation de la paix, elle peut néanmoins se reposer avec une parfaite confiance sur leur esprit public et leur libéralité, et compte qu'elles la mettront en état d'employer toutes les mesures que les circonstances paraîtront exiger pour l'honneur de sa couronne et les intérêts essentiels de son peuple. >>

Dépêche du lord Withworth au lord Hawkesbury. Paris, 14 mars 1803.

MILORD,

Le messager Masson partit samedi avec ma dépêche datée de ce jour, et jusqu'à hier dimanche je n'avais vu personne capable de me donner de nouvelles informations telles que je les devais attendre, relativement à l'effet qu'avait produit sur le premier Consul le message de Sa Majesté. A l'audience qui eut lieu ce jour aux Tuileries, il m'aborda publiquement avec un très-forte agitation. Il commença par me demander si j'avais reçu des nouvelles de l'Angleterre. Je lui répondis que j'avais reçu des lettres de votre seigneurie il y avait deux jours.

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