Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

les espérances, redoublèrent de fureur et d'intrigues pour soulever les cantons démocratiques; monstrueuse alliance dont l'histoire offre plus d'un exemple!

A peine les troupes françaises furent-elles retirées, que les trois cantons de Schweitz, Ury et Underwalden, qui avaient unanimement repoussé la nouvelle constitution, formèrent la résolution de se séparer de la ligue helvétique, et de renouveler l'ancienne confédération de Wald-Staeten.

Une lettre adressée au ministre de la république française, le 13 juillet 1802, fut le premier acte public de l'insurrection ; ils déclaraient dans ce manifeste, que leur réunion à l'Helvétie, qui avait fait verser tant de sang, était le plus cruel exemple de tyrannie dont l'histoire eût conservé le souvenir.

« Dans un mariage contraint et malheu>> reux, disaient-ils, le divorce est le seul » remède efficace; nous sommes fermement >> résolus à travailler à cette séparation, et >> nous nous adressons franchement à l'au

>> torité qui, depuis quatre ans, nous a mal» gré nous réunis à la Suisse. Nous ne pou»vons offrir à la république helvétique au>> cun autre moyen de retrouver en nous des » frères et de fidèles voisins. >>

Les trois cantons adressèrent aussi au premier Consul un message par lequel ils exprimaient, avec énergie, leurs vues et leurs sentimens ils en adoucissaient le témoignage par des remerciemens sur l'évacuation des troupes françaises.

Sur la notification officielle faite au gouvernement helvétique de la résolution des trois cantons, il confirma, par une proclamation, la ferme intention de tenir la main à l'exécution de la nouvelle constitution ; et les assemblées populaires dont ce gouvernement craignait le retour, furent déclarées illégales.

L'insurrection éclata dans les cantons confédérés ; ceux de Zug, Glaris, Appenzell, Baden et Rheinthal s'y joignirent; ils formèrent des magasins, prirent les armes, et adressèrent à toute la Suisse un mani

[ocr errors]

feste dans lequel ils revendiquaient le droit imprescriptible de se donner des lois.

Un premier détachement de troupes helvétiques, dirigé contre les insurgés, fut battu par les paysans de Baden; un corps plus nombreux eut le même sort sur la frontière d'Underwalden,

L'insurrection devint générale dans les cantons démocratiques, et la résolution fut prise d'aller attaquer le gouvernement helvétique à Berne même, où il siégeait. Dans ce dessein, un corps considérable de paysans des cantons de Soleure, d'Oberland et de quelques autres districts,se réunirent en corps d'armée; et sous le commandement de MM. de Watteville et d'Erlach, ils se portèrent sur Berne. Ce mouvement fait à l'improviste et avec témérité, fut très heureusement exécuté. La ville était mal gardée; un officier, nommé Ettinger, alla la sommer de se rendre. A la suite d'un premier refus, quelques démonstrations d'attaque ayant été faites, un parlementaire vint témoigner qu'on était prêt à capituler, et une convention fut signée le

18 septembre 1802, entre M. de Watteville et le commandant de Berne. Les conditions en étaient plus favorables au gouvernement helvétique qu'il n'était en droit de l'espérer.

On demeurait d'accord qu'il y aurait cessation immédiate d'hostilités; que la place serait remise aux assiégeans; les membres du gouvernement pouvaient se retirer avec leurs familles ; on leur permettait d'emmener vingt pièces d'artillerie et des munitions; un libre passage leur était assuré jusque sur les frontières des cantons de Vaud et de Fribourg. Les troupes helvétiques sous le commandement du général Audermatt étaient autorisées à suivre avec armes et bagages les membres du gouvernement, pourvu qu'elles fissent cinq lieues par jour; et, jusqu'à leur arrivée à leur destination, les confédérés ne devaient point entrer dans le pays de Vaud et sur le territoire de Fribourg.

Le général Watteville, informé que le général Audermatt, avec un corps de troupes helvétiques, se trouvait sur ses derrières, et qu'il bloquait la ville de Zurich, se montra

facile sur ces concessions, afin de hâter l'évacuation de Berne et l'établissement du gouvernement fédératif.

Cette guerre ouverte contrariait la politique du premier Consul, qui s'était flatté de soutenir les unitaires par sa seule influence, et de conserver les apparences d'une intervention impartiale pour l'exécution de la clause du traité de Lunéville; c'était dans cette vue qu'en même temps qu'il faisait retirer les troupes françaises sous les ordres du général Montrichard, il conseillait aux membres du gouvernement helvétique de négocier avec les cantons démocratiques, et de leur offrir les concessions qui pourraient les satisfaire, et les détacher de la cause de l'oligarchie dans laquelle on les avait entraînés : cetle négociation avait été heureusement commencée. Le genéral Audermatt, après les premières hostilités au passage de Rengg, au pied du Mont-Pilate, avait conclu à Lucerne un armistice avec les cantons d'Ury, d'Underwalden et de Schweitz; les communications commerciales étaient rétablies, et

« ZurückWeiter »