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que le général Mortier eut à traverser entre l'Ems et le Weser, furent franchies sans obstacle, et sans autres formalités qu'un simple avertissement ; il écrivait en ces termes aux magistrats de ces petits états":

« Comme des circonstances politiques ren» dent nécessaire le passage d'une armée fran» çaise à travers votre territoire, j'ai donné » ordre que la plus sevère discipline fût ob»servée. Quand les besoins de l'armée exi- · » geront que des communes fassent des » avances en vivres et fourrages, je vous in>> vite à en dresser une note exacte, dont en>> suite le montant vous sera payé lorsque le >> commissaire-ordonnateur l'aura vérifiée. »>

Cette violation des territoires de divers états de la confédération germanique rompait les faibles et derniers liens de leur garantie mutuelle : l'invasion s'étendait bien au-delà des pays de la domination anglaise : les égards observés envers les villes de Bremen et de Hambourg n'étaient que de vaines apparences, puisque leurs ports se trouvaient bloqués à l'embouchure des deux fleuves, et

que la principale branche de leur commerce et leurs communications avec l'Angleterre étaient interrompues. Ce n'était pas sans doute, ainsi que nous l'avons fait observer dans le chapitre précédent, le premier exemple de ces téméraires envahissemens; mais celui-ci dévoilait entièrement la politique du cabinet des Tuileries, et ses conséquences devaient d'autant plus effrayer les gouvernemens, que le conquérant faisait un pas immense il portait, presque sans combattre, des rivages du Texel à ceux de la mer du Nord, ses armes, ses douanes, sa domination. Nous verrons, dans la suite, ces conséquences se développer, et l'Angleterre payer chèrement son imprévoyance.

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Pendant que la convention de Sühlingen était soumise au premier Consul, et que, satisfait de conditions si avantageuses, il était disposé à la ratifier, le lieutenant général Mortier cantonnait ses troupes de manière à pouvoir, selon les circonstances, reprendre l'offensive; il rétablissait l'ordre et la sécurité. La régence, après avoir de son côté envoyé à

Londres et soumis à la ratification du roi d'Angleterre la convention de Sühlingen, avait suivi le général Walmoden et l'armée hanovrienne dans leur retraite sur Lauenbourg, au-delà de l'Elbe. Cette régence fut remplacée par une députation provinciale, chargée d'administrer les revenus et les dépenses de l'état, et de pourvoir régulièrement à tous les besoins de l'armée française: le général en chef eut la sagesse de n'apporter aucun changement dans les autorités inférieures, ni pour les individus ni les individus ni pour l'exécution des lois et règlemens et des formes usitées. Dans cet état d'observation, il noti-: fia au feld-maréchal Walmoden la résolution de son gouvernement, en le prévenant que, jusqu'à ce que la ratification du ròi d'Angleterre lui fût communiquée, la convention de Sühlingen ne pouvait avoir qu'un caractère provisoire.

La situation du général Mortier et de sa petite armée pouvait devenir très-critique, si: l'armée hanovrienne, recevant des renforts par le Mecklembourg ou par un débar

quement de troupes anglaises à Trawemunde et Lubeck, repassait l'Elbe et prenait l'offensive dans ce cas, menacé sur ses derrières et déjà affaibli par les garnisons qu'il devrait laisser dans les places du Weser pour assurer ses communications et sa ligne de retraite, le général français pouvait être contraint d'évacuer l'électorat.

Ces circonstances étaient toutes semblables a celles où s'était trouvé le maréchal de Richelieu lorsque après la bataille d'Hastembeck, il occupa les états de Brunswick et de Hanoure, poursuivit le duc de Cumberland et le réduisit à signer, le 10 septembre 1757, la fameuse capitulation de Closterseven : il y fut convenu, comme cette fois à Sühlingen, que le général anglais, après avoir renvoyé ses troupes auxiliaires de Hesse, de Brunswick, de Saxe-Gotha, se retirerait au-delà de l'Elbe avec l'armée hanovrienne, et que celle-ci n'exercerait aucune hostilité contre les Français. Cette convention ne fut point ratifiée par la cour de Londres ; et Frédéric ayant battu les Français à Rosback, lord Chatam,

fit rompre la

au mépris des lois de la guerre, capitulation. Les Hanovriens, renforcés par un corps anglais, rentièrent en campagne sous le commandement du prince Ferdinand de Brunswick, et vinrent laver à Creveld la honte de Closterseven, mais non pas celle du manque de foi.

Ces souvenirs déterminèrent le premier Consul à faire expliquer sans détour et sans délai le cabinet de Londres ; et pour ne point commettre au hasard des chances de la guerre une conquête si importante, il fit soutenir le corps d'armée du général Mortier par une réserve rassemblée à Deventer, sous les ordres du général Dessolles; il y joignit, à cause de la nature du pays plat et ouvert, deux régimens de chasseurs à cheval et deux régimens de dragons.

Un extrait de la correspondance des ministres français et anglais fera connaître à nos lecteurs quelles furent la marche et l'issue de cette dernière négociation entre les deux puissances.

Le 10 juin 1803, six jours après la signa

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