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à un point central; ils voulaient que ce lien, assez fort pour vaincre les résistances, cédât pourtant aux modifications exigées par les localités, et que des institutions sagement combinées pussent agir insensiblement comme la nature.

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Le premier succès des oligarques ayant mis ainsi toutes les passions en mouvement, Aloys Reding craignit que le premier Consul n'en prît avantage pour s'immiscer dans l'arrangement des affaires intérieures de la Suisse, sans tenir compte de la clause du traité de Lunéville; il se rendit à Paris, dans l'espoir de persuader au premier Consul que la grande majorité de la nation désirait le rétablissement intégral des anciennes constitutions, et qu'il devait y prêter son appui.

Cette démarche hardie déplut; ce soi-disant plénipotentiaire fut accueilli froidement aux Tuileries; plus il découvrit son caractère entreprenant, moins il inspira de confiance le premier Consul ne voulait pas qu'on imitât son exemple, et que des coups

d'état, frappés par d'autres mains que la sienne, terminassent les révolutions profitables à sa politique : les hommes qui relevaient en Suisse les vieilles bannières de l'indépendance ne pouvaient lui convenir; il devait préférer de voir à la tête des affaires ceux que les derniers événemens avaient liés à sa fortune.

Cependant, la Suisse n'étant point encore assez agitée pour que la France pût intervenir avec éclat, le premier Consul, après avoir entendu les représentations d'Aloys Reding, déclara qu'il ne prendrait à cette affaire qu'une part officieuse, et telle que pouvait le lui permettre le texte du traité de Lunéville: il exprima seulement le désir de voir rétablir la paix intérieure par la fusion des partis, en remplaçant, dans la commission exécutive, six membres de l'ancien gouvernement, par un égal nombre de ceux qui s'étaient montrés partisans de la révolution.

Mais cette application du système français, au lieu d'aplanir les obstacles, devait les rendre presque insurmontables pour le

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faire réussir en France, il n'avait fallu rien moins qu'un concours d'événemens miraculeux, le prestige de la gloire, l'entière disposition de la force armée, et la tendance de l'opinion générale vers le gouvernement monarchique, sous quelque forme qu'il parût modifié la malheureuse Helvétie n'offrait aucune analogie avec cette situation; Aloys Reding fût-il retourné dans sa patrie avec le désir sincère de seconder franchement les vues du premier Consul, il ne pouvait qu'y porter de nouveaux élémens de discorde.

Le choix des membres du gouvernement provisoire fut tel que le gouvernement français l'avait indiqué. Le plan d'une nouvelle constitution occupa trois mois les délibérations du sénat. Quoique fondée sur les principes du fédéralisme elle fut agréée par la majorité, et Aloys Reding, en qualité de président de la commission exécutive, ajourna le sénat.

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Les unitaires, secrètement encouragés par l'agent français Verninac, profitèrent de cet ajournement pour reprendre leurs avan

tages; les six membres de la commission exécutive, récemment nommés sous l'influence du premier Consul, s'assemblèrent dans la nuit du 17 avril 1802; ils renversèrent la constitution, et nommèrent un comité pour en rédiger une autre. Leur audace fut couronnée du succès le plus complet : les cantons aristocratiques acceptèrent la nouvelle constitution à une grande majorité ; les seuls cantons démocratiques la repoussèrent. Ceux de Schweitz, Ury, Underwalden, furent unanimes dans leur refus; elle ne trouva que peu d'adhérens dans les cantons de Glaris et d'Appenzell.

L'assurance donnée aux cantons aristocratiques de la prochaine évacuation de leur territoire, si la nouvelle constitution était adoptée, détermina leur soumission le triomphe des unitaires ne laissa plus aucun doute sur les intentions du gouvernement français; l'indépendance de la république du Valais, proclamée immédiatement après cette révolution, acheva de les dévoiler. Ce pays si pauvre et si malheureux,

accablé par les passages de troupes et par les rigueurs de l'occupation, n'avait pas souhaité, comme on voulait le faire croire, d'être séparé de la confédération helvétique: quelques habitans, captés par les agens de France et d'Italie, exprimèrent le vœu dé cet isolement au nom de la majorité de leurs concitoyens ; et les Valaisains furent à leur insu, ainsi qu'on le disait ironiquement en Angleterre, transformés tout à coup en bataillons de pionniers, pour ouvrir aux armées et au commerce français la route du Simplon.

Rassuré désormais sur l'usage que feraient les Suisses de leur émancipation, le premier Consul se décida à évacuer leur territoire ; il fit annoncer le 20 juillet 1802, par une proclamation de la commission exécutive, la retraite des troupes françaises, comme un gage de sa confiance dans l'affermissement du nouvel ordre de choses; mais ce gage ne fut accepté que par le parti vainqueur. Les fédéralistes et le parti aristocratique, dont ce pacte imposé par la force ruinait à jamais

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