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à cause des débouchés du commerce par la navigation de l'Elbe et du Weser; c'étaient les sculs ports en-deçà du Sund qui lui restassent ouverts, les seuls entrepôts d'où les marchandises manufacturées pouvaient en core s'écouler et inonder les principaux marchés de l'Allemagne.

Malgré ces motifs de veiller à la conservation de cette province excentrique de l'empire britannique, le Hanovre fut presque entièrement abandonné à ses propres moyens de défense.

La longue paix dont ce pays avait joui pendant que la guerre consumait les états voisins avait beaucoup accru sa richesse; son commerce de transit et de commission s'était fort étendu ; la régence avait à sa disposition d'abondantes ressources; elle n'était point tout-à-fait dépourvue de force publique. L'armée hanovrienne était solidement organisée. On y comptait treize régimens d'in, fanterie et onze de cavalerie. Tous les régimens d'infanterie étaient au complet de huit. cent soixante-dix hommes, et les régimens

de cavalerie très-bien montés avaient chacun quatre cents cavaliers. Ces vingt-quatre régimens étaient tous en état d'entrer en campagne; ils étaient bien instruits, et depuis long-temps maintenus dans une bonne discipline. L'artillerie et le génie étaient sur un pied respectable; le matériel était excellent. L'effectif de cette armée était en tout de dixhuit mille hommes et de quatre mille huit cents chevaux : elle était commandée par le général hanovrien comte de Walmoden, de l'une des familles les plus considérables de l'électorat, et personnellement très-estimé à cause de son noble caractère, et de son dévouement à son pays.

L'armée française destinée à l'expédition fut rassemblée à Coworden; elle était formée, pour la plus grande partie, de troupes de l'ancienne armée de Hollande restée en cantonnement en Zélande et dans l'ile de Walcheren après l'évacuation.

Cette armée, commandée par le lieutenant général Mortier, était composée de deux divisions, chacune de quatre régimens: la pre

mière sous les ordres du général Montrichard, la seconde sous le général Schilmer.

Le général Drouet commandait l'avantgarde, le général Nansouty la cavalerie, et le général Dulauloy l'artillerie, Le matériel de celle-ci était bien inférieur à celui de l'artillerie hanovrienne qui avait trente-six bouches à feu.

L'effectif de l'armée française ne s'élevait qu'à treize ou quatorze mille hommes d'infanterie, et deux mille chevaux ; mais c'étaient de vieilles bandes accoutumées à vaincre.

Cette armée fut prête à se mettre en mouvement du 25 au 26 mai, huit jours après que le message du roi d'Angleterre au parlement eut annoncé la rupture définitive, et avant que les états de Hanovre connussent officiellement la déclaration de guerre. II était donc inévitable que toute la partie méridionale du Hanovre en-deçà du Weser ne se trouvât occupée par l'armée française avant que l'armée hanovrienne cût pu quitter ses cantonnemens pour se porter à sa

rencontre. Il ne s'agissait pour cela que de faire quelques marches forcées dans une saison favorable. Les ordres et les instructions que reçut le général en chef Mortier, se bornaient à ces quatre mots : « Marchez, >> serrez l'armée hanovrienne, faites-lui » mettre bas les armes. >>

Cependant le rassemblement des troupes françaises sous Coworden ne laissant plus aucun doute sur les projets du premier Consul, le ministère anglais s'occupa des moyens d'opposer la force à la force. L'armée fut rendue mobile; toute la population fut appelée aux armes depuis l'âge de seize ans jusqu'à cinquante; les invalides furent requis pour renforcer les garnisons.

Rien ne fut négligé pour donner de l'éclat à ces démonstrations. Le duc de Cambridge, chargé du commandement général, se fit annoncer dans l'électorat par une proclamation du roi d'Angleterre, en date du 16 mai 1803. Nous avons cru devoir rapporter en entier, dans les pièces justificatives, ce document remarquable; il prouve que, pour la propre dé

fense de l'état, les efforts tardifs d'un gouverne ment, bien loin de réparer son imprévoyance, ne servent qu'à jeter le trouble et le découra gement dans les esprits. Quand le peuple entier est appelé tumultuairement à défendre le territoire, il juge que la cause est désespérée, et le plus ordinairement il s'abandonne lui-même à la merci du vainqueur. On ne doit point comparer ce vain épouvantail de levées en masse à celles qui eurent lieu en France à la fin de 1792, lors de Finvasion de la Champagne par les Prussiens: c'étaient des fractions de corps organisés, des compagnies, des bataillons de gardes nationales volontaires, qui, depuis trois ans, couvraient le sol de la France, et s'exerçaient aux armes. De toute part ils se précipitèrent au-devant de l'ennemi: leur incorporation dans les rangs de l'ancienne armée doubla tout à coup les forces régulières, et l'enthousiasme dont ces soldats - citoyens étaient animés monta et tendit au plus haut degré le ressort moral.

Mais ici rien de semblable. La population

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