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» verbal de sept jours, un ultimatum de >> trente-six heures, et des traités conclus » avant d'être négociés, elle n'a pu avoir » d'autre objet que de ramener le gouver>>nement britannique par l'exemple de la >> modération; mais elle ne peut consentir » à rien de ce qui compromet les intérêts de »sa dignité et ceux de sa puissance.......

>>Rien ne pourra obliger le gouvernement. >> français à disposer des pays qui ne lui ap>> partiennent point; il ne reconnaîtra ja» mais à l'Angleterre le droit de violer, en >> quelque point que ce soit, les traités qu'elle » aura faits avec lui.

>> Si le gouvernement anglais donne le » signal de la guerre, il ne restera plus au >> gouvernement de la république qu'à se >> confier en la justice de sa cause et au Dieu >> des armées. >>

Ce signal ayant été donné à Londres le 16 mai par la déclaration du roi, et l'autorisation de délivrer des lettres de marque, le premier Consul, après la lecture de ces pièces et d'un rapport constatant les hostilités com

mencées par la prise de deux bâtimens français dans la baie d'Audierne, ordonna les représailles, permit les armemens en course, et arrêta que tous les Anglais enrôlés dans la milice et âgés de dix-huit à soixante ans, ou tenant commission de S. M. Britannique, qui se trouveraient sur le territoire français, seraient constitués prisonniers de guerre, pour répondre des Français qui auraient été arrêtés et faits prisonniers avant la déclaration de guerre.

Ces dispositions et les actes qui y donnaient lieu, la dernière note du ministre des relations extérieures, et toutes les pièces à l'appui, furent immédiatement communiquées par un message consulaire au sénat, au corps législatif et au tribunat.

<< En vain, disait le premier Consul, en » vain la France a-t-elle invoqué la foi >> jurée; en vain a-t-elle rappelé les formes. >> reçues par les nations; en vain a-t-elle con» senti à fermer les yeux sur l'inexécution » actuelle de l'article du traité d'Amiens dont » l'Angleterre prétendait s'affranchir

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>> vainement enfin a-t-elle proposé de récla» mer la médiation des puissances qui ont » garanti la stipulation dont l'abrogation. » était demandée. Toutes les propositions » ont été repoussées, et les demandes de » l'Angleterre sont devenues plus impé>> rieuses et plus absolues.

» Il n'était pas dans les principes du gou>> vernement de fléchir sous la menace, il » n'était pas en son pouvoir de courber la » majesté du peuple français sous des lois. » qu'on lui prescrivait avec des formes si >> hautaines et si nouvelles ; s'il l'eût fait, il » aurait consacré pour l'Angleterre le droit » d'annuler, par sa seule volonté, toutes >> les stipulations qui l'obligent envers la » France......

» Le gouvernement s'est arrêté à la ligneque » lui ont tracée ses principes et ses devoirs ; >> les négociations sont interrompues, et nous >> sommes prêts à combattre si nous sommes >> attaqués. Du moins nous combattrons pour >> maintenir la foi des traités, et pour l'hon»> neur du nom français. »

Le sénat, le corps législatif et le tribunat accueillirent cette communication avec autant d'empressement que l'avait été la déclaration du roi d'Angleterre dans les chambres du parlement. On peut dire que les deux nations rivalisèrent de fureur guerrière; il semblait que cette trève si courte pour l'humanité eût duré trop long-temps au gré de quelques hommes dont l'orgueil et l'ambition dévouaient froidement les peuples de l'Europe aux calamités de la guerre : on entendait lord Grenville et ses amis accuser le ministère anglais de trop de lenteur à attaquer la France, tandis que le président du sénat français disait dans sa harangue au premier Consul, que sa modération avait eu besoin d'étre protégée par sa gloire.

Si nos lecteurs nous reprochaient aussi d'avoir trop long-temps fixé leur attention sur ces discussions politiques, nous serions sans doute assez excusés par l'importance de leur résultat. La rupture de la paix d'Amiens est autant par ses causes que par ses conséquences, l'événement le plus remar

quable de l'histoire moderne, parce que c'est celui qui, à cette époque et pour un long avenir, a le plus influé sur l'état de la société en Europe, et sur la nature des rapports entre les gouvernemens. Ici commence une nouvelle ère; la révolution française, alors consommée, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, reconnue par tous les peuples, avouée par tous les souverains, ne pouvait plus être mise en question : certes, les principes de liberté et les sentimens d'indépendance dont on affectait de redouter la propagation, ne pouvaient être plus fortement comprimés qu'ils ne l'étaient par une main de fer, à cette époque où le cardinal de Boisgelin, relevant sous les yeux de Bonaparte les autels de la métropole, disait : in conspectu ejus siluit terra. Les passions en effet faisaient silence devant lui. Quelle que dût être l'issue de cette guerre, on y compromettait, comme nous le verrons bientôt, le repos de toutes les nations, et peut-être leur existence; on ne faisait qu'accroître la domination du conquérant. Si au con

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