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>> français : voulait-on la guerre ; il ne fallait >> que le dire, et se refuser à remplir le traité » d'Amiens. »

Les réponses laconiques de lord Withworth sur la prodigieuse variété d'objets que le premier Consul avait fait entrer dans cette conférence, furent, en substance, les mêmes qu'il avait faites à M. de Talley. rand, conformément aux nouvelles instructions qu'il avait reçues de son gouvernement. Si l'on compare la date de ces conférences (du 15 au 20 février) avec celle du message du roi d'Angleterre (8 mars), on voit clairement que le ministère anglais, qui hésitait et cherchait à gagner du temps, fut déterminé par la conversation du premier Consul, et le discours du trône fut, en conséquence, rédigé dans un sens évidemment hostile..

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Nous avons déjà fait connaître les motifs de la feinte modération de Bonaparte, lorsqu'il reçut la nouvelle du message du roi; mais, soit qu'il lui fût impossible de se contenir plus long-temps, soit qu'il trouvât une

sorte de satisfaction à dédaigner les ménage mens ordinaires, et à s'affranchir des formes et des convenances, il saisit l'occasion de la plus prochaine audience du corps diplomatique pour laisser éclater son indignation : il aborda l'ambassadeur d'Angleterre avec beaucoup d'agitation : « Vous êtes, lui dit-il, dé» cidés à la guerre? Non, dit lord With>> worth, nous sentons trop les avantages de » la paix. Vous voulez la guerre; nous >> l'avons faite pendant quinze ans ; vous >> voulez la faire encore quinze années, et >> vous m'y forcez. » Puis, s'adressant au comte de Marcoff et au chevalier d'Azara, qui étaient à quelque distance : « Les Anglais >> veulent la guerre, ajouta-t-il; mais s'ils >> sont les premiers à tirer l'épée, je serai le » dernier à la remettre dans le fourreau. Ils >> ne respectent pas les traités; il faut doré» navant les couvrir d'un crêpe noir. Pour>> quoi des armemens ? contre qui des me>>sures de précaution? Je n'ai pas un seul >> vaisseau de ligne dans les ports de France; >> mais si vous voulez armer, j'armerai aussi;'

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>> si vous voulez vous battre, je me battrai >> aussi ; vous pourrez peut-être tuer la >> France, mais jamais l'intimider. Malheur >> à ceux qui ne respectent pas les traités ! >> ils en seront responsables à toute l'Eu>> rope. >>

L'ambassadeur ne fit plus aucune réponse; il rendit compte à sa cour, et en reçut l'ordre de ne pas reparaître aux Tuileries, que M. de Talleyrand ne lui promît formellement qu'il ne serait plus exposé à de telles interpellations.

Si quelque puissance, dans le nombre de celles dont les ministres furent témoins de cette scène, avait conservé l'espoir du maintien de la paix, elle dut être désabusée. Tant de hauteur et d'impétuosité repoussaient la confiance, et effrayaient pour l'avenir les hommes les moins prévoyans. Les explications directes du premier Consul avec lord Withworth, dans son entretien secret, et le gant jeté dans l'audience publique des ambassadeurs rendaient désormais superflu l'échange des notes officielles dans les deux

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cours : ces notes n'avaient plus guères d'autre objet que de s'imputer l'une à l'autre le tort de l'agression. L'apparition des croiseurs anglais sur les côtes de la Hollande, et le débarquement dans la rade d'Ostende de quelques officiers étrangers qui avaient servi dans l'armée anglaise, furent relevés par M. de Talleyrand, comme une violation de territoire et de pavillon le ministère britannique, en désavouant l'in tention de commettre des hostilités, dissimula point les motifs des croisières déjà établies dans la Manche; il exigea seulement que l'expédition préparée pour la Louisiane, sous les ordres du général Vietor, ne mît point à la voile. Cette petite concession que la prudence conseillait, fut accordée sans difficulté......

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ne

Dans cet état d'incertitude et d'irritation, M. de Talleyrand se flattait encore de prévenir une rupture, et fut autorisé à tenter un dernier moyen de rapprochement. Il fut convenu, entre lui et lord Withworth, que celui-ci proposerait à son gouvernement,

comme point fondamental d'une nouvelle négociation, «que tout ce qui aurait pour >> but de violer l'indépendance de l'ordre et » de l'île de Malte, ne serait jamais consenti » par le gouvernement français; mais que, » pour tout ce qui pouvait convenir ou être » agréable au gouvernement anglais pour aplanir les présentes difficultés, et qui ne serait pas contraire au traité d'Amiens >le gouvernement français n'aurait aucune >> objection pour faire une convention par>>ticulière à cet égard. Les motifs de cette >> convention seraient renfermés dans le » préambule, et porteraient sur les griefs > respectifs sur lesquels les deux gouver» nemens croiraient avoir besoin de s'en>>> tendre. >>> **

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La réponse de la cour de Londres fut que S. M. consentirait, pour la conservation de la paix, que le gouvernement de l'île de Malte fût donné à l'ordre de Saint-Jean, les Maltais jouissant des priviléges qui avaient été stipulés en leur faveur par le traité; et conformément aux principes adoptés

que,

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