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le plus formidable dont la Grande-Bretagne eût jamais été menacée, et dont nous présenterons plus tard le tableau complet.

Le feu de la guerre couvait dans tous les cœurs; les ministres des deux nations n'en avaient pas moins la paix sur les lèvres; chacun protestait du désir de la conserver, et déversait sur le parti contraire le tort de l'agression. Gardons-nous de blâmer cette espèce d'hypocrisie politique; il faut plutôt y voir un hommage rendu à l'éternelle justice, un appel anticipé devant le juge suprême du jugement des hommes, la postérité. Nos lecteurs suivront avec intérêt ces dernières négociations à main armée; leur issue a décidé du sort du monde.

Dès que l'ambassadeur français à Londres, le général Andréossi, eut connaissance du discours du roi, il crut devoir, sans attendre de nouvelles instructions s'expliquer sur les assertions dont s'appuyait le gouvernement britannique, et sur l'allégation de négociations qui n'existaient point. Il rappela dans une note très-précise adressée

à lord Hawkesbury, que dix mois s'étaient écoulés depuis l'échange des ratifications, et que l'ile de Malte qui devait être évacuée et remise aux troupes napolitaines trois mois après cet échange, était encore occupée par les troupes anglaises, tandis que la France avait rempli tous ses engagemens. << Il paraissait donc impossible, il était sans >> exemple dans l'histoire des nations, que » S. M. britannique se refusât à l'exécution » de l'article fondamental de la pacification; » il demandait, à cet égard, des explications >> satisfaisantes, nécessaires au maintien de » la bonne harmonie, importantes à l'honneur des deux nations. »

Cette note officielle provoqua une réponse du ministreanglais, qui renfermait la confirmation authentique du refus d'évacuer l'île de Malte, et indiquait les conditions par lesquelles l'Angleterre prétendait modifier l'exécution de l'article fondamental du traité. Cette pièce, véritable base de la nouvelle transaction qui fut bientôt après proposée, étant la plus importante de toutes celles qui

furent publiées par les deux gouvernemens, nous l'avons rapportée textuellement aux pièces justificatives; nous ferons seulement observer ici que lord Hawkesbury, pour éluder l'exécution littérale de l'article X, établissait le principe vague que toutes les conventions entre les puissances étaient négociées, eu égard à l'état actuel de possession des parties contractantes; qu'il avait été spécialement convenu que S. M. Britannique retiendrait sur ses propres conquêtes une compensation pour les importantes acquisitions faites par la France sur le continent; et que si l'intervention du gouvernement français dans les affaires générales de l'Europe depuis l'époque du traité; si sa conduite envers la Suisse et la Hollande dont elle avait garanti l'indépendance; si les acquisitions faites par la France en divers lieux et particulièrement en Italie avaient étendu son territoire et accru sa puissance, le roi d'Angleterre serait fondé, conformément à l'esprit du traité de paix, à réclamer des équivalens pour ces acquisitions, qui pussent

servir de contre-poids à l'augmentation du pouvoir de la France.

Après avoir insinué que conséquemment à ce principe, S. M. Britannique, pour consolider la paix de l'Europe, aurait été disposée à effectuer un arrangement conforme à l'intention vraie du dixième article du traité, lord Hawkesbury faisait sentir qu'elle en avait été détournée par la publication trèsextraordinaire du rapport officiel du colonel Sebastiani au premier Consul: il disait que « ce rapport découvrant des vues et déve>> loppant des projets incompatibles avec la » bonne foi, et hautement injurieux aux >> intérêts du peuple anglais, lord With>> worth avait été chargé de déclarer qu'avant » qu'on pût entrer dans une discussion ul»térieure relativement à l'île de Malte, on >> attendrait qu'il fût donné des explications » satisfaisantes sur les divers points qui » avaient excité les plaintes et les soup>>çons de S. M. touchant les vues du » gouvernement français au sujet de l'Em» pire turc. Dans ces circonstances, S. M. dé

» clarait qu'elle ne pouvait pas consentir à » ce que ses troupes évacuassent Malte, » jusqu'à ce qu'il eût été pourvu à la sûreté » essentielle des objets qui pouvaient être >> matériellement en péril par leur éloigne

>> ment. »

Le premier Consul fit répondre, par l'ambassadeur de France et par une note trèsétendue évidemment écrite sous sa dictée, à ces plaintes qui auraient dû précéder le message du roi; il s'attachait à prouver qu'aueune de celles qui avaient servi de motif à cette mesure inattendue n'était fondée; . S. M. Britannique avait été trompée sur les préparatifs qu'on prétendait être faits dans les ports de Hollande et de France: il n'y avait au moment du message, dans les rades de Hollande, que deux frégates, et trois corvet tes seulement dans la rade de Dunkerque. Ne fallait-il pas demander des explications, et se mettre en mesure de se convaincre de la fausseté des rapports?......

« Le premier Consul savait, et par ses pro>> pressentimens, et en jugeant des autres peu

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